Par : A. Savyon et Y. Mansharof
La deuxième extension de six mois de négociations entre l’Iran et le P5 + 1, approuvée dans le document de Genève de novembre 2013, doit expirer le 24 novembre 2014. A l’approche de cette échéance, le camp pragmatique iranien, dirigé par le chef du président Hassan Rohani, Hashemi Rafsanjani, qui mène les négociations avec l’administration américaine, fait pression sur l’administration Obama pour qu’elle signe un accord global sur le nucléaire selon les conditions de l’Iran.
Du point de vue du camp pragmatique, l’administration Obama a désespérément besoin de remporter un succès important pendant son mandat, c’est pourquoi l’heure est venue de lui faire pression.
Le camp pragmatique utilise deux stratégies pour faire pression sur l’administration américaine : d’une part, l’inciter à accepter la position iranienne dans les négociations en contrepartie d’une aide iranienne dans la résolution d’autres crises au Moyen-Orient, notamment le problème de l’Etat islamique [EI], et même émettre la possibilité d’une normalisation des liens entre l’Iran et les États-Unis. D’autre part, menacer qu’un rejet de la position de Téhéran se traduira par la montée au pouvoir du camp idéologique iranien – hostile aux Etats-Unis et à une décrispation des liens.
Ali Younesi, conseiller de Rohani sur les minorités religieuses, a déclaré le 18 octobre 2014 que la crise de l’EI, et le fait que Barack Obama soit « le président le plus faible que les États-Unis aient jamais eu », fournissent à l’Iran une occasion unique de soumettre Washington à ses désirs dans les négociations nucléaires.
Lors d’une réunion en mi-octobre 2014 avec l’ambassadeur de Suisse à Téhéran Giuilio Hass, qui, en l’absence d’ambassade américaine, représente les intérêts américains, Rafsandjani a transmis un message direct aux États-Unis. Il a déclaré que sa politique nucléaire offre aux États-Unis une occasion inédite de mettre fin à la crise nucléaire avec l’Iran, ce qui contribuera également à résoudre d’autres crises régionales et internationales.
La pression iranienne sur les États-Unis était également perceptible dans les déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, le 17 septembre 2014, devant le Conseil des Relations publiques à New York. Zarif a averti Washington que si l’administration pragmatique actuelle en Iran ne parvenait pas à atteindre un accord sur le nucléaire avec l’Occident, les Iraniens éliront le courant qui ne croit pas au rapprochement avec l’Occident.