Le 3 novembre 2014, jour de la fête chiite de l’Achoura, marquant l’anniversaire de la bataille de Karbala en l’an 680 et le décès de l’imam Hussein, des hommes masqués ont ouvert le feu sur un Husseiniya, centre religieux chiite, dans le village d’Al-Dalwa, dans le gouvernorat d’Al-Ahsa, tuant huit chiites et en blessant plusieurs autres. L’attaque, menée par des sunnites, a éveillé la crainte parmi les autorités saoudiennes d’une escalade de la violence entre sunnites et chiites dans le royaume. Ainsi, les autorités ont rapidement pris des mesures visant à apaiser les tensions et à éviter des troubles.
Quelques heures après l’attaque, le ministère saoudien de l’Intérieur a annoncé que des suspects avaient déjà été arrêtés. Dans le même temps, les milieux officiels saoudiens se sont empressés de condamner énergiquement l’agression. Ils ont souligné qu’il s’agissait d’une attaque terroriste menée par les “Khawarij”, “dans le but de déclencher une fitna”, ou guerre civile. Ils ont déclaré que leurs auteurs étaient affiliés au djihad mondial.
Les responsables saoudiens, dirigés par le ministre de l’Intérieur, l’émir Muhammad bin Nayef, ont transmis leurs condoléances aux familles et des vœux de prompt rétablissement aux blessés, au nom du roi Abdallah bin Abd Al-Aziz et du prince héritier Salman bin Abd Al-Aziz Al Saoud. Ils ont déclaré que le roi était déterminé « à faire régner la sécurité dans le royaume » et que « les services de sécurité frapperaient d’une main de fer quiconque tenterait de porter atteinte à la sécurité de la patrie ».
Le gouverneur d’Al-Ahsa a qualifié l’attaque d’ « opération terroriste criminelle et ignoble… dépourvue de toute trace d’humanité », et précisé que « le gouvernorat d’Al-Ahsa restera uni ». En outre, le prince saoudien Walid bin Talal a fait don de 2,5 millions de riyals aux familles des victimes.
L’establishment religieux en Arabie saoudite s’est également empressé de condamner l’incident. Le mufti saoudien Abd Al-Aziz Aal Al-Sheikh a qualifié l’attaque de “terroriste, cruelle et opprimante” et ses planificateurs d’ “hypocrites [munafikoun] qui se sont égarés et veulent attiser la fitna au sein de la oumma”. Un membre du Conseil des hauts dignitaires religieux a condamné l’attaque, la qualifiant de “crime odieux dont les auteurs méritent le plus sévère des châtiments institué par la charia” et appelé les citoyens du royaume à “ne pas laisser les ennemis de cette religion et de ce pays nuire à notre unité et à notre stabilité comme ils le souhaitent”.
Le chef de la police religieuse Abd Al-Latif bin Abd Al-Aziz Aal Al-Sheikh a également dénoncé l’attaque, disant qu’elle « va à l’encontre de la religion, de la loi religieuse, des valeurs et de la morale », et soulignant qu’elle ne fera qu’accroître l’unité entre les résidents de la patrie. En outre, le ministère du waqf et des Affaires islamiques a ordonné aux prédicateurs des mosquées de consacrer leurs sermons du vendredi à la condamnation de l’attaque.
Dans le même temps, la presse gouvernementale saoudienne a lancé une campagne visant à condamner l’attaque. La presse de l’establishment a publié des dizaines d’éditoriaux prônant « l’unité », la « cohésion » et la « coexistence » dans le royaume. Selon ces articles, l’attaque visait à attiser la fitna dans le pays mais, au lieu de cela, « la rue saoudienne s’est unie comme un seul homme contre le terrorisme », prouvant que la nation saoudienne tout entière, sunnites et chiites confondus, étaient réunis.