Dans le contexte d’une éventuelle attaque américaine contre des cibles en Syrie, la tension monte entre le régime syrien et le royaume saoudien. En effet, l’Arabie saoudite joue un rôle prépondérant dans l’aide à l’opposition syrienne et tente, sur la scène internationale, d’amener la destitution du président syrien Bachar Al-Assad.
Le soutien actif de l’Arabie Saoudite au soulèvement syrien est manifeste depuis ces deux dernières années. Le roi saoudien Abdallah bin Abd Al-Aziz fut l’un des premiers dirigeants arabes à briser le silence dans le monde arabe devant les événements en Syrie. En août 2011, il a exigé qu’Assad stoppe « [sa] machine de guerre. » [1] Depuis lors, l’Arabie saoudite dirige, avec le Qatar et la Turquie, le bloc des pays qui défendent l’opposition syrienne, qu’elle a activement soutenue, à la fois sur le plan politique et militaire. Au niveau politique, elle était impliquée dans le choix de la direction politique et militaire de l’opposition syrienne. En outre, les autorités saoudiennes ont appelé à armer l’opposition et à renverser le régime d’Assad. Sur le plan militaire, le royaume a fourni une aide, des armes et des munitions aux rebelles syriens.
Le soutien manifeste de l’Arabie saoudite à l’opposition syrienne a suscité des tensions, et de l’hostilité de la part du régime syrien. Les responsables saoudiens, et notamment le ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal, répètent que le régime du président syrien Bachar Al-Assad, qui « perpètre une extermination de masse systématique de son peuple », [2] a perdu sa légitimité et doit démissionner. Plus d’une fois, ces personnalités officielles ont également appelé la communauté internationale à armer l’opposition syrienne et à adopter une position ferme contre Assad. D’autre part, les responsables syriens, à commencer par Assad lui-même, et son ministre des Affaires étrangères Walid Al-Mu’allem, ont maintes fois accusé l’Arabie saoudite de disséminer des terroristes armés en Syrie, de perpétrer des actes de violence dans le pays et d’être responsable de la mort de milliers de personnes.
La tension entre l’Arabie saoudite et la Syrie a atteint de nouveaux sommets ces dernières semaines. Tandis que le Qatar et la Turquie ont tous deux considérablement revu à la baisse leur rôle dans le soutien à l’opposition syrienne, l’Arabie saoudite s’est pour sa part clairement positionnée à la tête du camp anti-Assad.
Suite aux rapports le 21 août 2013 sur l’attaque chimique à Al-Ghouta, près de Damas, où plus de mille civils syriens ont été tués, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à faire son devoir et à entériner une résolution qui mettrait fin à la tragédie syrienne. [3] Selon lui, le régime d’Assad a « perdu son identité arabe et n’appartient plus à la civilisation arabe ». [4] Le régime syrien, de son côté, a déclaré que l’attaque avait été perpétrée par des « terroristes » armés par l’Arabie Saoudite. [5]
La tension entre les deux parties se manifeste également dans les médias. Les Saoudiens publient des articles fustigeant Assad, le comparant à Hitler et allant jusqu’à souhaiter sa mort, et les médias syriens publient des articles anti-saoudiens dans lesquels ils s’en prennent à sa famille royale et prédisent la disparition imminente du royaume de la carte du Moyen-Orient.
Caricature publiée le 29 août 2013 dans le quotidien Al-Sharq Al-Awsat: Assad (« lion » en arabe) va avoir sa crinière tondue.
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[1] Voir Enquêtes et analyses n° 725 de MEMRI, Gulf and Arab States Break Silence over Syria Crisis, 17 août 2011.
[2] Al-Watan (Arabie Saoudite), 26 juin 2013.
[3] Al-Riyadh (Arabie Saoudite), 22 août 2013.
[4] Al-Riyadh (Arabie Saoudite), 28 août 2013.
[5] Dp-news.com, 25 août 2013.