Dans une interview télévisée diffusée sur la chaîne égyptienne Al-Assema le 4 juin 2015, Nawal El Saadawi, militante égyptienne pour les droits de la femme, a exprimé son soutien aux homosexuels, estimant que l’homosexualité “résulte de l’éducation, de traumatismes et de la génétique”, et soulignant que les homosexuels sont “normaux” et que parmi eux se trouvent des “génies”. Elle a en outre estimé que l’Egypte ne changerait pas tant que les intellectuels verraient leur liberté d’expression entravée. Extraits :
Nawal El Saadawi : Personne ne choisit sa religion.
La journaliste : Mais certaines personnes changent leur religion. Elles ont la liberté de la changer.
NES : La foi héritée ne vaut rien.
La journaliste : Mais certaines personnes changent leur religion.
NES : Oui, dans une certaine mesure. Certaines personnes le font pour se marier, d’autres pour divorcer…
La journaliste : Mais certaines personnes le font parce qu’elles ne croient pas…
NES : Certaines personnes se convertissent à l’islam afin de divorcer.
Le plus important c’est…
La journaliste : Parlons des principes de base.
NES : Les principes de base n’existent pas.
La journaliste : Ecoutez Dr. Nawal, excusez-moi de…
NES : Vous m’interrompez. Je ne peux pas parler.
Vous tous, vous avez peur. Vous avez peur.
La journaliste : Nous n’avons pas peur. Si nous avions peur, nous ne vous aurions pas invitée.
NES : Alors pourquoi m’interrompez-vous ?
La journaliste : Ok, poursuivez. Je voulais juste continuer avec…
NES : Vous m’avez amenée ici par provocation, mais je voudrais parler rationnellement et calmement. Ce pays ne changera pas, à moins que nous arrêtions de (chercher à) limiter les intellectuels. Ces restrictions sont une erreur. J’ai écrit un article intitulé « Les questions interdites que posent les enfants. » A partir du moment où un enfant va à l’école – et même à partir du moment où il naît – on lui dit constamment que telle ou telle chose est interdite ou honteuse, ou autorisée. Cela détruit l’esprit. Un tiers de la population mondiale est homosexuelle. C’en est arrivé au point que les lois aux Etats-Unis et en Europe ont été modifiées, afin de s’adapter aux homosexuels. Ils ont changé les lois pour permettre aux hommes d’épouser des hommes.
(…)
NES : (L’homosexualité) est le résultat de l’éducation, d’un traumatisme et de la génétique… Il y a plusieurs raisons. Nous devrions comprendre cela. Au lieu de quoi, on les condamne, disant que ce sont de mauvaises personnes sans morale, et on les jette en prison. (…)
La journaliste : Donc vous admettez que (l’homosexualité) est comme le cancer ?
NES : Non. Les phénomènes sociaux et médicaux ont leurs causes.
La journaliste : Est-ce un phénomène médical ?
NES : Non, non. Je n’ai pas dit cela. Si c’était le cas, un tiers du monde serait malade. Ce phénomène a des causes. Ces homosexuels sont tout à fait normaux. Certains d’entre eux sont des génies.
La journaliste : S’ils sont si normaux, pourquoi ne sont-ils pas autorisés à se marier en Egypte, comme ils le sont à l’étranger ?
NES : Pourquoi imposez-vous votre opinion à leur sujet ? Je ne comprends pas. (…)
La journaliste : Nous avons l’avocat Nabih Al-Wahsh avec nous…
NES : Non, je suis désolée. Je m’en vais. Je pars d’ici. Vous m’avez piégée. Vous ne m’aviez pas dit cela. Je m’en vais.
La journaliste : Il est au téléphone.
NES : Je refuse d’être sur la même émission que lui, car il a causé beaucoup de problèmes et il a propagé la religion. Je ne souhaite pas entendre ce qu’il a à dire.
La journaliste : Vous allez vraiment vous lever et vous en aller ?!
NES : C’est ce que je vais faire ! Je pars d’ici.
(…)
NES : Vous m’avez trompée.
La journaliste : C’est une accusation sérieuse.
NES : Et bien c’est ce que vous avez fait.
La journaliste : Pourquoi ?!
NES : Vous ne m’aviez pas dit que cet individu allait venir.
La journaliste : Il ne vient pas. Il commente juste au téléphone.
NES : Vous ne m’avez pas prévenue. J’aurais dit non.
(…)
La journaliste : Assez. Je vous prie de m’excuser (à Al-Wahsh). Vous ne croyez pas au dialogue.
NES : Je crois au dialogue, mais je ne crois pas en ce genre de media.
La journaliste : Laissez-moi juste présenter mes excuses à l’avocat Nabih Al-Wahsh. Excusez-moi, mais Dr. Nawal a refusé cet appel téléphonique…
NES : Evidemment que j’ai refusé.
La journaliste : La retraite c’est la défaite.
NES : Ecoutez…
La journaliste : Ecoutez…
NES : Personne ne peut me vaincre.
La journaliste : Nous avons vu ce qui (vient de se) passer.
NES : Ce n’est pas une défaite.
La journaliste : Nous sommes en direct.
NES : Je me respecte. Laissez-moi vous dire quelque chose. Certaines personnes m’ont dit ne pas (faire cette émission TV). Elles ont dit qu’elle était contrôlée par des agences de sécurité…
La journaliste : Des agences de sécurité ?!
NES : Oui, c’est ce qu’on m’a dit…
La journaliste : Nous avons de bonnes personnes, des journalistes…
NES : On m’a dit que vous révélez toutes sortes de fuites des agences de sécurité… On m’a dit que vous alliez m’entuber, et c’est exactement ce que vous avez fait.
(…)
NES : Il y a plusieurs dieux. Il y a plusieurs façons de concevoir de Dieu.
La journaliste : Ce n’est pas ce dont je parle. Je parle de Dieu, le Créateur de l’Univers.
NES : Vous parlez de votre dieu.
La journaliste : De qui parlez-vous ?
NES : Je parle des dieux d’un bout à l’autre de l’univers. Il y a plusieurs dieux.
La journaliste : En quel dieu croyez-vous ?
NES : Je crois au Nôtre.
La journaliste : Mais vous dites qu’il y a plusieurs dieux.
NES : Vous essayez de me piéger pour pouvoir dire que Nawal El Saadawi est une hérétique.
Voir les extraits télévisés sous-titrés en anglais sur MEMRI TV
http://www.memritv.org/clip/en/4950.htm