En réaction au choix par le Time Magazine du Président américain George W. Bush comme «homme de l’année», le quotidien gouvernemental égyptien Al-Akhbar a publié un éditorial intitulé «Bush, Hitler et l’homme de l’année». Voici des extraits de cet éditorial: [1]
«Le choix par la revue américaine Time Magazine du président américain, George W. Bush, comme homme de l’année 2004 fut un second coup porté au monde, qui ne s’était pas encore remis du choc provoqué par son élection à un second mandat de président.
Tandis que Washington s’apprête à célébrer le [second] mandat, des festivités qui coûteront quarante millions de dollars, une somme record dans l’histoire américaine, le Time Magazine a élaboré une liste des raisons l’ayant amené à porter son choix sur Bush comme Homme de l’année. [Les raisons] sont les suivantes: le fait qu’il ait gardé la main sur ses pistolets (littéralement et au sens figuré), le fait qu’il ait façonné les règles de la politique pour les adapter à son style de cow-boy [et] le fait qu’il ait persuadé une majorité d’électeurs qu’il méritait d’être à la Maison Blanche pour quatre années supplémentaires.
Les deux éditorialistes du magazine ont décrit leur rencontre avec Bush l’homme de l’année, celui-ci étalé dans son fauteuil préféré dans le bureau ovale de laMaison Blanche. Ils se mirent à imaginer que des faucons [2], plutôt que des colombes, avaient fait leur nid dans l’arbre de Noël après qu’il eut choisi la moitié des ministres de son Cabinet parmi les faucons.
Cela n’a absolument pas dérangé Bush que le sondage de l’opinion publique le crédite du taux de popularité le plus bas jamais atteint par un président récemment réélu et sur le point d’entamer son second mandat présidentiel. Les critiques qui lui sont adressées [ne l’ont pas dérangé non plus] dans la mesure où il répondit calmement: «Il arrive que vous soyez défini par vos critiques». Cette déclaration signifie que le Président Bush évalue ses progrès en fonction des ennemis qu’il se fait. En conséquence, il n’est pas surprenant que Bush déclare: «Ma présidence a provoqué des virulentes critiques, que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan international, mais je suis convaincu que les décisions que j’ai prises feront du monde un endroit meilleur [ sic ].» [3]
Le choix de personnalités figurant dans les «personnalités ayant compté en 2004» fut aussi une surprise, celle-ci comprenant Iyad Allawi, le Premier ministre intérimaire irakien, et Hamid Karzai, le premier président élu d’Afghanistan.
La vraie surprise fut le choix de faire figurer dans la liste le Premier ministre israélien Ariel Sharon après qu’il soit sorti indemne d’un scandale de corruption et après la mort de son ennemi juré Yasser Arafat. Le magazine s’est demandé si le faucon israélien deviendra un conciliateur une fois que sera élue une nouvelle direction palestinienne.
Il n’y a aucun doute que le monde fut surpris par le fait que le choix se soit porté sur Bush, qui au cours de son premier mandat a mené le peuple américain à deux guerres. Dieu seul sait ce qui l’attend pendant son second mandat.
Pour que Bush, Sharon et consorts ne soient pas pris de l’ivresse d’avoir été considérés comme les personnalités de l’année, nous leur rappelons à tous les deux que le Time Magazine avait choisi Adolf Hitler comme Homme de l’année en 1939, un homme qui entraîna le monde entier dans la plus grande catastrophe de l’histoire moderne.»
[1] Al-Akhbar (Egypte), 24 décembre 2004. Pour consulter l’article du Time Magazine, voir http://www.time.com/time/personoftheyear/2004/story.html
[2] Bien qu’il soit écrit dans l’article du Time «des aigles plutôt que des colombes», Al-Akhbar emploie le mot suqur (faucons).
[3] Les propos «mais je suis convaincu que les décisions que j’ai prises feront du monde un endroit meilleur» n’apparaissent pas dans l’article du Time Magazine.