Défiant la volonté des Turcs, telle qu’exprimée le 7 juin 2015 par le résultat des élections générales, le président turc Recep Tayyip Erdogan et son parti Justice et Développement (AKP), qui n’ont pas obtenu la victoire escomptée aux élections, ont reconduit le pays aux urnes, le 1er novembre. Le vice-président de l’AKP Mehmet Ali Sahin avait averti de la tenue éventuelle de nouvelles élections, au printemps 2016, si les électeurs n’accordaient pas à l’AKP la majorité parlementaire nécessaire au gouvernement d’un parti unique. En d’autres termes, l’AKP aurait pu convoquer des élections jusqu’à ce qu’Erdogan obtienne suffisamment de voix pour devenir un président omnipotent.
Cette situation assoit l’opinion de l’éminent chroniqueur turc Ertugrul Ozkok, pour qui les islamistes peuvent accéder au pouvoir par des élections, mais ne jamais le perdre par cette voie. En outre, un sondage mené en Turquie a révélé que les deux tiers des citoyens turcs craignent à la fois Erdogan et ce qu’il est capable de faire pour que son parti continue de gouverner.
De peur de perdre le pouvoir, et d’être jugés pour activités illégales, dont dissimulation de cas de corruption massive, violations de la loi et de la constitution et un soutien à des organisations djihadistes en Syrie et ailleurs durant 13 ans au gouvernement, Erdogan et son parti se montrent de plus en plus autoritaires. Ayant déclaré la guerre aux citoyens, aux médias libres, aux entreprises, aux partis de l’opposition, et surtout, à l’Etat de droit, Erdogan et l’AKP poussent la Turquie à devenir une autre dictature au Moyen-Orient.