Au vu de la présence directe et de l’influence croissante de l’Iran dans les pays arabes, en particulier en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen, des voix arabes anti-iraniennes de plus en plus audibles soutiennent que cette présence iranienne dans ces quatre pays constitue un acte d’occupation et qu’il convient de mener une action pour empêcher l’Iran d’occuper d’autres pays.
Pour prouver le bien fondé de leurs inquiétudes, ces auteurs mentionnent notamment une récente déclaration d’Ali Younesi, conseiller du président iranien Hassan Rohani, qui a affirmé que l’Iran était un empire et que l’Irak était sa capitale. A ce sujet, voir la Dépêche spéciale MEMRI No. 5991 :Advisor To Iranian President Rohani: Iran Is An Empire, Iraq Is Our Capital; We Will Defend All The Peoples Of The Region; Iranian Islam Is Pure Islam – Devoid Of Arabism, Racism, Nationalism, 9 mars 2015.
Faisant part de sa crainte que l’Iran occupe de larges portions des pays arabes, le député libanais Muhammad ‘Abd Al-Latif Kabbara, du parti Al-Mustaqbal, proche de l’Arabie saoudite, a appelé les Arabes à accorder la priorité nationale et panarabe à la libération des pays arabes occupés par l’Iran – et à en faire une priorité passant avant la lutte contre l’État islamique (EI). Dans un communiqué de presse, Kabbara a mentionné que tous les Arabes sont hostiles à Israël, qui occupe un seul pays arabe (la Palestine) mais ne font rien au sujet de l’Iran, qui selon lui occupe quatre pays arabes. Les opérations pour libérer les pays arabes de l’occupation iranienne ne doivent pas tenir compte de la position des États-Unis, selon lui, car les Arabes pourraient devoir payer le prix d’un accord nucléaire américano-iranien.
Notons que Khaled Khoja, président de la Coalition nationale pour la Révolution syrienne et des Forces d’opposition, a lui aussi affirmé que l’opposition syrienne devait à présent s’opposer non seulement au régime syrien, mais aussi à l’occupation iranienne, et que Bashar Al-Assad était devenu le directeur général de l’Iran en Syrie.[1]
Extraits des déclarations faites par Kabbara à la presse :
L’invasion perse des pays arabes est destinée à rétablir l’empire perse
« L’Iran a passé le stade où nous l’accusions [simplement] d’occuper un territoire arabe. Il a confirmé ce contre quoi nous avions attiré l’attention car il affirme ouvertement, avec arrogance, être un empire de tout l’Orient arabe, avec Bagdad et non Téhéran pour capitale.[2] Il est nécessaire que les Arabes prennent des mesures sérieuses pour s’opposer à cette occupation…
Il doit y avoir une discussion sérieuse, pratique et réaliste pour élaborer un plan en vue de libérer les pays arabes occupés par l’Iran et s’opposer à ses aspirations expansionnistes, afin de l’empêcher d’occuper d’autres pays arabes.
La première mesure inévitable que les Arabes doivent prendre consiste à décider de libérer le Liban, la Syrie, l’Irak et le Yémen de l’occupation iranienne. Ceci du fait que, si nous ne libérons pas cet axe, qui relie la partie orientale [du Moyen-Orient] et la Méditerranée, alors les autres pays arabes succomberont les uns après les autres à l’invasion perse – [une invasion] destinée à rétablir l’Empire perse et à subordonner tous les Arabes, pas seulement les pays du croissant [chiite]…
Maintenant que l’Iran a ouvertement déclaré qu’il occupait ces pays, les peuples arabes ont le droit de demander à leurs dirigeants d’élaborer un plan de libération, et d’en faire une priorité nationale et panarabe, politique, économique, militaire et philosophique. Nous n’avons aucun conflit avec les pays arabes qui font partie de la coalition antiterroriste [internationale] – mais nous soutenons que c’est une obligation de libérer la terre arabe de l’occupation iranienne…
Les Arabes sont hostiles à Israël, qui occupe un pays – mais l’Iran lui, en occupe quatre
Les terres occupées par l’Iran sont des terres arabes, et ce sont les Arabes qui détermineront leurs devoirs à cet égard, pas les États-Unis – qui ne sont pas occupés par l’Iran et qui mènent des négociations nucléaires avec lui, peut-être même aux dépens des pays arabes.
Les citoyens arabes commencent à s’interroger : l’ennemi sioniste occupe un seul pays arabe, la Palestine, et tous les Arabes lui sont hostiles depuis sa création [de l’État d’Israël]. Dans le même temps, l’Iran qui occupe au moins quatre pays arabes, ne fait l’objet d’aucune hostilité de la part des pays arabes. En fait, certains pays [arabes] entretiennent même des relations amicales, voire des alliances, avec lui.
Le pire est que le parti officiel de l’Iran au Liban [le Hezbollah] voudrait que les autres Libanais et Arabes deviennent ses associés dans la trahison, pour faciliter l’occupation [par le Hezbollah] des territoires non encore occupés par l’Iran et les assassinats de ceux que [le commandant de la Force Qods du CGRI] Qassem Soleimani et sa Garde révolutionnaire n’ont pas encore tués…
Comme cette époque est terrible : nous devons supplier pour qu’une décision soir prise nous libérer de l’occupation ».[3]
Muhammad ‘Abd Al-Latif Kabbare (Source: imlebanon.org,13 mars 2015)
Notes:
[1] Youtube.com/watch?v=1VJiITcek7Q, 15 mars 2015.
[2] Kabbara fait référence à la déclaration de Younesi selon laquelle l’Irak serait la capitale de l’empire iranien.
[3] Alshamal.com, 13 mars 2015.