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L’auteur saoudien Abdallah Hamidaddin, interviewé sur Rotana Khalijiyya TV le 16 novembre 2014, déclare que l’Iran, qui « tente de parvenir à l’hégémonie régionale avec son projet d’arme nucléaire », représente la plus importante menace pour l’Arabie saoudite aujourd’hui. Israël « n’est pas une menace pour l’État saoudien ou les citoyens saoudiens », affirme-t-il.
Journaliste : Quelles sont les vraies menaces militaires qu’affronte l’Arabie saoudite ?
Abdallah Hamidaddin : La menace la plus sérieuse est l’Iran. L’Iran essaie de parvenir à l’hégémonie régionale avec son projet d’arme nucléaire. C’est une menace latente. S’il est vrai que l’Iran est toujours faible au niveau économique, il représente la menace la plus sérieuse pour notre sécurité. Les autres menaces proviennent de l’anarchie qui a envahi la région. Prenez l’Egypte, par exemple. Si la situation ne s’était pas arrangée avec la destitution de Mohamed Morsi, l’Egypte serait peut-être devenue une menace pour la sécurité nationale de l’Arabie saoudite. Mais Dieu merci, il en a été autrement.
Journaliste : Israël représente-t-il une menace ?
Abdallah Hamidaddin : Non. Israël est un fauteur de troubles dans la région, mais il constitue une menace pour les Palestiniens, pas pour les Saoudiens. Cela n’a rien à voir avec le fait que les Palestiniens ont des droits. Israël est un agresseur à de nombreux niveaux. C’est un pays injuste. Nous condamnons la violence dont nous sommes les témoins quotidiennement. Je ne parle pas de l’injustice d’Israël envers les Palestiniens…
Journaliste : Exact, nous voulons savoir s’il représente ou non une menace pour l’Arabie saoudite…
Abdallah Hamidaddin : Il est impératif de faire la distinction entre les deux. Les panarabistes et les islamistes croient qu’étant donné qu’Israël a occupé un pays arabe ou musulman, il doit être anéanti – par principe.
Journaliste : Ils imaginent une alliance arabe qui n’existe pas. Ils croient que si Israël attaque un pays arabe, c’est comme s’il attaquait tous les Arabes.
Abdallah Hamidaddin : Mon point de vue est différent. Il ne fait aucun doute qu’Israël a dépouillé une terre [arabe], mais aujourd’hui, la région est divisée en pays, dont l’Arabie saoudite. Israël a attaqué d’autres pays, pas le mien. Je ne justifie cette attaque en aucune façon, mais malgré toutes ses malversations, il ne représente pas une menace pour l’Etat saoudien ou les citoyens saoudiens.
Journaliste : Mais selon la position saoudienne officielle et déclarée, la cause palestinienne est la cause de tous les Arabes.
Abdallah Hamidaddin : Il existe deux raisons à cela. D’abord, il y a un vrai souci. La crise d’Israël avec les Palestiniens a généré un problème régional. Cette crise à des ramifications – bien que, soit dit en passant, ces ramifications sont très exagérées. La seconde raison est le besoin de s’aligner sur la position générale [arabe].
L’initiative du roi Abdallah en 2003 prévoyait une normalisation totale, et elle a été signée par tous les Arabes, y compris la Syrie. Le monde était convaincu que les relations avec Israël pourraient se normaliser, et que nous pourrions coexister, à la condition que le problème en Cisjordanie et à Gaza soit résolu. C’est dans l’intérêt d’Israël que le problème demeure irrésolu. Israël n’est pas un pays en paix. C’est un pays qui opprime durement ses voisins palestiniens, et il fait ce qu’il peut pour faire durer le problème, car il en bénéficie.
Journaliste : Mais vous attendez-vous à ce que nous vivions isolés de tout ce qui se passe autour de nous ?
Abdallah Hamidaddin : Non, mais je veux me concentrer sur les problèmes qui me touchent. Si Israël ne pose pas de menace stratégique, nous ne devions pas le traiter comme s’il en posait un.
Journaliste : Certains disent que c’est Israël, avec l’Amérique, qui a créé les menaces venant d’Irak ou d’Iran…
Abdallah Hamidaddin : Non, c’est nous. Depuis les années 1960, quand nous avons fait d’Israël un problème, nous avons entrepris de gaspiller nos ressources. Depuis les années 1950, les Arabes ont dépensé des milliards dans le conflit avec Israël, et ont sacrifié des centaines de milliers de vies. Le résultat est que nous sommes en déclin, tandis qu’Israël est en ascension. Si nous avions abordé la cause palestinienne différemment dès le tout début, aujourd’hui, nous aurions été plus forts et plus capables qu’Israël, et les Palestiniens se porteraient mieux.