L’historien saoudien Saleh Al-Saadoon, qui avait affirmé dans une première émission que pour les femmes occidentales, le viol ne constitue pas un problème culturel, soutient à présent que ses commentaires ont été mal traduits.
Il ajoute que les femmes qui prennent des taxis conduits par des chauffeurs étrangers sont en partie responsables si elles se font violer.
Voix off de la journaliste : Le 11 janvier, nous avons eu un entretien dans notre émission avec l’historien saoudien Dr Saleh Al-Saadoon, qui estime que l’Occident complote contre les femmes saoudiennes.
Saleh Al-Saadoon : Les femmes montaient déjà sur des chameaux, ainsi, pourrait-on se demander, qu’est-ce qui les empêcherait de conduire des voitures ? En Arabie saoudite, il existe des circonstances particulières. La ville d’Arar est à 150 km d’Al-Jawf. D’Al-Jawf à Al-Ha’il, il y a 400 km. Si une femme conduit d’une ville à l’autre et que sa voiture tombe en panne, que deviendra-t-elle ?
Journaliste : Eh bien, les femmes conduisent en Amérique, en Europe et dans le monde arabe…
Saleh Al-Saadoon : Elles se moquent de se faire violer sur le côté de la route, mais nous non…
Journaliste : Attendez, qui vous dit qu’elles se moquent de se faire violer sur le bas-côté ?
Saleh Al-Saadoon : Ce n’est pas très grave pour elles, hormis l’atteinte à leur moralité.
Voix off de la journaliste : Il y a quelques jours, un mois environ après l’interview, des extraits ont circulé dans les médias occidentaux et européens et sur d’autres supports. La presse internationale a publié des extraits détaillés dans différentes langues. Pourquoi l’interview a-t-elle soulevé un si grand tollé, et comment le Dr Al-Saadoon réagit-il à la médiatisation internationale de ses propos sur la conduite des femmes ?
Saleh Al-Saadoon : [La réaction des médias à mes propos] était une surprise à tous les niveaux. J’étais particulièrement étonné par la traduction erronée. Ce n’était pas une traduction objective ou une simple erreur. C’était une falsification délibérée et méthodique. Je ne sais pas si…
Journaliste : Comment pouvez-vous parler de falsification ? Ils ont montré un extrait de la vidéo, pas simplement du texte. Ce qui était écrit était une traduction détaillée de l’interview.
Saleh Al-Saadoon : Ils ont traduit ce que j’ai dit. Comme vous vous en souvenez, sœur Nadeen, nous avons discuté, mais je n’ai pas dit : « Les femmes qui conduisent des voitures se moquent d’être violées ». Le Daily Mail, par exemple, a écrit : « Un historien saoudien a dit que les femmes américaines conduisent des voitures car le viol n’est pas très grave pour elles. » Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai expliqué qu’elles n’ont aucun problème [avec le viol] d’un point de vue religieux et social. Leur problème se limite aux aspects moraux et psychologiques. Je le maintiens. Les femmes occidentales sont libérales. Leur comportement n’est pas régi par la foi chrétienne. Elles ne croient pas en la foi chrétienne. A moins d’être âgées, les femmes occidentales ne sont généralement pas religieuses – à part une poignée de femmes qui partent faire du prosélytisme en Afrique. Selon les érudits islamiques, il est interdit à la femme de monter dans un taxi conduit par un étranger. Si elle le fait, et que le chauffeur la kidnappe et la viole, elle en sera en partie responsable car elle s’est exposée au danger.
Ce n’est pas mon opinion. Je vous donne seulement le point de vue de la société. Ne m’accusez pas alors que je transmets les opinions de 80 % de la société arabe et islamique.
Journaliste : Certains transforment la victime en criminel, mais cette vision ne représente pas 80 % d’entre nous.
Saleh Al-Saadoon : Beaucoup de Saoudiens, d’Arabes et de musulmans partagent ce point de vue – peu importe si c’est 70 % ou 90 %.