Johan Gustafsson, Suédois, et Stephen McGown, Sud-Africain, pris en otage par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), apparaissent dans une nouvelle vidéo pour lancer un appel à leurs familles et à leurs gouvernements.
McGown et Gustafsson, ainsi que le Néerlandais Sjaak Rijke, ont été enlevés en novembre 2011 dans restaurant à Tombouctou, au Mali. Peu de temps après, AQMI publiait une déclaration confirmant l’enlèvement du trio ainsi que de deux Français : Philippe Verdon et Serge Lazarevic. [1] Lazarevic a été relâché en décembre 2014 dans un échange de prisonniers.
Dans la vidéo, filmée dans un lieu inconnu au Sahara, Gustafsson et McGown reçoivent la visite d’un agent anglophone d’AQMI. Les deux hommes interrogent leur visiteur sur la progression des négociations pour leur libération. L’agent répond qu’AQMI n’a rien reçu d’”d’officiel” de leurs gouvernements respectifs, et accuse la France et le Mali d’ « entraver » les négociations. Les deux pays essayent de gagner du temps pour obtenir la libération des prisonniers sans avoir à se plier aux exigences d’AQMI.
Dans la vidéo, la France est accusée de saboter les négociations en vue de la libération des otages et de se préoccuper égoïstement de la libération de ses propres ressortissants en captivité. Le cas de Lazarevic, enlevé à la même époque que McGown et Gustafsson, illustrerait le comportement français. L’agent masqué d’AQMI affirme que, dans le cadre de l’accord de libération de Lazarevic, sept hommes emprisonnés à Bamako et au Niger, dont deux frères personnellement impliqués dans l’enlèvement de Lazarevic, ont été libérés. La France aurait cédé à d’autres demandes, mais le son est coupé lorsque l’agent mentionne ces éventuelles concessions françaises.
Parlant en premier, McGown exprime son mécontentement suite à l’exclusion de Gustafsson des pourparlers de décembre qui ont permis la libération de Lazarevic. McGown se demande pourquoi la France retarde sa libération, alors qu’elle n’a ménagé aucun effort pour libérer Lazarevic.
McGown remercie son gouvernement pour ses efforts et émet l’espoir qu’avec la coopération du gouvernement malien, il sera bientôt libéré. McGown lance un appel émouvant à sa famille et à ses amis tout en les remerciant de leur soutien.
Gustafsson, qui s’exprime après lui, envoie également un message à sa famille et à ses proches, mais il se montre plus pessimiste et incertain McGown sur son sort.
Gustafsson accuse également la France de l’instabilité dans la région : « Nous sommes dans une zone de guerre, et la France en porte la responsabilité, une immense responsabilité », dit-il. Gustafsson exhorte également la France à travailler avec le gouvernement suédois pour obtenir sa libération.
Extraits :
L’agent d’AQMI : Malheureusement, nous n’avons rien reçu d’officiel de vos gouvernements, et les services secrets français et maliens essayent de gagner le plus de temps possible dans l’espoir d’obtenir votre libération sans avoir à se soumettre aux exigences des moudjahidines. Nous avons obtenu des informations selon lesquelles les Français entravent vos négociations. … Ils compliquent réellement la conclusion d’un accord entre vos gouvernements et les moudjahidines. … Ce qui est évident, c’est que la France ne se soucie que de ses propres citoyens. … Il est évident que la France est prête à aller n’importe où ou à tout faire pour libérer ses prisonniers.
L’otage Stephen McGowan : Il est difficile de comprendre qu’ils font obstacle aux négociations… Il semble qu’une libération est encore possible… Nous avons été kidnappés en même temps que ce monsieur [Lazarevic] et je vois que le gouvernement nigérian a aidé aux négociations, nous ne pouvons qu’espérer que le Mali et quiconque aide à négocier notre libération. … J’ai un message pour mon gouvernement, je tiens à vous remercier pour tout ce que vous faites, et je veux continuer à demander de l’aide, votre aide pour ma libération… J’espère que ma libération sera proche… Non pas que nous soyons les derniers otages ici au Mali, mais pour que nous soyons les prochains à être libérés, et bientôt je l’espère.
Il termine sa déclaration en envoyant un long message à sa femme, sa famille et ses amis, les remerciant de leur soutien et leur aide. « Je suis réellement désolé de vous faire traverser cela. »
Le deuxième otage Johan Gustafsson : C’est vraiment décevant, s’ils font obstacle, c’est difficile à comprendre… Nous avons reçu des nouvelles disant que nos familles sont dans la région, et cela me réchauffe le coeur, mais en même temps, que vous deviez traverser tout cela me brise le cœur. Je ne peux qu’appeler le gouvernement suédois à offrir son aide, à informer et soutenir ma famille et à faire ce qu’il peut. … J’ai entendu que la France est impliquée dans le processus [de négociations]. Je tiens à souligner que nous sommes dans une zone de guerre, et que la France en est responsable, grandement responsable.Nous sommes ici contre notre volonté, nous n’avons pas eu le choix, donc je ne peux que vous demander de coopérer avec mon gouvernement et de ne pas faire obstacle.
Adressant un message à sa famille, il ajoute : « Vous me manquez terriblement et je vous aime, j’espère que vous ne m’oubliez pas. »
Source : Twitter.com, le 22 juin 2015.
Notes :
[1] Rapport MEMRI JTTM AQIM Claims Responsibility for Recent Kidnappings of Europeans in Mali, Releases Pictures of Them, le 12 décembre 2011.