Dans une intervention à la télévision, le présentateur égyptien Ibrahim Issa avertit que la baisse d’influence des salafistes constatée dans la première phase des élections égyptiennes ne saurait être considérée comme une victoire contre leur idéologie. Pour accompagner ses propos, il montre des extraits des déclarations de l’imam Mohammed Hussein Yacoub, selon lequel le rôle des femmes est d’« apporter la tranquillité et d’avoir des relations charnelles ». Eissa les ridiculise, les qualifiant de « démentes et de folles inepties ». Il avertit que ce « problème est profondément enraciné », que ce discours est défendu par l’Etat et « insufflé dans le cerveau des gens depuis 40 ans ».
Extraits de son intervention, diffusée sur Al-Kahera Wal-Nas TV le 3 novembre 2015.
Ibrahim Issa : Quiconque pense que l’échec du parti Al-Nour et des salafistes aux élections législatives – ils n’ont remporté que huit sièges au premier tour, et peuvent obtenir un score similaire ou un peu plus au second tour… Penser que cela reflète une victoire sur l’idéologie salafiste est pure folie. Si vous analysez les données, et voyez que dans le Delta occidental, le parti Al-Nour a reçu 500 000 voix, et qu’à Beheira et à Marsa Matrouh, les salafistes étaient dominants, vous comprendrez que le problème est profondément enraciné. Il ne s’agit pas seulement de la représentation parlementaire, mais d’une mutilation et d’une destruction de l’esprit égyptien par ces personnes et ces idées. Regardez l’extrait suivant, par exemple, qui illustre mes propos sur les gens qui détruisent la société égyptienne, l’esprit égyptien, la compréhension de la religion égyptienne et la vraie signification de la religion. Regardons.
Clip d’un sermon prononcé par l’imam égyptien cheikh Mohammed Hussein Yacoub
Cheikh Mohammed Hussein Yacoub : Quel est le rôle de la femme dans la vie ? Que doit-elle faire ? Que doit-elle faire ? Notre Seigneur a dit : « C’est Lui qui vous a créés d’un seul être dont il a tiré son épouse, pour qu’il trouve de la tranquillité auprès d’elle ; et lorsque celui-ci eut cohabité avec elle…” C’est la tâche de la femme : apporter la tranquillité et avoir des relations charnelles. Les gens disent : “Vous voulez renvoyer les femmes dans le passé.” Ce n’est pas moi ! C’est Dieu.
Le mari est le maître. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’islam. Pourquoi est-il le maître ? Parce c’est lui qui subvient [aux besoins].
[…]
Chaque centime que la femme dépense dans les frais du ménage diminue votre virilité. Chaque livre qu’elle dépense diminue votre virilité. Elle diminue votre virilité à chaque livre. Une livre – un pour cent de votre virilité. Deux livres – deux pour cent. Trois livres – trois pour cent. Qu’arrive-t-il quand cela atteint 50 livres ? 50 % de votre virilité, et vous deux devenez égaux. Voilà pourquoi les juristes disent que celui qui subvient [aux besoins] doit être respecté, et que si un mari ne subvient pas aux besoins de sa femme, elle n’a pas à lui obéir.
Ibrahim Issa : D’accord. Ce que dit Hussein Yacoub est démentiel, ce sont de folles inepties. Il ne s’agit pas de simples concepts bédouins, venus du désert. C’est une interprétation arriérée de la religion. Mais c’est le type d’idéologie débile qui prévaut. Elle est insufflée dans le cerveau des gens depuis 40 ans. L’Etat défend ce discours. L’Etat aime ce que cet idiot raconte.
[…]
Les Arabes musulmans n’entendent rien d’autre que ce discours putride depuis 40 ans.
[…]