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Après l’acquittement, le 29 novembre 2014, de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, accusé de corruption et de la mort de manifestants, le présentateur de télévision Muhammad Al-Dasuqi Rushdi s’est ironiquement demandé si ces derniers n’avaient pas été tués par des extraterrestres ou des véhicules sans chauffeurs du corps diplomatique.
Muhammad Al-Dasuqi Rushdi : Bonsoir, bonsoir à tous les frustrés et frustrateurs. Bonsoir à tous les heureux, joyeux, triomphants fêtards. Tout se passe exactement comme Dieu l’a voulu. Certains se moquent que du sang ait été versé, tandis que d’autres se lamentent du sang versé en vain. Certains voient ce qui se passe, tandis que d’autres ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Pour certains, il est facile de mentir, d’inventer et de tromper, et ils croient en leurs propres mensonges. Ils veulent vous convaincre qu’après 30 ans, [la corruption de Moubarak] se résume à seulement trois villas et la rénovation de quelques murs. Les rêves nourris et les vies détruites ne sont d’aucune importance. La destruction est ce qu’aiment [les partisans de Moubarak]. Eh bien, seule la pourriture aime la destruction.
Nous sommes désolés pour ceux qui sont morts. Désolés pour leur sang versé. Nous sommes désolés que [seuls] quelques-uns ululent parce que [Moubarak] n’a pas eu ce qu’il méritait. Nous sommes désolés pour les 866 martyrs qui ont pris les rues d’assaut avec leurs rêves de liberté et d’honneur, et sur les tombes desquels ceux qui ignorent la signification du mot honneur dansent à présent. Nous sommes désolés, Moustafa Sawi. Nous sommes désolés, Hassan Taha. Nous sommes désolés, Ahmad Basyouni. Nous sommes désolés, Adam et Salma : votre père est juste tombé raide mort, en ce 28 janvier place Tahrir. Il a été tué par des extraterrestres d’une autre galaxie. Nous sommes désolés, Amru Gharib. Nous sommes désolés, Karim Banouna. Nous sommes désolés, Islam Rashad. Nous sommes désolés, l’ingénieur Ahmad Ihab : il était écrit dans les étoiles que tu ne resterais pas marié plus de deux mois.
Nous sommes désolés, Islam Rafat : la voiture portant l’immatriculation du corps diplomatique qui t’a écrasé en ce 28 janvier était sans chauffeur. Elle était conduite par le vent. Nous sommes désolés, Seifallah. Fallait-il vraiment que tu ailles manifester ? Tu n’avais que 16 ans. Tu t’es sûrement tiré une balle.
Nous sommes désolés pour tous les blessés, tous les martyrs, tous les corps qui portent des marques de balles en caoutchouc, et ont les os cassés par les violences de la police secrète. C’était censé être une blague, mais vous l’avez prise au sérieux… et vous êtes morts. Nous sommes désolés qu’après 47 mois, personne n’a été tenu responsable. Ils ont tous été acquittés, et nous ne pouvons rien y faire. Tout ce que nous pouvons faire est de prier, mais la prière de l’opprimé est plus puissante. C’est tout ce que nous pouvons faire, et d’observer un moment de silence. […] Nous vous demandons donc d’observer un moment de silence et de réciter la sourate Al-Fatiha en leur honneur. C’est tout ce que nous pouvons faire.
Silence
Désolé, mais c’est tout ce que nous pouvons faire.