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Politique
26 November 2013
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L’accord de Genève ouvre la voie à des changements historiques au Moyen-Orient, orchestrés par le gouvernement américain

Introduction

Cet article est une analyse préliminaire des conséquences pour le Moyen-Orient du « plan d’action conjoint », signé à Genève par l’Iran et les 5+1, le 24 novembre 2013, et des origines de la modification de la politique américaine ayant mené à cet accord. Un changement de politique qui ne concerne pas seulement l’Iran, mais l’ensemble du monde arabo-musulman.

Le rapport suivant s’intéresse aux derniers développements et à l’avènement de changements historiques. Il n’entend proposer un inventaire des bouleversements à prévoir au Moyen-Orient, mais présenter les grandes lignes de ce nouveau positionnement de la politique américaine vis-à-vis du monde arabo-musulman, tel que révélé par l’Accord de Genève, d’en analyser les origines et les conséquences.

La nouvelle politique des États-Unis n’est pas une affaire purement « américaine », visant uniquement à imposer ses priorités intérieures. Elle a des conséquences géostratégiques pour toute la région. Elle façonne même cette réalité moyen-orientale dont nous, au MEMRI, prenons acte quotidiennement via les médias locaux.

La nouvelle initiative des Etats-Unis est historique ; elle ne se limite pas au nucléaire iranien

Depuis son discours de Prague de 2009 sur la non-prolifération nucléaire, le président Barak Obama établissait sa vision d’un monde sans armes nucléaires et promettait à ses alliés au Moyen-Orient d’empêcher l’Iran de s’en doter.

L’accord de Genève, s’il est mis an application (il est permis d’émettre des doutes au vu du passé iranien tissé de mensonges avérés) apporte bien une réponse à la menace d’une bombe nucléaire iranienne pour les six mois à venir. Un accord définitif pourrait également être conclu – uniquement en rapport avec la bombe atomique – qui apporterait également une réponse à cette menace. [1]

Toutefois, le danger présenté par le régime iranien pour l’ensemble de la région et le monde dans son ensemble ne s’est jamais limité au nucléaire. Le danger vient du fait que l’Iran est contrôlé par un régime à l’idéologie islamique révolutionnaire, qui menace ouvertement les autres régimes du Moyen-Orient par ses activités subversives à visée idéologique. Il utilise ses organisations militaires et idéologiques pour exporter la révolution islamique et affaiblir les régimes en place. Concernant les Etats-Unis et Israël, cette menace se manifeste par les slogans « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël » [2]. Sur le plan international, cette menace se manifeste par des efforts visant à affaiblir l’ordre mondial, via ses institutions et résolutions: le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Agence internationale de l’énergie atomique, le Traité de non-prolifération – et par une activité terroriste mondiale, comme la tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, Adel Al-Jubeir, en octobre 2011.

Or l’Accord de Genève renforce considérablement la menace géostratégique représentée par l’Iran pour les pays de la région, et donne un nouvel élan à ses actions subversives sur la scène régionale et internationale [3]. Il octroie à l’Iran le statut hégémonique d’Etat du seuil nucléaire, face auquel les autres puissances du Moyen-Orient ne pourront que se plier, soit en se soumettant à sa suprématie, soit en payant à prix d’or leur sécurité et leur survie.

Ainsi, si l’Accord de Genève supprime la menace de la bombe, il crée une menace multidimensionnelle beaucoup plus sévère pour les pays de la région – tous des alliés de longue date des États-Unis. L’Accord de Genève modifie les rapports de force géostratégiques au Moyen-Orient en détrônant l’hégémonie arabo-sunnite, qui maintient depuis des décennies le statu quo pro-occidental au Moyen-Orient, au profit d’une suprématie iranienne aux relents anti-occidentaux jamais démentis. En tant qu’Etat du seuil nucléaire, un Iran hégémonique constituera avec le temps une menace pour l’Europe et les États-Unis.

Racines de l’Accord de Genève et modification historique de l’équilibre régional


L’accord de Genève trouve sa source dans un changement de position de la politique américaine au Moyen-Orient et dans le monde musulman. Celui-ci découle de l’idéologie du président Obama – exposée ouvertement pour la première fois dans ses discours de 2009 devant le parlement turc et à l’Université du Caire. Ce changement comprend une réconciliation historique entre les Etats-Unis et le régime de la Révolution islamique d’Iran. Il ne se limite toutefois pas à l’Iran, englobant aussi l’ensemble du monde arabo-musulman: l’administration américaine se tourne vers les peuples et les forces révolutionnaires, ignorant les dirigeants.

Dans ses précédentes allocutions aux peuples de la région – à Ankara et au Caire en 2009 – Obama s’est efforcé de présenter l’Amérique, non plus comme une puissance impérialiste disposant de bases militaires dans la région, prêtes à intervenir pour maintenir un statu quo dictatorial, mais comme une nation s’identifiant aux aspirations et aux intérêts des peuples arabo-musulmanes – plutôt qu’à leurs régimes. [4]

Ce changement de politique américaine – dont le paroxysme fut la tentative de réconciliation avec le régime iranien – ne découle pas d’un “affaiblissement de la position américaine”, comme on a pu le lire, mais d’une orientation idéologique, qui s’inscrit dans le courant des révolutions qui balaient le monde arabe depuis fin 2010, et l’intensifie même, pour intégrer les États-Unis au monde arabe et musulman de demain.

L’administration américaine considère en effet le régime révolutionnaire islamique iranien comme légitime et ne cherche pas à le destituer, comme souligné plus d’une fois par ses porte-parole. C’est pourquoi, en juin 2009, elle s’est abstenue de soutenir le mouvement de réforme qui s’est insurgé contre le régime suite aux élections présidentielles. Elle n’a pas non plus inclus dans les sanctions contre l’Iran l’empire économique Setad, qui pèse près de 100 milliards de dollars, du fait qu’il est contrôlé par le bureau du Guide suprême iranien Ali Khamenei. L’explication de l’administration américaine fut qu’en épargnant Setad, elle envoyait un message au régime iranien lui signifiant qu’elle le considérait comme légitime et ne cherchait pas à le faire tomber. [5]

Notons que contrairement aux déclarations des porte-parole de l’administration – associant la récente ouverture américaine à l’élection du président Hassan Rohani, considéré comme « modéré », cette ouverture ne se fonde sur aucun changement tangible en Iran. On a en effet pu apprendre de révélations récentes que les négociations secrètes américano-iraniennes ont été initiées par les Etats-Unis, sous le mandat du président Mahmoud Ahmadinejad, et avant les élections de juin 2013.

Les conséquences à prévoir de l’Accord de Genève


Tout d’abord, il est à prévoir que la région du Moyen-Orient s’orientera vers la nucléarisation. Les signes sont déjà perceptibles, dans les déclarations officielles saoudiennes, égyptiennes et des pays du Golfe. Cette coure au nucléaire pourra conduire Israël à abandonner sa position d’ambiguïté nucléaire. Ainsi, Obama aura atteint le contraire de ses objectifs, tels que présentés dans son discours de Prague de 2009, de non-prolifération des armes nucléaires.

Deuxièmement, en dépit de ses engagements envers ses alliés traditionnels dans la région, la politique de l’administration US ignore leurs intérêts sécuritaires, en particulier ceux de l’Arabie saoudite et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – qui hébergent depuis des années des bases militaires stratégiques américaines – et les intérêts d’Israël. Elle œuvre vers la formation d’un axe nouveau, comprenant les États-Unis et les forces populaires révolutionnaires du monde arabo-musulman, avec l’Iran en tête. [6]

Ce nouvel axe bouleverse l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient en suscitant de nouvelles alliances. Les efforts diplomatiques de l’Iran sont valorisés, afin de faire oublier ses activités de subversion idéologique, ses activités terroristes, et dix ans de mensonges quant à son programme nucléaire – lesquels ont donné lieu à six Résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU s’y opposant. Ce faisant, des commentateurs proches de l’administration Obama présentent l’Arabie saoudite et Israël comme les sources des tensions et des problèmes dans la région. [7] En conséquence, la communauté d’intérêts entre les Etats-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite subit un grave préjudice, tout comme le droit de ces derniers à exiger la protection de leurs intérêts sécuritaires.

Ainsi, ces alliances traditionnelles sont devenues un fardeau pour une politique US tournée vers un nouvel avenir, et les anciens alliés se voient aujourd’hui menacés. Aux yeux de l’administration Obama, ces anciens alliés n’ont aucune raison de voir d’un mauvais œil la réconciliation avec l’Iran – vu que les États-Unis ont promis à Israël d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, et ont offert aux pays arabes un parapluie de défense nucléaire. Le reste – tout ce qui touche au tournant dans les relations entre l’Amérique et les différentes puissances arabo-musulmanes – ne concerne que les Etats-Unis. Ni l’Arabie saoudite ni Israël n’ont leur mot à dire.

C’est ainsi que l’Accord de Genève marque le début d’une crise profonde et durable entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite et les pays du CCG d’une part, entre les Etats-Unis et Israël de l’autre. A partir du moment où les États-Unis ont tendu la main vers un Iran hégémonique qui continue de rivaliser en puissance avec l’Arabie saoudite et le CCG, et de menacer l’existence d’Israël – même sans la bombe – ils ont remis en question la communauté de valeurs et d’intérêts partagés avec leurs alliés traditionnels.

Toutefois, malgré les attentes du président Obama de voir l’Iran répondre à son ouverture, il semble peu probable que les Iraniens et leurs alliés concèdent à son administration la coopération dont elle a besoin pour promouvoir son programme historique. Il est également peu probable que les Etats-Unis gagnent la légitimité, ou même la popularité, escomptés en Iran. Même si l’Iran se conforme à l’Accord, chaque geste en ce sens aura un prix, comme l’a d’ores et déjà précisé le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif, affirmant qu’il n’y a pas de normalisation des relations américano-iraniennes au-delà de l’Accord de Genève. [8]

En outre, l’Iran utilisera son nouveau statut hégémonique nucléaire, sa légitimité récemment acquise et la main tendue du président Obama pour promouvoir sa position sur ​​le plan stratégique et international. Mais il ne le fera pas en coopération avec les États-Unis car le projet idéologique iranien est de bouleverser l’équilibre mondial dirigé par les Etats-Unis, et cherche à atteindre un statut égal ou supérieur à celui des actuelles superpuissances.

Ainsi, ce changement de position historique initié par le président Obama ne peut que conduire à une instabilité régionale accrue. Loin d’apaiser les tensions et conflits existants, il ne fera que les exacerber ; des flambées de violence sont à prévoir, aussi bien dans la région qu’au-delà.

* A. Savyon est directrice du Projet médiatique iranien au MEMRI ; Y. Carmon est président du MEMRI.


Notes:

[1] Rappelons que depuis le début des négociations, l’Iran a déclaré qu’il exigeait la reconnaissance de son programme nucléaire selon le modèle japonais, soit l’obtention du statut d’Etat du seuil nucléaire, voir Enquête et analyse de MEMRI n° 209, Iran Seeks EU Consent for Modeling Its Nuclear Program on the ‘Japanese/German Model’ – i.e. Nuclear Fuel Cycle Capabilities Three Months Short of a Bomb, 23 février 2005

[2] Même pendant les négociations, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a clairement exposé sa position à l’égard des États-Unis et d’Israël.
[3] En outre, l’importance de l’Accord est essentiellement géostratégique. Contrairement à ce qu’ont déclaré les porte-parole du gouvernement américain, l’Accord octroie à l’Iran le droit d’enrichir de l’uranium: l’accord établit les paramètres de l’accord final, énonçant que l’Iran continuera à enrichir de l’uranium sur son sol, même avec les restrictions convenues. Voir Dépêche spéciale de MEMRI The Geneva Joint Plan Of Action According To Iranian President Rohani And Iranian FM Zarif, 24 novembre 2013. De même, contrairement aux déclarations officielles américaines, l’Accord permet bien à l’Iran d’enrichir de l’uranium à 20 % pour la recherche et développement. Et le travail au réacteur de plutonium d’Arak se poursuivra.

[4] Pour exemple, Obama a demandé que les Frères musulmans assistent à son discours à l’Université du Caire, et en Israël en mars 2013, il a refusé de parler devant la Knesset, mais a préféré s’adresser aux étudiants, considérés comme une force potentielle de changement face au gouvernement israélien pourtant démocratiquement élu. [5] Voir l’enquête de l’agence de presse Reuters du 11 novembre 2013.
[6] Notons que l’application dans les faits de toute vision idéologique engendre des compromis et des réserves. Ainsi, en Syrie, le président Obama ne soutient pas les rebelles pour différentes raisons, circonstancielles ou non. Le fait que parmi les rebelles syriens se trouvent des djihadistes et des éléments d’Al-Qaïda joue aussi.
[7] Voir les articles de David Ignatius et Farid Zakaria.
[8] Le ministre iranien des Affaires étrangères Zarif a déclaré en Turquie que l’objectif des pourparlers de Genève n’est que de normaliser les relations avec les États-Unis, ajoutant que si les négociations sont couronnées de succès, Téhéran et l’Occident devront adopter une nouvelle approche. Jomhouri Eslami (Iran), 3 nov. 2013.

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