Le 30 mai 2014, des sources djihadistes rapportaient la mort d’Abou Al-Shaheed Faransi (« Le Français »), membre de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) et figure en vue de la communauté djihadiste francophone. Abou Shaheed aurait été tué au combat contre la branche syrienne d’Al-Qaïda, Jabhat Al Nusra (JN). De violents affrontements ont été signalés pour le contrôle de la région de Deir Al-Zor, riche en pétrole, entre l’EIIL et une coalition de groupes islamistes, y compris JN
Des sources officielles de l’EIIL [1] ont tweeté une photo du visage d’Abou Shaheed le 30 mai 2014, confirmant ainsi la nouvelle de sa mort publiée par les combattants djihadistes sur Facebook. Abou Shaheed avait gagné une certaine notoriété auprès de la communauté djihadiste francophone et des médias traditionnels, auxquels il a donné plusieurs interviews. Ses déclarations et enregistrements – notamment contre Jabhat Al Nusra, suite à des altercations entre les factions djihadistes – ont fait l’objet de différents rapports de MEMRI [2].
Né et élevé en France, Abou Shaheed a séjourné en Belgique, et s’est probablement radicalisé au sein de la communauté salafiste de Bruxelles. Arrivé en Syrie en mai 2013, il a immédiatement rejoint l’EIIL, et a combattu dans ses rangs jusqu’à sa mort. Il recrutait sur le web, diffusait des informations et des messages officiels de l’EIIL dans le cadre des efforts médiatiques francophones du groupe. Il avait laissé sa femme et ses deux enfants à la charge de son jeune frère en France.
Abou Shaheed publiait des photos sur son compte Facebook, et apparaît dans quelques vidéos diffusées par des combattants français et belges de l’EIIL. Sa mort a provoqué les réactions immédiates de ses compagnons djihadistes à son dernier post Facebook. Parmi certains commentaires, on trouve : « Qu’Allah t’accepte parmi les martyrs mon frère et qu’Il fasse que nous te rejoignions au Firdaws [Paradis]… Le rendez vous est donné » ; « On t’aime Akhy [mon frère] » ; « Je jure au nom d’Allah, qu’il y a quelque années, il désirait déjà être shahid, avant même qu’il fasse la hijra, par Allah, il a eté de ceux qui m’ont ouvert les yeux par la grâce d’Allah. Il était doux, calme, avait une connaissance qui m’a apporté beaucoup. Il parler avec dalil. J’aime ce frère, qu’il soit couronné et sanq effroi au Jour du jugement inch’Allah. »
Abou Shaheed a déclaré dans une interview : « Si je suis venu ici, c’est pour mourir en martyr dans cette terre bénie, je suis un enfant de la France, je suis né en France, j’ai fait mes études en France, j’ai fait ma vie en France, la France c’est elle-même qui nous a poussés en fait à se poser les bonnes questions sur notre vie, sur notre réflexion, etc. Vivre son islam dans une démocratie est impossible, c’est incompatible. En ayant posé mon premier pied en Syrie, c’est là que j’ai compris que là était ma place pour combattre. Nous combattons de façon militaire, très structurée, avec beaucoup d’armes, en s’entraînant tout le temps, on combat tout le temps. Nous n’avons pas besoin de la communauté internationale. » [3]
Notes :
[1] Twitter.com / dawlah_i_sh 31 mai 2014.
[2] Voir le rapport du MEMRI JTTM French-Speaking Jihad Fighters In Syria: “France, Soon It Will Be Your Turn”, 7 novembre 2013 ; Voir le rapport de MEMRI JTTM An In-Depth Look At One Of The Facebook/Twitter Networks Of French-Speaking Jihadis Fighting In Syria: Glorifying Jihad In Syria, Condemning “Heretical” France , 17 février 2014 ; Voir le rapport de MEMRI JTTM ISIS French Spokesman: “Woe To The Infidels And The Apostates Facing The Islamic State (ISIS)” , 9 avril 2014
[3] RMC, 10 février 2014, https://www.youtube.com/watch?v=IoJIGfUMzSA