La journaliste égyptienne Wafa Nabil a publié deux articles dans le quotidien pro-gouvernemental égyptien Al-Ahram sur l’attitude de la société égyptienne face au célibat tardif et au divorce chez les femmes. Nabil qualifie le comportement de la société égyptienne envers le célibat et le divorce de « maladie », et exhorte les femmes à ne pas faire de concession quant au choix d’un partenaire et à divorcer sans hésiter si le mariage se révèle malheureux. Ce qui importe, c’est que les femmes défendent leur droit au bonheur, dit-elle. Extraits :
Nous, Egyptiens, avons tendance à ressentir une crainte exagérée de manquer des occasions. Ce type de peur que nous éprouvons nous conduit à prendre des décisions hâtives qui risquent de nous nuire en dépit de notre fort désir d’en bénéficier. Prenons l’exemple des jeunes femmes qui acceptent de se marier avec n’importe quel homme, même s’il ne leur convient pas, afin d’éviter de contracter l’effrayante maladie appelée « célibat ». En conséquence, ces jeunes femmes contractent une maladie beaucoup plus grave appelée « divorce »… Le nombre de divorcées augmente à un rythme alarmant chez les femmes de tous âges. Elles cavalent dans tous les sens, tentant désespérément de faire valoir leurs droits et ceux de leurs enfants, pour finalement ne récolter que des illusions.
Les hommes de tous âges [pour leur part], qu’ils soient divorcés ou veufs, ou [tout simplement] s’ils se marient tard, n’ont aucune difficulté à épouser une belle jeune fille beaucoup plus jeune qu’eux – car notre société ne voit aucune raison de répandre des calomnies sur les hommes. Mais les gens s’ingénient à trouver des milliers de raisons de jeter l’opprobre sur les jeunes femmes qui se marient tard ou divorcent. Par exemple, ils diront : « Qu’est-ce qui ne va pas chez cette jeune femme pour qu’elle soit encore célibataire à son âge ?! Peut-être a-t-elle un défaut qu’elle craint de révéler au monde en se mariant ? Peut-être est-elle arrogante ou matérialiste ?! » [Ou :] « Qu’est-ce qui a poussé cette divorcée à oser demander le divorce à son mari et à détruire sa maison de ses propres mains ? Peut-être [le] blâme-t-elle à tort ou a-t-elle trouvé quelqu’un d’autre ? »
Les gens ne peuvent imaginer… qu’une jeune femme [célibataire] puisse tarder à se marier car elle attend de trouver quelqu’un qui lui convienne, qui soit son égal en termes d’éducation et de statut familial. Les gens refusent de croire que les accusations portées par une divorcée contre son ex-mari soient fondées, qu’elle n’ait pas trouvé un autre homme, mais soit juste incapable de vivre avec le partenaire qu’elle a choisi pour mari, [parce qu’il est] avare ou parce qu’il la bat par jalousie excessive, ou la maudit et l’humilie sans cesse.
Le secteur des [femmes] socialement démunies croule sous le poids de slogans cruels qui équivalent à une condamnation à mort sans procès. Les mères conseillent à leurs jeunes fils de ne pas épouser de jeune femme de plus de 30 ans, quel que soit l’amour et la compréhension qui existe entre eux. Quant à une femme divorcée, elle ne sera jamais acceptée par la famille d’un jeune homme non divorcé, qui lui livrera bataille pour l’empêcher de se marier avec elle…
Dans une telle situation, que peut-on faire ? Les femmes ne doivent pas garder le silence quant leur droit de « créer » leur propre bonheur…
Dans un article du 19 avril 2015, Nabil écrivait : Chaque jeune femme qui tarde à se marier doit vivre sa vie pour elle-même et profiter de chaque jour de liberté [qui lui reste] avant d’être attachée aux chaînes du mariage.
S’adressant aux femmes divorcées, elle écrit : Pourquoi vous désoler d’avoir divorcé ? Allah vous a libéré du lourd [fardeau] de devoir rendre des comptes à un mari qui ne vous appréciait ni ne vous respectait. Une femme divorcée doit réintégrer la société sans aucun sentiment de honte. Au contraire, elle devrait être fière du titre [de divorcée] parce qu’elle a fait preuve de respect envers elle-même et s’est éloignée de la source de sa souffrance, préférant affronter cette société orientale et toutes ses vieilles maladies. Une femme seule dans cette société ressemble à un homme qui entre désarmé sur le champ de bataille et en sort malgré tout victorieux.