Pour consulter l’intégralité du rapport, vous devez être membre du JTTM (Jihad and Terrorism Threat Monitor Project). S’inscrire:
http://subscriptions.memri.org/content/en/member_registr_jttm.htm
Introduction
L’idéologie de la “résistance” – muqawama – est un aspect essentiel de la pensée politique arabe moderne. Dernièrement toutefois, le concept de résistance – et plus particulièrement ses manifestations au cours de ces dernières années -, sont devenus la cible de progressistes arabes. Cet article entend présenter les grandes lignes de ces critiques et les circonstances de leur émergence.
Le libéralisme arabe était un courant marginal au Moyen-Orient dans la deuxième moitié du XXème siècle ; ce n’est que récemment qu’il est revenu sur le devant de la scène. Un certain nombre de facteurs ont permis cette résurgence: en premier lieu, le déclin de la gauche dans le monde et au sein du monde arabe en particulier a conduit un certain nombre d’Arabes marxistes à épouser les idées libérales. Parmi ces derniers se trouvent des personnalités telles Hazem Saghieh, commentateur politique libanais au Al-Hayat, l’intellectuel tunisien Lafif Lakhdar et l’intellectuel syrien Georges Tarabishi. Ce phénomène rappelle la conversion de grands intellectuels occidentaux marxistes, tel l’historien français François Furet, au libéralisme. Plus significatif toutefois que l’évolution intellectuelle d’individus spécifiques: l’éclipse du marxisme de la Russie et de l’Europe de l’Est, et la démocratisation d’une grande partie du Tiers Monde, ont conduit à une adoption tacite du modèle libéral du progrès. Ainsi, les penseurs arabes soucieux de la modernisation de leurs sociétés ne sont plus contraints de choisir entre deux modèles concurrents de modernité.
Autre facteur ayant contribué à la résurgence du courant progressiste: les attentats du 11 septembre 2001. Le choc de ces attentats qui trouvent leurs sources dans le monde arabe a apporté aux intellectuels arabes, notamment d’Arabie saoudite et des Etats du Golfe, l’élan nécessaire au réexamen des fondements de la société arabe moderne. Un progressiste saoudien résume ce tournant comme suit: “Merci, Ben Laden. Sans vous, nous serions encore prisonniers des années 1990, des sessions d’étude avec Ibn Taymiyya, à manger à la table d’Ibn Kathir, avec des malades qui font la queue à la clinique d’Ibn Al-Qayyim et à nous tourner vers Ibn Hanbal pour trouver des solutions à nos crises de civilisation.”
Le développement de ces nouveaux courants intellectuels a été facilité par la modification de la structure des médias arabes. Les Etats du Golfe, conscients de la menace à leur stabilité représentée aussi bien par le radicalisme sunnite que par un Iran résurgent, ont permis au courant libéral de s’exprimer dans une certaine limite, notamment dans des journaux tels qu’ Al-Siyassa et Awan (Koweït), ou le quotidien saoudien Al-Watan. Cette évolution coïncide avec le développement des médias électroniques dans le monde arabe, la création de sites progressistes tel Elaph, Middle East Transparent, Aafaq, Al-Awan et d’autres. Ce sont ces sites en particulier qui ont permis un plus grand degré de liberté d’expression et la création de réseaux d’auteurs dans différents pays, comparables à une “République des Lettres” arabe progressiste.
Des événements récents ont déplacé l’attention de ces auteurs vers le problème de la résistance islamiste: la guerre en Irak, la victoire électorale du Hamas et le coup d’Etat de Gaza, ainsi que la prise de pouvoir par le Hezbollah à Beyrouth. La réaction arabe progressiste fustige en premier lieu le programme islamiste de ces groupes, mais certains sont allés plus loin en se donnant pour mission de revoir intégralement le concept de “résistance” dans la société arabe.
Voir le rapport complet: http://www.memrijttm.org/content/en/report.htm?report=3086.
* Daniel Lav est directeur du projet de MEMRI sur les Réformistes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.