Le 4 septembre, le bureau du président afghan Hamid Karzaï a déclaré la formation d’un Haut conseil pour la paix chargé des pourparlers avec les talibans en Afghanistan. [1] La déclaration a été faite après la tenue d’une réunion présidée par Karzaï en présence de hauts responsable et d’anciens chefs moudjahidine, pour débattre des étapes finales de la création officielle de ce Haut conseil pour la paix.
La formation du Haut Conseil pour la paix fait partie des initiatives du président Karzaï pour tenir des pourparlers de paix avec les talibans, une stratégie ayant pour but de réintégrer les activistes à la société afghane en leur accordant des emplois dans l’administration et la police. L’initiative de Karzaï bénéficie du soutien des Etats-Unis et de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais, qui appuient les talibans. L’ISI souhaite que certains chefs talibans intègrent le gouvernement de Kaboul à l’issue des pourparlers. [2]
Selon le site tolonews.com, le Haut Conseil pour la paix sera composé de près de 50 membres, dont des civils, des femmes, des anciens activistes, des membres de l’opposition et du gouvernement. [3]
Ces derniers mois, l’ISI poursuit une politique duelle consistant d’une part à soutenir les pourparlers secrets avec les talibans pour gagner un point d’appui à Kaboul, d’autre part à encourager les talibans à intensifier leurs attaques contre les Etats-Unis et les troupes de l’OTAN en Afghanistan. [4]
La perspective d’un retour des talibans au pouvoir à Kaboul à l’issue des pourparlers est source de préoccupation pour l’Inde, qui a injecté des centaines de millions de dollars dans des travaux de reconstruction en Afghanistan. En conséquence, l’Inde réévalue sa politique afghane.
Le Dr Abdullah, le général Dostum et Amrullah Saleh tentent de former une coalition anti-talibans
Selon un rapport paru dans le journal afghan Wrazpanra Weeza, l’Inde et d’autres puissances régionales s’efforceraient de mettre en place une coalition anti-talibans. [5]
Ces dernières semaines, certains anciens chefs de l’Alliance nord, qui se sont retrouvés au pouvoir après que les Etats-Unis eurent délogé les talibans du pouvoir en 2001, ont tenu des pourparlers secrets avec les responsables indiens dans le but d’établir une alliance anti-talibans en Afghanistan. [6]
Le quotidien en pachto cite une “source fiable” qui s’est exprimée sous condition d’anonymat, affirmant que le général Abdul Rachid Dostum, le Dr Abdullah et Amrullah Saleh se sont séparément entretenus avec des responsables indiens. [7] En plus de ces trois chefs, le ministre afghan des Affaires étrangères Zalmay Rassoul et le conseiller pour la sécurité nationale, Rangin Dadfar Spanta, se sont également rendus en Inde dernièrement. [8]
Ces trois chefs sont connus pour leur position ferme anti-talibans et anti-ISI. Le général Dostum, chef du parti Junbish-i-Milli Islami, est un ancien chef de milices ouzbèk qui s’est battu contre le régime taliban. Le Dr Abdullah Abdullah, ancien ministre afghan des Affaires étrangères, était le principal concurrent de Karzaï lors des élections présidentielles d’août 2009. Amrullah Saleh a été dernièrement démis de ses fonctions ; il était à la tête de la sécurité nationale
* Tufail Ahmad est directeur du projet en ourdou et pachto de MEMRI.
[1] www.president.gov.af , Afghanistan, September 4, 2010.
[2] In recent months, Pakistan Army chief General Ashfaq Kayani and Lt.-Gen. Shuja Pasha, who succeeded General Kayani as the Inter-Services Intelligence chief, have emerged as Pakistan’s chief coordinators of relations with Kabul while the civilian government in Islamabad plays no role. For a critical analysis of ISI’s role in Afghanistan, see Heading Towards a Taliban Takeover of Afghanistan, MEMRI Inquiry & Analysis Series Report No. 630.
[3] www.tolonews.com (Afghanistan), September 5, 2010.
[4] For an analysis of how Afghan President Karzai has a “virtually impossible choice of negotiating with the Taliban through the Pakistani military leadership,” see Growing complexity of Afghan riddle, The Hindu (India), September 6, 2010.
[5] Wrazpanra Weesa (Afghanistan), September 5, 2010.
[6] Wrazpanra Weesa (Afghanistan), September 5, 2010.
[7] Wrazpanra Weesa (Afghanistan), September 5, 2010.
[8] For an analysis of the importance of Afghan government leaders’ recent visits to New Delhi, see A refreshing sight, www.deccanherald.com (India), accessed September 7, 2010.