Le 11 décembre 2007, deux voitures piégées ont explosé à Alger. C’est le plus gros attentat depuis la “décennie noire” des années 1990. Dans un communiqué daté du même jour, Al-Qaïda au Maghreb islamique (anciennement Groupe salafiste pour la prédication et le combat) revendique les attentats, qui reçoivent le nom de Sufyan Abu Haydara, l’un de leurs commandants tué par l’armée algérienne en octobre 2007. Les noms divulgués des deux bombes humaines responsables de l’attentat sont Abdel Rahman Abu Abdel Nasser Al-Assimi et le cheikh Ibrahim Abu Othman.
Des informations sur ces deux auteurs d’attentats suicides ont été diffusées suite à l’attentat. Le “cheikh Ibrahim Abu Othman”, qui a pris pour cible le siège de l’ONU dans le quartier de Hydra, n’était autre que Rabah Bechla, qui avait rejoint des groupuscules de djihad au milieu des années 1990. Bechla, âgé de 64 ans, était une bombe humaine atypique. Il avait apporté son soutien au FIS (Front islamique du salut) avant que celui-ci ne devienne illégal au début des années 1990, et après s’être vu refuser le soutien gouvernemental qui lui était dû en tant que fils de “martyr”, terme utilisé en Algérie pour qualifier les personnes tuées au cours de la guerre d’indépendance. Ses enfants ont confié aux reporters qu’ils lui avaient demandé de quitter le GSPC et de profiter de la politique de Réconciliation nationale, ce qu’il avait refusé de faire. Sa famille vit dans l’indigence, sa femme est décédée d’un cancer, mais son fils aîné Younes affirme que c’est l’ignorance, et non la pauvreté, qui a conduit son père à se faire exploser.
“Abdel Rahman Abu Abdel Nasser Al-Assimi”, qui a pris pour cible le siège du Conseil constitutionnel dans la région de Ben Aknoun, était un ancien membre du GIA (Groupe islamique armé) âgé de 31 ans du nom de Larbi Charef. Il avait été gracié dans le cadre de la Réconciliation nationale et avait rejoint le GSPC seulement quelques jours après sa libération. Son père, Mouloud Charef, a déclaré que l’acte de son fils ne l’a pas honoré, et qu’il ne comprenait pas comment il avait pu se faire exploser parmi des musulmans, précisant: “Nous ne sommes pas au milieu de Juifs, où je pourrais imaginer que mon fils agisse de la sorte”.
Lire en anglais les réactions aux attentats publiées dans la presse algérienne: http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP178807.