Les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, déjà extrêmement tendues ces dernières années, se détériorent encore, au rythme de la baisse des prix du pétrole. L’Iran accuse l’Arabie saoudite de l’entraîner dans une guerre pétrolière pour nuire à son économie – presque entièrement dépendante des recettes pétrolières.
En outre, ces derniers jours, les porte-parole iraniens, pour la plupart affiliés au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont proféré des menaces contre l’Arabie saoudite.
Le 10 décembre, le président iranien Hassan Rohani déclarait que la baisse des prix mondiaux du pétrole était le résultat de plans politiques de pays de la région – allusion à l’Arabie saoudite – soulignant que le peuple iranien n’oublierait pas cette « trahison » et ne manquerait pas d’y « répondre ».
Le 21 décembre, le président du Majlis, Ali Larijani, déclarait lors d’une visite en Syrie : « Cette fois, nous n’oublierons pas que les pays ont comploté pour abaisser le prix du pétrole ». Le 15 décembre, l’hebdomadaire du CGRI, Sobh-e Sadeq, avertissait que l’Iran allait recourir à « tous les moyens à sa disposition contre l’Arabie saoudite ».
Le 27 décembre, Amir Moussavi, un ancien diplomate du CGRI, qui dirige aujourd’hui l’Institut d’études stratégiques et de relations internationales, déclarait : “La démarche saoudienne est suicidaire dans sa lutte contre l’Iran dans la région… Jusqu’à présent, Téhéran s’est retenue et a agi avec modération, mais il semble que cette fois, ce jeu avec le feu ressemble à un suicide… L’Arabie saoudite croit que l’Iran ne réagira pas facilement, mais il semble que cette fois la situation soit différente, et si nécessaire, les intérêts économiques de l’Arabie saoudite dans la région et dans le monde seront touchés. »
Une autre cause de tensions entre les deux pays est la présence des minorités ethniques : L’Iran est inquiet de l’agitation parmi ses nombreuses minorités, et accuse les Saoudiens de les inciter à la haine. Dans le même temps, des sources iraniennes appellent indirectement les chiites à se soulever dans l’est de l’Arabie saoudite, où est produite la majeure partie du pétrole du pays.
Le 14 décembre 2014, suite à une campagne de médias saoudienne contre « la répression des minorités ethniques en Iran », la chaîne iranienne en arabe Al-Alaam TV déclarait que le quotidien saoudien Al-Watan avait “effrontément” exhorté “les pays du Conseil de coopération du Golfe à s’ingérer dans les affaires intérieures iraniennes et à déclencher une fitna [guerre civile] dans le sud [de l’Iran] ».
Cette déclaration faisait allusion à la publication, dans le quotidien saoudien Al-Watan, le 19 octobre 2014, d’une interview de Habib Jaber, chef de l’Organisation nationale pour la libération d’Al-Ahwaz, dans laquelle il appellait les pays arabes à soutenir la lutte pour un Etat arabe sunnite ahwazi indépendant, dans une région de l’Iran riche en pétrole.
Le 20 décembre 2014, un compte Twitter affilié au CGRI tweetait : « L’expérience d’Ansar Allah [Houthis du Yémen] et du Hezbollah [au Liban] se reproduira dans l’est de l’Arabie saoudite. Les gens doivent se défendre contre les attaques militaires récurrentes du régime Aal Saoud. »