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Le général des Peshmergas Sirwan Barzani a déclaré que, même s’il espérait qu’une nouvelle page s’ouvre dans les relations entre les Kurdes et les Irakiens après la libération de Ninive, si les Kurdes parvenaient à la conclusion que Bagdad ne changera pas sa conduite, « ils ne resteront pas en Irak ».
« Cela signifiera que l’accord Sykes-Picot… était une erreur », a déclaré Barzani, ajoutant que l’Irak était uni uniquement sur le papier. Dans l’interview diffusée sur la chaîne télévisée Al-Mosuliya le 17 décembre 2016, le général kurde a averti que « sans un accord décent et un système démocratique acceptable dans la ville, il ne faudra pas longtemps pour qu’un second Etat islamique émerge. » Extraits :
Journaliste : Pouvons-nous être optimistes quant à l’ouverture d’une nouvelle page avec le gouvernement de Bagdad ?
Sirwan Barzani : Inshallah, nous l’espérons, mais notre expérience avec Bagdad au cours des 100 dernières années semble indiquer le contraire. Après sa libération, Mossoul pourrait donner l’occasion [d’ouvrir] une nouvelle page… Il existe un consensus à ce sujet. Les dirigeants kurdes se sont rendus à Bagdad et y ont tenu des réunions. La vérité est que nous, en tant que dirigeants kurdes, et le gouvernement régional du Kurdistan, avons préféré parvenir à un accord sur ce qui se passerait dans [la ville de] Mossoul après sa libération.
Avant la libération militaire, nous aurions dû conclure un accord avec Bagdad pour savoir qui gouvernerait la ville et [quel serait] le statut des minorités là-bas, un accord pour savoir qui gouvernerait la ville et [la région de] Ninive en général. Mais Bagdad a fait pression pour une opération militaire et a insisté pour parvenir à un accord seulement après la libération. Espérons que l’accord sera acceptable aux yeux de tous. Sinon, un deuxième Etat islamique émergera certainement bientôt à Mossoul. Cela ne prendra pas longtemps. Sans un accord décent et un système démocratique acceptable dans la ville, il ne faudra pas longtemps pour qu’un second Etat islamique émerge.
Après la chute du régime de Saddam Hussein, les Kurdes ont joué un rôle crucial dans l’unification du pays. Les dirigeants kurdes ont joué un rôle central dans la transformation de l’Irak en pays unifié, même au moment de la rédaction de la constitution. Malheureusement, pourtant, Bagdad n’a pas réagi en conséquence. Aujourd’hui, après la libération de Ninive, il y a de nouvelles initiatives et de nouvelles promesses, et nous espérons qu’il y aura une coordination et un accord sur tous les sujets, notamment à propos de Mossoul. Nous espérons qu’une nouvelle page sera ouverte. Sinon, il y aura davantage de problèmes. Ainsi, après nous être débarrassés de l’Etat islamique, nous connaîtrons d’autres problèmes… C’est évident. Il portera un nom différent, mais ce sera un autre EI, et il y aura d’autres problèmes également. S’il n’y a pas de coordination plus poussée, et que les choses reviennent à la situation antérieure, sans qu’aucun article ne soit rédigé et appliqué, il y aura un référendum au Kurdistan. Ils ne devraient pas s’attendre à ce que nous soyons tués et bannis sans raison pendant encore 100 ans. Nous n’attendrons pas éternellement.
Journaliste : Alors qu’arrivera-t-il, si des problèmes surgissent de nouveau ?
Sirwan Barzani : Si les Kurdes arrivent à la conclusion que Bagdad ne changera pas sa conduite, ils ne resteront pas en Irak. Ils n’auront aucune raison de rester. Cela signifie que l’accord Sykes-Picot, en vertu duquel l’Irak est devenu un pays uni, était une erreur. Dans tout mariage, il peut y avoir un divorce, si les parties ne sont pas heureuses ensemble. Malheureusement, l’Irak « uni » n’est uni que sur le papier. Si vous observez attentivement l’histoire de l’Irak, vous voyez que pas un jour ne s’est passé au cours des 100 dernières années, sans que des civils ne se fassent tuer sans raison. Que le match de boxe se tienne entre les parlements, il peut y avoir un parlement kurde, un parlement chiite et un parlement sunnite, et ils combattront entre eux, sans que les civils ne se fassent tuer. Où est le problème ? Il pourrait y avoir une partition. Quel est le mal à cela ? Beaucoup de pays ont subi une partition, et ils n’ont aucun problème. […]
Nous avons fait connaître notre position à Bagdad. Avant la libération de Mossoul, nous avons fait savoir aux partis politiques à Bagdad qu’à moins d’une coordination directe et d’une application de la Constitution, ils devaient se préparer à des négociations sur le partage du pays et l’indépendance du Kurdistan. Cela a été dit ouvertement. On l’a dit à Bagdad, et cela fait partie des droits des Kurdes. Je pense que cela servira les Arabes en Irak mieux encore que cela ne servira les Kurdes. Qu’est-ce qui est préférable ? Vivre dans la sécurité et l’honneur dans votre maison, ou vivre dans un grand pays et combattre sans arrêt ? Je ne vois aucune justification à cela, pour parler franchement.