Dans un article du quotidien de l’Autorité palestinienne Al-Ayyam, Hassan Al-Batal affirme que les Palestiniens, sunnites, sont en droit de recourir à la “taqiyya”, notion chiite autorisant la tromperie dans le but de survivre, et à un langage ambigu pour dissimuler leur véritable position et gagner un avantage dans les négociations. Il rappelle que c’est ce que Yasser Arafat avait fait lorsqu’il dût annuler la Charte nationale palestinienne. Extraits de l’article, paru le 21 décembre 2013:
«… Le terme la’am [est une combinaison des mots arabes ‘oui’ et ‘non’] qu’Arafat a empruntée au [leader druze libanais] Kamal Joumblatt lorsque les Palestiniens se sont opposés à l’ingérence de l’armée libanaise [dans leurs affaires] au début de la guerre civile [en 1975]… En effet, Arafat a ensuite utilisé [cette méthode lors d’une conférence de presse en 1989] à Paris, quand il a affirmé que la Charte nationale palestinienne était ‘caduque’.
« J’ai demandé à un collègue sunnite: Est-il permis d’utiliser le concept chiite de taqiyya ? Il a répondu prudemment: Il est possible d’utiliser la tawriyya [au sens différent]…
« La politique connaît [les concepts d’] objection de principe, d’accord de principe, d’accord sous certaines conditions, et de ‘réserves’ ; celles-ci sont en réalité [une tactique de] dérobade [pour quand] le rival américain se trouve en face de vous et l’ennemi israélien derrière vous. Ou, comme l’a dit [le poète arabe] Al-Muttanabi, ‘avec des Grecs derrière vous et en face de vous – vers où vous tourner ?’ C’est ce qu’Arafat a dit au héros défenseur du camp de réfugiés de Chatila [au Liban], Ali Abu Touq, après le départ des forces palestiniennes [du Liban, en 1982, afin de justifier leur exil du pays].
« Kerry sera de retour pour un dixième tour [des négociations] et demandera à Abou Mazen et à Netanyahou leurs réponses. Abou Mazen se tournera vers les ministres des Affaires étrangères arabes et leur demandera une nouvelle réaction à la modification de l’Initiative de paix arabe. Dans le passé, cette initiative comprenait le retrait [israélien] des territoires arabes ; à présent [après cette modification] elle fait référence à un retrait [israélien] et à un Etat palestinien avec quelques rectifications géographiques mineures.
« Ils affirment qu’Abou Mazen a envoyé au président Obama une lettre [contenant] des réserves quant au plan Kerry, ce qui n’est pas sans rappeler les 14 réserves d’[Ariel] Sharon sur le plan Mitchell [sic] [1] pour l’évacuation des colonies établies après 2001.
« Kerry veut éteindre le feu en partant des extrémités pour atteindre le centre – c’est-à-dire [qu’il veut] commencer par la question de la sécurité israélienne et du tracé des frontières, et de là, passer aux problèmes des réfugiés et de Jérusalem… Contrairement à la croyance populaire palestinienne, la mienne est que les négociateurs ne seront pas des proies faciles pour leurs homologues israéliens ou pour le médiateur américain…
« Les Palestiniens ont mené une guerre très ardue à un mauvais moment pour les Arabes, et à présent, ils doivent négocier à un moment encore plus difficile…
« Nous pouvons trouver des solutions novatrices intermédiaires pour une étape intérimaire, de sorte qu’aucune des parties ne soit bafouée. Toutefois, les accords permanents auront à faire face à une mine [sous-marine], à la façon des sous-marins – à savoir la judéité d’Israël. [Résoudre ce problème] est une tâche très difficile…
« A ce sujet, Abou Mazen a déclaré: ‘Ils peuvent s’appeler comme ils veulent, et adopter une résolution de l’ONU disant qu’ils sont un Etat juif. Les [pays] européens, les États-Unis, et tout pays qui le souhaite, peut faire de même – mais nous ne reconnaîtrons pas l’Etat d’Israël [c.-à-d. sa judéité]’.
« [Tout comme] un cocktail de boissons alcoolisées, il y a un cocktail de taqiyya, turiyya et la’am. Nous n’avons pas réussi à [utiliser cette mixtion] en 2000 à Camp David [lorsque le président Clinton a blâmé Arafat de l’échec des négociations], et nous ne voulons pas endosser la responsabilité d’un autre échec. La ‘ruse’ palestinienne doit affronter la ‘tromperie’ israélienne. »
Une du quotidien de l’Autorité palestinienne Al-Ayyam.
Note:
[1] Les réserves portaient sur la feuille de route de 2003, programme politique présenté par George W. Bush pour résoudre le conflit israélo-palestinien. http://www.al-ayyam.com/pdf.aspx?Date=6/10/2008 http://www.al-ayyam.com/pdf.aspx?Date=6/10/2008