La question des PMD (possibles dimensions militaires) et l’enquête sur la base des soupçons portant sur l’existence d’un programme nucléaire militaire antérieur de l’Iran, étaient l’une des principales pierres d’achoppement entre l’Iran et les 5 + 1, et notamment entre l’Iran et les Etats-Unis et l’UE -3 (France, Royaume-Uni et Allemagne). Les soupçons se fondent notamment sur un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en date de novembre 2011, contenant des informations sur une activité iranienne liée au développement d’armes nucléaires jusqu’en 2003, et précisant que cette activité n’avait peut-être pas été complètement stoppée.
L’Iran a systématiquement refusé de répondre à toutes les questions de l’AIEA, et en raison de son refus de coopérer pleinement avec l’AIEA, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté six résolutions anti-Iran exigeant une coopération immédiate de l’Iran avec l’AIEA pour que la vérité soit connue.
Le 14 juillet 2015, jour de la déclaration du Plan d’action global commun conclu entre l’Iran et les 5 + 1, le secrétaire général de l’AIEA, Yukio Amano, et le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne, Ali Akbar Salehi, l’un des principaux négociateurs iraniens, ont signé un “accord de feuille de route” par lequel l’Iran s’engage à fournir à l’AIEA des éclaircissements et des explications sur les PMD. Amano a annoncé que si l’Iran coopérait pleinement avec l’AIEA (ce qui n’avait pas été le cas précédemment), il pourrait présenter ses conclusions d’ici le 15 décembre 2015. Selon l’accord, la levée des sanctions n’entre en vigueur qu’après la soumission du rapport de l’AIEA. [1]
Dans une interview diffusée sur la chaîne iranienne IRIB le 21 juillet 2015, Salehi a révélé que l’Iran était parvenu à un arrangement avec l’AIEA relatif aux PMD, que désormais les problèmes seraient résolus sur le plan politique, et que grâce au nouvel appui politique dont disposait l’Iran, l’AIEA n’était plus en mesure d’agir comme bon lui semblait, comme à l’époque où l’Iran n’avait aucun soutien politique. Par conséquent, l’enquête de l’AIEA serait positive pour l’Iran. Salehi a en effet expliqué que l’AIEA devait agir raisonnablement pour ne pas se retrouver perdante.
“Maintenant, nous avons le soutien politique (des P5 + 1), et le problème (d’une PDM) devrait être résolu”. Salehi a ajouté que l’AIEA ne pourra plus agir de façon indépendante, comme dans le passé.
Extraits de l’interview, diffusée sur IRIB le 21 juillet 2015 :
Salehi : Le 15 décembre, à la fin de l’année, la question (d’une PDM) devra être close. L’AIEA va présenter son rapport au conseil des gouverneurs. Elle ne fera que le soumettre. Le Plan global d’action conjoint se poursuivra indépendamment des résultats de ce rapport. Nous sommes parvenus à des arrangements avec l’AIEA. Si Dieu le veut, il y aura des résultats très positifs. Nous n’acceptons pas la question des PDM, les soupçons (qui pèsent sur le) passé (nucléaire militaire) de l’Iran. Nous les réglerons dans le cadre politique et technique, afin de leur refuser tout prétexte.
S’il a été décidé que l’(AIEA) ne serait en aucun cas convaincue… comme le dit le dicton : Si quelqu’un fait semblant de dormir, vous ne pouvez pas le réveiller. Si quelqu’un ne veut pas être convaincu, vous pouvez essayer tant que vous voulez (de le convaincre) : vous lui dites qu’il fait jour, et il vous répondra qu’il fait nuit.
S’il n’a pas été déterminé que l’AIEA pourrait être convaincue, elle ne sera jamais convaincue, indépendamment de nos actions. Ils ont présenté 18 questions ; nous y avons répondu (mais n’avons pu les convaincre), rien de plus n’aurait pu être fait. (…) Les problèmes techniques sont désormais résolus dans un cadre politique. Ils ont établi un agenda et, si Dieu le veut, la question sera résolue d’ici le 15 décembre.
Interviewer : Mais compte tenu du mauvais dossier de l’AIEA en ce qui concerne…
Salehi : En bref, ce seront eux les perdants. Comme je l’ai dit, nous avons un soutien politique à ce sujet. Le travail de (l’AIEA) doit être raisonnable. Ils ne peuvent rien faire de déraisonnable. Quand il n’y a pas de soutien politique, ils font ce qu’ils veulent, mais maintenant il existe un appui politique, et le problème devrait être résolu, et si Dieu le veut, il le sera.