Différents medias rapportent qu’en Iran, des émeutes ont eu lieu sur plusieurs campus universitaires de Téhéran ces derniers jours. Le quotidien réformateur en ligne Rooz précise que plus de 500 éléments appartenant à des unités anti-émeutes ont assiégé le campus de l’Université de Téhéran et que des heurts ont opposé étudiants insurgés d’une part, forces de police et du Basij de l’autre.
Les émeutes ont explosé dans le sillage des protestations étudiantes contre la mise à la retraite forcée de conférenciers de l’Université de Téhéran et les tentatives gouvernementales de contrôler l’université. Ces événements ont coïncidé avec la commémoration du « 2 de Khordad », le jour du mois perse de Khordad où Mohamed Khatami fut élu président iranien pour la première fois (23 mai 1997). [1]
Pendant les émeutes, huit leaders étudiants ont été arrêtés et, selon des témoins oculaires cités par Rooz, 25 étudiants du campus ont été blessés, dont cinq gravement. Des témoins oculaires ont rapporté que des étudiants scandaient des slogans contre le régime, tels que « Nous ne voulons pas d’énergie nucléaire » et « Oubliez la Palestine – pensez à nous. »
Les témoins ont en outre rapporté que les forces de sécurité iraniennes avaient tiré à balles réelles, à partir d’habitations extérieures à l’université. Un étudiant a confié à Rooz: « Le campus de l’université est en feu, il y a des descentes dans tout le campus, et les étudiants sont pris de peur et d’anxiété… On entend des coups de feu de tous côtés… Il y a du sang partout. » [2] On rapporte aussi que les lignes téléphoniques de l’université ont été coupées.
Selon d’autres témoins, « les unités de police anti-émeutes ont pénétré dans le campus équipées de casques, de boucliers et de matraques, et ont frappé les étudiants avec tant de violence que beaucoup ne peuvent même plus marcher ». Un garde de sécurité du campus a raconté à un reporter de Rooz: « On nous a dit que nous pouvions recourir à la violence contre les étudiants, mais ne pas les frapper à la tête ou au visage, afin d’éviter les marques. On nous a dit de ne pas respecter les étudiants, à moins qu’ils ne soient membres de l’association étudiante Basij. »
Un étudiant raconte: « Ils envoient du renfort contre les émeutes [dans le campus]. J’estime qu’ils sont environ 3 000… Il y a aussi une forte présence des forces Ansar-e Hizbullah en voiture et à moto. Ils ont également fait venir plusieurs voitures de pompiers [pour disperser les étudiants]… » [3] L’un des reporters relate: « Les reporters qui sont venus couvrir les événements ont été arrêtés par les gardes de sécurité de l’université ; personne n’était autorisé à pénétrer [sur le campus]. » [4]
La police locale a affirmé que seule une centaine d’étudiants avait participé aux émeutes, mais selon les témoins oculaires cités par Rooz, près de 3000 des 4000 étudiants appartenant au campus y ont participé, plus 2000 étudiants du campus de la faculté de droit et de sciences politiques. [5]
Le quotidien ultra-conservateur Kayhan, proche du Guide suprême Ali Khamenei, a qualifié les leaders étudiants de « représentants américains du Congrès [des Etats-Unis] à l’Université de Téhéran » et a rapporté que « hier après-midi, des forces illégales ont manifesté dans les salles [de l’université] après que plusieurs membres de la faculté eurent été obligés de démissionner [pour se mettre à la retraite]. » Selon Kayhan, les organisateurs de la manifestation ne sont même pas des étudiants mais sont extérieurs à l’université. [6]
Morteza Talai, commandant de la Police métropolitaine de Téhéran, a raconté à l’agence d’information des étudiants iraniens (INSA) qu’« à 21h 30, 100 étudiants se sont rassemblés aux portes de l’université, et de vingt à trente d’entre eux ont commencé à lancer des pierres, des bâtons et des bombes incendiaires sur les maisons environnantes. » Le rapport continue: « …la police a fait preuve de retenue et, jusqu’à 5h 30 du matin, s’est efforcée de freiner les manifestants qui lançaient des bombes incendiaires… mais [les étudiants] ont persisté… C’est seulement au matin que la police a fait une descente [dans le campus] et à 7h du matin, elle avait déjà arrêté plusieurs personnes et dégagé la zone, avec l’aide des forces municipales… Pendant cette activité, trois étudiants ont été blessés en tentant de grimper sur le toit d’un immeuble dortoir. »
Photos des manifestations du site Iran Focus [7]
[1] Le « Second de Khordad » est le nom du mouvement de réforme iranien, lequel a été durement réprimé ces dernières années par les conservateurs iraniens ; il n’a pas aujourd’hui de représentation politique.
[2] Rooz, le 25 mai 2006: http://r0ozonline.com/01newsstory/015805.shtml
[3] Rooz, le 25 mai 2006: http://r0ozonline.com/01newsstory/015805.shtml
[4] Rooz, le 25 mai 2006: http://r0ozonline.com/01newsstory/015805.shtml
[5] ISNA, le 25 mai 2006: http://www.isna.ir/Main/NewsView.aspx?ID=News-723636&Lang=P
Rooz, le 25 mai 2006: http://r0ozonline.com/01newsstory/015805.shtml
[6] Kayhan, le 25 mai 2006: http://www.kayhannews.ir/850304/2.HTM#other207
[7] Iran Focus, le 25 mai 2006: http://www.iranfocus.com/modules/news/article.php?storyid=7312