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29 July 2011
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Intervention militaire du Pakistan pour dominer l’Afghanistan

Introduction

Dans les années 1980, le Pakistan a acquis une grande influence en Afghanistan en combattant du côté de la CIA et des moudjahidine afghans contre l’occupation soviétique en Afghanistan. Au milieu des années 1990, les talibans, soutenus par le Pakistan, ont pris le pouvoir à Kaboul, cimentant l’influence pakistanaise dans le pays. Afin de renforcer davantage les talibans à Kaboul, le Pakistan – avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis – ont reconnu le régime taliban.

L’invasion américaine de l’Afghanistan suite au 11 septembre a déraciné les talibans et par là même considérablement affaibli l’influence pakistanaise en Afghanistan.

Aujourd’hui, les forces américaines préparent leur retrait d’Afghanistan, ce qui donne au Pakistan le sentiment d’une nouvelle occasion de prendre le contrôle en Afghanistan. Dans ce but, le Pakistan a mis en place une campagne à deux volets: militaire d’une part, politico-diplomatique de l’autre, visant à refaire de l’Afghanistan une colonie pakistanaise.

La campagne militaire pakistanaise

Attaques de missiles

En juin 2011, le Pakistan a lancé une série d’attaques de missiles et d’artillerie contre les provinces de Kunar et de Nangarhar dans l’Est de l’Afghanistan, tuant des dizaines de civils. En pleine campagne pakistanaise, le ministère afghan des affaires étrangères a manifesté sa préoccupation, avertissant le Pakistan que “la poursuite de tels incidents pourraient influer négativement sur la confiance et la coopération entre la République islamique d’Afghanistan et la République islamique du Pakistan”. [1]

Les législateurs afghans ont sévèrement condamné les attaques de missiles pakistanaises, évoquant une “invasion”, et estimé qu’elles reflétaient la “malhonnêteté” du Pakistan dans les pourparlers bilatéraux avec le gouvernement afghan, censés renforcer le processus de paix en Afghanistan [2]. Reprochant au gouvernement Karzaï son silence face aux attaques de missiles, le législateur afghan Farhad Azimi a déclaré: “Je veux demander aux responsables gouvernementaux pourquoi ils qualifient le Pakistan d’ami quand celui-ci envoie des missiles en Afghanistan.” [3]

Les services de renseignements afghans, la Direction nationale de la sécurité (DNS), a accusé l’armée pakistanaise d’être derrière les attaques de missiles. Lotfullah Mashal, porte-parole de la DNS, a confié à des reporters que le Pakistan s’efforçait depuis longtemps de déstabiliser l’Afghanistan en soutenant les talibans dans les régions tribales du Pakistan, “mais cette fois l’armée pakistanaise va plus loin dans ses interventions, bombardant lourdement l’Afghanistan au grand jour.” [4]

Le président afghan Hamid Karzaï a fait allusion aux attaques pour la première fois le 26 juin, accusant le Pakistan d’avoir lancé 470 missiles dans les provinces de l’Est de l’Afghanistan. [5] Une résolution parlementaire afghane du 4 juillet 2011, demandant au Conseil de sécurité de l’ONU et à l’Organisation de la conférence islamique (OCI) d’augmenter les pressions diplomatiques sur le Pakistan, ont qualifié les attaques pakistanaises sur Kunar, Nangarhar, Khost et Paktia d'”invasion” pakistanaise. [6]


Réagissant aux accusations, l’armée pakistanaise a nié avoir pris l’Afghanistan pour cible. Le général Athar Abbas, porte-parole de l’armée, a évoqué des opérations internes qui auraient pu atteindre accidentellement l’autre côté de la frontière. [7]

Il convient de noter que les attaques de juin contre l’Afghanistan n’étaient pas une première: début février, des avions pakistanais bombardaient déjà des postes de police afghans et des habitations civiles dans les provinces afghanes de Nangarhar et Khost. Selon le site taand.com, ces attentats avaient pour but de mettre en garde le président Karzaï contre une visite en Inde ce même mois. [8]

Les attaques de missiles du mois de juin de l’armée pakistanaise furent accompagnées d’incursions des talibans pakistanais soutenues par le régime pakistanais. Dans un témoignage du 2 juillet 2011 devant le parlement afghan, le ministre de la Défense Abdul Rahim Wardak déclarait que deux hélicoptères pakistanais étaient dernièrement entrés en territoire afghan. [9] Le 5 juillet 2011, Aminullah Amarkhel, commandant de la police des frontières afghane, rapporte que des centaines de combattants parmi les talibans pakistanais – avec le soutien de l’armée pakistanaise – ont traversé la frontière pour entrer dans la province afghane du Nuristan, où ils ont attaqué des avant-postes de police et incendié des habitations. [10]

Sabotage des efforts des armées et des renseignements américains et britanniques

La campagne militaire pakistanaise visant à prendre le contrôle de l’Afghanistan s’est accompagnée de l’expulsion d’officiers américains et britanniques du Pakistan. Selon un rapport du 21 avril des médias pakistanais, quelques 500 employés de la CIA ont été priés de quitter le Pakistan au début de l’année. [11] Fin juin, le ministre pakistanais de la Défense Chaudhry Ahmed Mukhtar a révélé que le Pakistan avait demandé à la CIA de quitter la base aérienne de Shamsi dans la province pakistanaise du Baluchistan, d’où des drones sont envoyés pour surveiller ou attaquer les refuges talibans dans les régions tribales du Pakistan. [12] En outre, 18 entraîneurs britanniques ont été priés de quitter les lieux. [13]

La campagne politique et diplomatique

En parallèle, le Pakistan a redoublé d’efforts diplomatiques et politiques pour renforcer son influence sur l’Afghanistan et affaiblir celle de l’Occident.

Sabotage des négociations entre les Etats-Unis et les talibans

En juin 2011, le Pakistan a informé les Etats-Unis que les négociations entre les Etats-Unis et les talibans ne pourraient parvenir à un accord sans la participation du Pakistan. [14] Pour renforcer le message pakistanais, les talibans, avec le soutien du Pakistan, ont perpétré des attentats suicides à Kaboul, Kandahar, Jalalabad et d’autres villes afghanes. Lotfullah Mashal, porte-parole de la direction nationale de la sécurité en Afghanistan, a déclaré: “Malheureusement, les pays voisins, et en particulier l’armée pakistanaise, ont poursuivi leurs interventions sous différentes formes, allant d’attentats suicides, à des explosions sur le bas-côté des routes, à des attaques sous forme de commandos contre des hôtels, des mosquées et des hôpitaux.” [15]

Le Pakistan présente des demandes écrites à Karzaï, dans le but d’assujettir l’Afghanistan

Le 16 avril 2011, l’ensemble de la direction pakistanaise (hormis le président Assif Zardari) s’est déplacée vers Kaboul pour des pourparlers bilatéraux avec les dirigeants afghans. [16] Selon des rapports parus dans les médias afghans, le Premier ministre pakistanais Youssouf Raza Gilani a présenté à Karzaï une série de requêtes écrites: l’Afghanistan doit rompre ses relations avec les Etats-Unis et nouer des liens avec la Chine ; il doit tenir le Pakistan informé de l’entraînement et du nombre des effectifs des forces de sécurité afghanes ; l’Afghanistan doit nommer des responsables pakistanais aux institutions gouvernementales afghanes ; il doit préciser la nature de la participation pakistanaise aux projets miniers et de développement afghans. En outre, les futurs gouvernements afghans doivent appliquer les stratégies pakistanaises, et le Pakistan doit être tenu au courant de tout accord entre l’Afghanistan et ses alliés occidentaux, y compris les Etats-Unis et l’OTAN. [17]

Il peut sembler outrancier de dire que le Pakistan a demandé à incorporer des responsables pakistanais aux institutions gouvernementales afghanes. Ce n’est toutefois pas une requête sans précédent. Dans les années 1990, alors que l’Afghanistan se trouvait sous contrôle taliban, des ressortissants pakistanais avaient déjà servi dans le gouvernement afghan.

L’armée pakistanaise tente d’influer sur l’avenir de l’Afghanistan

Lors de ces pourparlers, il a également été décidé d’établir une commission pakistano-afghane à deux niveaux, composée de responsables militaires et gouvernementaux, dont le général en chef de l’armée pakistanaise Kayani et le lieutenant général en chef des services de renseignements pakistanais (ISI) Shuja Pasha. Le seul but d’une telle commission a été d’octroyer un rôle à l’armée pakistanaise et à l’Inter-Services Intelligence en Afghanistan, vu que les deux pays avaient auparavant une commission pakistano-afghane. Ainsi, pour la première fois, l’armée pakistanaise s’est officiellement encastrée dans une institution qui décidera de l’avenir de l’Afghanistan. S’exprimant à l’issue des pourparlers de Kaboul, le président Karzaï a dit: “Le Premier ministre pakistanais, l’état-major et le chef de l’agence de renseignements vont maintenant représenter le pays au sein de la commission pour la paix, chargée de trouver un moyen de parvenir à un accord de paix avec les talibans.” [18]

Karzaï instruit de former des relations avec la Chine

Lors des pourparlers du 16 avril, dans un effort pour affaiblir l’influence occidentale dans la région, le Premier ministre Gilani a en outre demandé au président Karzaï de nouer des relations avec la Chine. Selon un rapport paru dans le journal en pashto khedmatgar Wrazpanra, les Pakistanais ont demandé aux dirigeants afghans d’établir des relations stratégiques avec la Chine plutôt qu’avec les Etats-Unis, expliquant que les Etats-Unis avaient été vaincus en Afghanistan et que la Chine était dès lors un meilleur allié, aussi bien pour le Pakistan que pour l’Afghanistan. Gilani a en outre conseillé aux Afghans de ne pas autoriser une présence à long terme des forces américaines sur leur sol. [19]

Le ministre pakistanais de la Défense confirme le plan visant à impliquer les talibans pakistanais au règlement afghan

Le Pakistan et l’Afghanistan ont mené une série de discussions bilatérales dans le but de négocier la paix avec les talibans afghans soutenus par le Pakistan. [20] De toute évidence, tout accord comprendra des concessions face aux talibans afghans. Il semble toutefois que le Pakistan aussi s’efforce d’inclure les talibans pakistanais, avec le soutien de l’armée et des renseignements pakistanais, aux négociations. C’est ce qui transparaît clairement de la déclaration du 28 juillet du ministre pakistanais de la Défense, dans laquelle il a fait savoir que les talibans afghans et pakistanais participeraient tous deux au processus de paix: “Le gouvernement [du Pakistan] sait où se trouvent les talibans (pakistanais) et où ils sont basés, et ce n’est pas un problème de les contacter. Nous aurons des discussions avec les talibans”, a déclaré Mukhtar. [21]

Un commentateur politique afghan: “Le gouvernement du Pakistan considère l’Afghanistan comme une colonie”

Les Afghans ont considéré les demandes pakistanaises comme de l’ingérence non déguisée dans les affaires intérieures afghanes. Le commentateur politique Noor Ul-Haq Ulomi a accusé le gouvernement Karzaï d’accepter l’hégémonie pakistanaise et de collaborer au plan pakistanais au moyen des pourparlers bilatéraux. Dans une interview pour la télévision afghane TOLO News, il relève que le fait que les dirigeants afghan et pakistanais soient des “amis proches” avait été “occulté”, et a ajouté: “Le Pakistan n’a jamais été honnête avec nous.” [22] D’autres commentateurs politiques ont accusé le gouvernement pakistanais d’avoir enfreint les normes diplomatiques en exigeant des concessions majeures de l’Afghanistan. L’ancien politicien afghan Sulaiman Layag a déclaré: “Le gouvernement pakistanais considère l’Afghanistan comme une colonie pakistanaise. Si le Pakistan offre véritablement ces conditions au gouvernement afghan, c’est qu’il méprise l’indépendance de l’Afghanistan.” [23]

* Tufail Ahmad est directeur du projet d’études d’Asie du Sud au MEMRI (www.memri.org/sasp ) ; Y. Carmon est président du MEMRI.


[1] www.tolonews.com (Afghanistan), 24 juin 2011.

[2] www.tolonews.com (Afghanistan), 21 juin 2011.

[3] www.tolonews.com (Afghanistan), 21 juin 2011.

[4] www.tolonews.com (Afghanistan), 29 juin 2011.

[5] www.dawn.com (Pakistan), 26 Juin 2011.

[6] Roznama Husht-e-Subh (Pakistan), 5 juillet 2011.

[7] Dawn (Pakistan), 28 juin 2011. Bien que des activistes afghans aient dernièrement effectué des incursions dans les régions pakistanaises de Dir, Bajaur et au Waziristan, les commanditaires de ces incursions sont inconnus et le Pakistan ne les a pas citées comme raison aux attaques de missiles de juin contre Afghanistan

[8] www.taand.com (Afghanistan), 4 février 2011.

[9] www.wahdatnews.com (Afghanistan), 2 juillet 2011.

[10] www.pajhwok.com, Afghanistan, 5 juillet 2011.

[11] Roznama Aaj (Pakistan), 21 avril 2011.

[12] The Express Tribune (Pakistan), 30 juin 2011.

[13] The News (Pakistan), 27 juin 2011.

[14] Dawn (Pakistan), 21 juin 2011.

[15] www.tolonews.com (Afghanistan), 29 juin 2011.

[16] La délégation pakistanaise incluait le Premier ministre Youssuf Raza Gilani, le ministre de l’Intérieur Rehman Malik, la jeune ministre des Affaires étrangères Hina Rabbani Khar, aux Affaires étrangères, le ministre de la Défense Chaudhry Ahmad Mukhtar, le général en chef Ashfaq Pervez Kayani, le lieutenant général des services de renseignements Shuja Pasha et le secrétaire de la Défense Salman Bashir.

[17] www.tolonews.com (Afghanistan), 19 avril 2011; Roznama Ummat (Pakistan), 20 avril 2011.

[18] The News (Pakistan), 17 avril 2011.

[19] Wrazpanra Khedmatgar (Afghanistan), April 30, 2011.

Le plan pakistanais visant à affaiblir l’influence américaine en Afghanistan apparaît également dans la visite du 17-20 mai du Premier ministre Gilani en Chine. Celle-ci a été considérée comme un geste sans précédent de la part du Pakistan pour encourager ses relations diplomatiques et militaires avec la Chine et affaiblir l’influence américaine et indienne en Afghanistan. Voir à ce sujet: “China Warns U.S.: ‘Any Attack on Pakistan Would Be Construed As an Attack on China’ – Evolving Pakistani-Chinese Alliance to Face the U.S./India,”
http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/840/5317.htm

[20] Alors que les Etats-Unis et l’Afghanistan évoquent des négociations de paix avec les talibans et d’autres activistes, les talibans n’ont jamais, pour leur part, confirmé qu’ils prenaient part à des pourparlers de paix avec les Etats-Unis. Toutefois, le Hizb-e-Islami (ainsi que certains groupes talibans) semblent être favorables aux négociations, à condition que les Etats-Unis fixe une date de retrait complet d’Afghanistan

[21] The Express Tribune (Pakistan), 29 juin 2011

[22] www.tolonews.com (Afghanistan), 19 avril 2011.

[23] www.shamshadtv.tv (Afghanistan), 30 avril 2011.

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