Dans son éditorial du 2 novembre 2015 sur le site Internet d’Al-Arabiya, l’ancien rédacteur en chef du quotidien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, et ancien directeur d’Al-Arabiya, Abd Al-Rahman Al-Rashed, évoque la récente décision américaine d’envoyer quelque 50 membres d’une unité des opérations spéciales pour une mission non combattante en Syrie, afin de soutenir les forces locales.
Sous le titre “Seulement 50 militaires américains en Syrie !”, il s’interroge sur ce qu’ils pourront faire contre les 30 000 combattants de l’État islamique (EI) et de groupes similaires, les 100 000 « combattants de différentes nationalités » sous commandement iranien et les 30 000 soldats russes en Syrie.
Cette initiative, dit-il, est largement considérée comme une preuve que les Etats-Unis « ne sont pas sérieux dans leurs propos concernant la Syrie ». Il ajoute que l’on attendait d’eux qu’ils « soutiennent l’opposition nationale syrienne avec des armes, des renseignements et des actions diplomatiques” pour parvenir à “la seule solution possible” : la destitution du président syrien Bachar Al-Assad.
Son éditorial est initialement paru en arabe dans Al-Sharq Al-Awsat, également le 2 novembre 2015.
« Il aurait mieux valu que Washington n’envoie personne, au lieu de 50 militaires »
L’État islamique en Irak et en Syrie (EI) et des groupes du même acabit disposent d’une armée de plus de 30 000 combattants en Syrie. Les Iraniens affirment diriger 100 000 combattants de différentes nationalités, tandis que les Russes ont près de 3 000 soldats. Washington a finalement décidé d’envoyer une force… de seulement 50 militaires. Nous ignorons ce qu’ils pourront faire, ou la signification politique de ce mouvement.
Tout le monde considère cela comme une indication que Washington n’est pas sérieux dans ses propos concernant la Syrie, que ce soit [lorsqu’il parle] d’affronter l’EI, de repousser l’expansion russe, ou de sa volonté de voir une transition du pouvoir dans le cadre d’un plan pour mettre fin à la guerre civile. Il aurait mieux valu que Washington n’envoie personne, au lieu de seulement 50 militaires.
Ce que l’on attendait de Washington était de soutenir l’opposition nationale syrienne avec des armes, des renseignements et des actions diplomatiques, pour imposer aux négociations en cours la seule solution possible : une Syrie sans Bachar Al-Assad au pouvoir, et la création d’un pouvoir de transition constitué de figures de l’actuel gouvernement et de l’opposition. En l’absence d’un tel plan, la guerre et la présence de groupes terroristes se prolongeront.
Répercussions
Contrairement aux Américains, les Russes sont arrivés en Syrie avec un message politique soutenu par des avions de chasse. Ils jouissent en conséquence d’une influence sans précédent. Toutefois, les Russes doivent sentir à présent que leur armée de l’air ne mettra pas fin au siège contre le régime d’Assad. Assad lui-même est assiégé à Damas. Jusqu’à présent, les bombardements russes quotidiens contre le gouvernorat d’Alep n’ont fait qu’amener le déplacement de dizaines de milliers d’habitants vers les zones contrôlées par des groupes extrémistes.
La Syrie est devenue plus dangereuse que l’Afghanistan en termes de menace pour la sécurité mondiale, étant le plus grand nid d’organisations terroristes, produisant des combattants entraînés et les préparant à rentrer chez eux pour entamer un nouveau cycle de violence.