Par : Y. Mansharof –
Lutte de pouvoir entre Khamenei et Rafsandjani et leurs camps respectifs : Rafsandjani fils : mon père s’oppose à la “loi de jurisprudence” mais ne résistera pas à Khamenei ; Khamenei a tenté sans succès d’évincer mon père
Le 20 août 2014, le quotidien iranien de l’opposition Kayhan London a publié une interview inédite de Mehdi Hachemi, fils d’Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, datant de 2012. L’interviewer, le journaliste iranien Bijan Farhoudi, explique qu’après avoir découvert que le ministère du Renseignement iranien et les enquêteurs liés au procès en cours de Hachemi avaient obtenu un enregistrement de l’interview, il a voulu éviter toute déformation des ses propos ainsi qu’une utilisation à mauvais escient par le régime. C’est pourquoi il a décidé de la divulguer aujourd’hui.
Dans l’entretien, Mehdi Hachemi révèle que son père et lui-même sont opposés au principe de « loi de jurisprudence » instauré par le fondateur du régime, l’ayatollah Ruhollah Khomeini. Pour lui, le mandat du chef suprême – Ali Khamenei – doit être limité. Le régime iranien, dit-il, est aux mains d’une élite déconnectée de la population, qui demeure au pouvoir car elle contrôle le capital, recourt à la violence et bénéficie du soutien des services de sécurité iraniens.
Selon lui, l’élite dirigeante est divisée par une véritable lutte de pouvoir. Khamenei l’alimente pour créer le sentiment de l’existence d’un débat démocratique dans le pays et ainsi renforcer le régime. En réalité, Khamenei bride la liberté d’expression : quiconque n’appartient pas à l’élite dirigeante – soit la majorité de la population – subit la dictature du régime.
L’Occident, selon lui, pourrait renverser le régime iranien en suivant le précédent libyen, au moyen de frappes aériennes et avec la collaboration de forces locales telles que les Kurdes iraniens.
Concernant les relations complexes de son père avec Khamenei, Mehdi révèle que lors de l’élection présidentielle de 2009, Khamenei avait tenté d’évincer ses deux principaux rivaux : le leader du Mouvement vert et ancien Premier ministre Mir-Hossein Moussavi ainsi que Rafsandjani, après que tous deux eurent contesté le résultat des élections, pour cause de fraude électorale.
Khamenei fut contraint d’accepter la présence de Rafsandjani au régime en raison de l’important soutien d’éminentes personnalités religieuses du régime, et de crainte qu’une éviction de Rafsandjani ne le place dans la posture d’un redoutable leader de l’opposition.
Hachemi évoque ensuite les accusations de corruption à l’encontre de sa famille, au regard de sa grande richesse, et les éliminations politiques auxquelles son père aurait été mêlé.
Mehdi Hachemi, accusé par le régime d’avoir joué un rôle majeur dans les troubles electoraux, a dû quitter l’Iran en 2009. A son retour en septembre 2012, il a subi des menaces de mort de la part d’éléments du régime. En août 2013, des poursuites sur la base de ces griefs et des accusations de corruption politique ont été lancées contre lui. Elles sont toujours en cours.