Le 26 avril 2015, l’Armée de l’Air israélienne a éliminé quatre terroristes qui posaient une charge explosive à la frontière entre Israël et la Syrie dans le Golan. Deux des terroristes étaient d’anciens résidents du village druze de Majdal Shams dans le Golan israélien, qui s’étaient installés en Syrie.
Deux jours après l’incident, le président du conseil d’administration du quotidien libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amin, a écrit un article [1] sur l’ouverture d’un front contre Israël dans le Golan, et la participation du Hezbollah et de résidents du Golan dans ces actions.
Al-Amin : La pose de l’engin explosif reflète la décision d’ouvrir un front de résistance dans le Golan
Al-Amin laisse entendre que l’opération du 26 avril faisait suite à une décision prise par l’axe de la résistance d’ouvrir un front contre Israël dans le Golan, [2] et entrait dans le cadre de l’action de la résistance dans cette région. Cette action fait suite à la frappe aérienne israélienne du 18 janvier contre deux véhicules dans la région de Quneitra, qui a causé la mort de plusieurs agents du Hezbollah et d’un responsable iranien, et à l’attaque de représailles du Hezbollah, le 29 janvier 2015, sur un convoi de l’armée israélienne dans la zone des fermes de Chebaa, au cours de laquelle deux soldats israéliens ont été tués.
Al-Amin écrit : « … Maintenant, c’est au tour de la Syrie [de rejoindre la résistance]… Ce qui est arrivé et arrive encore fait partie d’une longue chaîne [d’événements]. Un des maillons [de cette chaîne] était le jour où l’ennemi a assassiné les martyrs de Quneitra [18 janvier 2015], et la réaction de la résistance qui a suivi sur le terrain, dans les fermes de Chebaa occupées, ainsi que la réaction politique du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a parlé de l’ouverture d’un nouveau front, non seulement contre Israël, mais aussi pour la résistance, aujourd’hui engagée dans une action plus globale visant à se défendre, à renforcer ses capacités, à élargir la portée de son action, et à perpétrer des opérations qui seront plus douloureuses pour l’ennemi. » [3]
Al-Amin affirme que, contrairement à la présence du Hezbollah dans d’autres parties de la Syrie, qui vise principalement à défendre le régime de Bachar Al-Assad, sa présence dans le sud de la Syrie fait partie d’un plan d’expansion de la résistance contre Israël dans cette région : “La raison principale de l’intérêt que montre le Hezbollah pour les régions du sud de la Syrie a trait au front contre l’ennemi [israélien], même si le Hezbollah est [également] activement et sérieusement engagé dans la lutte pour défendre la Syrie et son régime ».
Le Hezbollah a établi une infrastructure de résistance dans le Golan, aidé de résidents locaux ; malgré le combat en Syrie, le Hezbollah ne néglige pas la lutte contre Israël
Al-Amin souligne que des agents du Hezbollah sont présents dans le Golan et ont établi une infrastructure large et solide, qui comprend la formation d’unités, l’entraînement et la sélection de cibles. Cette infrastructure, dit-il, a été créée avec l’aide des habitants du Golan syrien et israélien qui se sont enrôlés pour perpétrer des attaques contre Israël. Il affirme également que l’unité qui a effectué l’opération du 26 avril était affiliée au Hezbollah.
Al-Amin écrit : « Ce qui pose un réel problème pour Israël, et pour les [combattants] syriens armés qui le soutiennent, est que le Hezbollah sait comment obtenir les meilleurs résultats. Indépendamment du lien du Hezbollah avec les héros devenus des martyrs l’avant-veille [26 avril], ce qui inquiète l’ennemi et aide la résistance est [le fait que] ceux qui mènent une action militaire directe [contre Israël] sont des Syriens locaux [du Golan], qui résident soit dans la partie occupée par Israël soit dans la partie [qu’Israël] occupe grâce aux [rebelles] armés qui collaborent avec elle. »
« Demain, les conclusions définitives de l’enquête mettront au jour la faille ayant permis la découverte de l’unité [qui a posé la charge explosive à la frontière], et permettront de savoir si c’était le résultat d’une fuite, de quelque adversité sur le terrain, de certains dispositifs spéciaux de surveillance israéliens, ou [du travail] de collaborateurs avec l’ennemi. Les résultats [de l’enquête] serviront de leçon aux personnes qui dirigent ces opérations. Ils les aideront à relever les prochains défis, et contraindront également les camarades des martyrs à [atteindre] des niveaux plus élevés de compétence et de précision [à l’avenir]. »
“En outre, si quiconque soutient que cette opération était une [poussée] d’enthousiasme ponctuelle, ou quelque chose du genre, [nul doute que] ce qui est arrivé est la démonstration la plus puissante de… ce qui effraie l’ennemi, que la jeunesse dans ces régions se montre disposée à accomplir les missions les plus dangereuses contre les forces de l’occupation. Non seulement ils défient l’apathie qui prévaut sur ce front dans les dernières décennies, mais ils prouvent que toutes les formes de normalisation et d’oppression dans le Golan et ses environs n’ont pas éteint le feu de la résistance dans [le cœur] des gens. Ils prouvent aussi que l’existence de collaborateurs syriens parrainés par les forces de l’occupation [israélienne] n’aidera pas [Israël] à empêcher les combattants de la résistance d’arriver là où ils sont nécessaires. Ils prouvent que tous les moyens militaires et sécuritaires modernes employés par l’ennemi dans cette région n’aideront pas [l’ennemi] à empêcher les combattants de la résistance d’atteindre les zones les plus proches de l’endroit où les forces de l’occupation se déplacent. Cela, en soi, explique la préoccupation de l’ennemi et ses déclarations selon lesquelles la prochaine opération [contre lui] n’est qu’une question de temps … [4]
Les autres tâches de la résistance ne l’éloignent pas de sa mission de nuire à Israël
Selon Al-Amin, l’opération du 26 avril, et d’autres opérations du Hezbollah, prouvent que, malgré l’engagement de cette organisation dans la lutte contre les rebelles en Syrie et dans d’autres pays arabes, elle ne s’est pas dispersée, comme certains de ses adversaires le prétendent, et n’a pas abandonné son idéologie ou sa raison d’être, à savoir la lutte contre Israël : « …L’ennemi sait mieux que quiconque que, si la résistance est occupée par les combats à l’intérieur de la Syrie, qui nécessitent beaucoup [de main-d’œuvre] et de matériel, cela ne détourne pas [la résistance] de sa mission de nuire à [Israël]. Cette tâche trouvera toujours des gens pour l’exécuter, indépendamment de [ce qui se passe] sur d’autres fronts. Ces gens ont assez de temps pour aller en reconnaissance, préparer les unités, s’entraîner, choisir des cibles et mener des opérations. Cela en soi est la réponse la meilleure et la plus puissante à ceux qui se leurrent en pensant que la résistance s’est égarée. »
Le Hezbollah prend l’initiative dans le Golan
Al-Amin admet qu’inclure le Golan dans l’activité de résistance constitue un changement du statu quo. Selon lui, cela permet au Hezbollah de surprendre Israël, de le piéger et de garder l’initiative exclusivement entre ses propres mains : « Le jour où l’ennemi a attaqué les véhicules des combattants de la résistance du Hezbollah, près des zones occupées en Syrie [le raid aérien du 18 janvier 2015 à Quneitra], le ministre de la Défense israélien Moshe Yaalon a déclaré que cette opération avait contrecarré les plans du Hezbollah dans la région. Il sait, bien sûr, que les martyrs n’étaient pas en route pour mener une opération militaire ou sécuritaire [ce jour-là]. Mais ce que lui et d’autres parties intéressées ont compris est que la simple présence de combattants de la résistance du Hezbollah à proximité du Golan occupé [est un fait] qui a de nombreuses implications… »
Al-Amin ajoute : « Même si [Israël] est prêt à accepter cette réalité [un front dans le Golan], il est plus intéressé à essayer de définir les règles du jeu dans cette région. Mais le [fait] nouveau est qu’il ne sait plus quelle sera la réaction de la résistance. Cette incapacité à formuler une évaluation exhaustive [des renseignements] peut conduire [Israël] à commettre des erreurs stupides, qui permettront à la résistance, non seulement de piéger [l’ennemi] et de tendre une embuscade ici et là, mais de le priver de l’initiative exclusive sur ce front – et c’est la chose la plus importante. »
Notes :
[1] Al-Akhbar (Liban), le 27 avril 2015.
[2] Cette décision a été prise par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dès mars 2013. Sur l’activité du Hezbollah et du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien dans le Golan, voir Enquête et analyse n° 1138, “Following Killing Of Hizbullah Operative Jihad Mughniyah, New Information Comes To Light Regarding Hizbullah, Iranian Activity In Syrian Golan On Israeli Border,”28 janvier 2015.
[3] Sur la déclaration de Nasrallah sur l’unification des fronts libanais et syrien, ainsi que sur les critiques qu’il a suscitées au Liban, voir Enquête et analyse n° 1147, “Lebanese Elements Furious Over Hizbullah’s Activity In Golan, Shebaa Farms, Critical Of Nasrallah’s Statements About Uniting Lebanese, Syrian Resistance Fronts,” 11 mars 2015.
[4] Probablement une référence aux déclarations en janvier 2015 du général Itay Baron, ancien chef de la section de recherche des Renseignements militaires de Tsahal, selon lesquelles les opérations terroristes dans le Golan ne sont qu’une question de temps. Israelhayom.co.il, le 16 janvier 2015.