Alors que Téhéran continue d’exiger que soit appliquée la fatwa de condamnation à mort de l’écrivain Salman Rushdie pour insulte à l’islam et au prophète Mahomet, émise par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, elle condamne dans le même temps le massacre du 7 janvier 2015 dans les bureaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris, précisant toutefois que les pays européens et les États-Unis ont leur part de responsabilité.
Les camps pragmatique et idéologique du leadership iranien sont unis dans leur mécontentement face à la publication par Charlie Hebdo de caricatures insultant l’islam et le prophète Mahomet, et contre le soutien des dirigeants français à la liberté de blasphèmer. Tous évoquent un abus de la liberté d’expression.
Le 7 janvier 2014, l’agence de presse iranienne Fars, affiliée au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), a publié une réaction à la condamnation par Rushdie de l’attentat à Paris, rappelant à ses lecteurs que la peine de mort contre Rushdie restait en vigueur. Fars qualifie le soutien de Rushdie pour l’hebdomadaire qui a insulté le Prophète de « nouvelle infraction contre les religions divines » et déclare que “Rushdie, citoyen britannique d’origine indienne, a vécu dans la clandestinité et avec de strictes précautions sécuritaires, car il a été décrété que son sang est permis suite à la peine de mort contre lui pour son livre insultant, les Versets sataniques ».
Se démarquant toutefois camp idéologique, le camp pragmatique, dirigé par le président du Conseil de discernement Hashemi Rafsanjani, a également exhorté l’Europe et les Etats-Unis à s’engager aux côté de « l’Iran modéré », l’Occident et l’Iran étant du même bord dans la lutte contre l’État islamique (EI). Il a également exprimé sa crainte que l’attaque ne déclenche une vague d’islamophobie en Europe.
Notons que le 8 janvier 2015, Radio Free Europe rapportait que les forces de sécurité du régime iranien avaient empêché les journalistes de manifester à Téhéran en signe de solidarité avec leurs homologues de Charlie Hebdo.
Le président iranien Rohani : Nous condamnons la terreur mondiale – mais aussi « tous ceux qui soutiennent le terrorisme et la violence… en Europe [ou] en Amérique »
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères : Nous condamnons l’attaque – mais aussi les abus de la liberté d’expression [qui permettent d’] insulter l’islam
Le quotidien iranien Shargh : L’Occident doit respecter l’islam et les musulmans – et collaborer avec l’Iran « modéré »
Un site web iranien : Pourquoi le gouvernement français n’a-t-il pas utilisé son autorité pour empêcher les provocations de Charlie Hebdo ?
Le quotidien iranien Ebtekar : Est-il approprié de publier des images qui ridiculisent les religions du monde ? L’islamophobie ressurgira dans les villes d’Europe
Un quotidien iranien : L’hebdomadaire “avait déjà porté la colère des musulmans à ébullition… lors de la publication de caricatures insultant le Prophète de l’islam”