L’élection présidentielle aux Etats-Unis à venir a été suivie de près dans le monde arabe et musulman. Cependant, à la différence de l’élection précédente, lorsque George W. Bush était le candidat favori des Arabes et des musulmans, actuellement il n’y a aucune tendance claire au soutien de l’un ou l’autre candidat dans les médias du Moyen-Orient. De plus, la plupart des officiels arabes de haut rang n’expriment pas leur opinion sur la question. 1
Alors que certains articles soutiennent le Président Bush ou le sénateur Kerry, d’autres expliquent que les déclarations des deux candidats sur les questions du Moyen Orient montrent que l’un n’est pas meilleur que l’autre. Cependant, un certain nombre de groupes représentant les Arabes et les musulmans aux Etats-Unis ont exprimé leur soutien au sénateur Kerry. Voici quelques exemples des réactions dans les médias arabes et iraniens à ces élections:
Si vous étiez Palestinien, […] Irakien, Syrien, Saoudien ou Egyptien, pour qui voteriez-vous?
Abd Al-Rahman Al-Rashed, l’ancien rédacteur en chef duquotidien londonien en langue arabe Al-Sharq Al-Awsat et le directeur général d’Al-Arabiyya TV, a écrit deux articles consécutifs pour Al-Sharq Al-Awsat, intitulés «Si vous étiez un Palestinien ou un Saoudien, pour qui voteriez-vous?» et «Si vous étiez Irakien, Syrien ou Egyptien, pour qui voteriez-vous ?» dans lesquels il analyse les positions des principaux pays arabes sur l’élection aux Etats-Unis.
Dans le premier article, il écrit: «Les Palestiniens ne sont satisfaits par aucun président qui quitte la Maison Blanche – et un mois plus tard, ils pleurent à cause de chaque nouveau président et reconnaissent que son prédécesseur n’était pas aussi mauvais que lui. Le plan pour l’avenir de Kerry surpasse celui de son rival Bush en terme de parti pris pro-Israélien. [Kerry] a un passé de soutien inconditionnel à Israël au Sénat, en accord avec le parti Démocrate, qui favorise l’état juif. Nous ne devons pas oublier que Kerry, qui est en tête dans les scrutins, cherche également à rester à la Maison Blanche pendant huit années et essayera inévitablement de plaire aux juifs davantage.
Concernant Bush, la vérité est qu’il est le seul président à s’être publiquement engagé à soutenir l’établissement d’un état palestinien […] et il est le seul président américain à s’être engagé à reconnaître un état palestinien indépendant. Et peut-être est-il [également] le seul qui puisse le faire au cours des quatre années à venir, [car il sera] moins sujet à la pression, comme l’a fait son prédécesseur, Bill Clinton, qui a donné aux Palestiniens le plus grand espoir qu’ils n’aient jamais eu de leur histoire entière à être libérés de l’occupation.
En ce qui concerne les Saoudiens – aussi en colère qu’ils soient contre Bush, ils ne réalisent peut-être pas l’énormité du danger auquel ils sont confrontés depuis les attaques du 11 septembre. Il n’y a aucun doute [que Bush] a fait preuve de bon sens lorsqu’il a rejeté les nombreuses pressions médiatiques et politiques [appelant à] faire de l’Arabie Saoudite une cible sur le plan politique et peut-être également au niveau militaire, prétendant qu’elle était la source de la nouvelle menace fondamentaliste […]. Si Kerry était au pouvoir, peut-être que la face de l’histoire aurait été différente, et que nous désirerions ardemment les demandes mineures de Bush, à savoir changer quelques mots dans des programmes scolaires, des retards dans l’émissions de visas ou la surveillance des organisations qui se qualifient d’associations caritatives.» 2
Au sujet de l’Irak, il a écrit: «Quelles que soient les complaintes au nom des Irakiens apparaissant dans les médias arabes, la plupart des Irakiens se sont réjouis de ce que Bush a fait. La persécution et l’oppression dans leurs existences justifiaient la guerre. Mais selon l’opinion de certains Irakiens, le maintien [du régime] de Bush pourrait entraver la possibilité de réconciliation […]. Ainsi, [à leur avis] la montée au pouvoir de Kerry sera un pont pour dissiper la pression permanente, et par conséquent, le sacrifice de Bush pourrait signifier la sauvegarde de son projet irakien.
En ce qui concerne les Syriens, ils désirent la chute de Bush davantage que le reste des Arabes, dans l’espoir que l’incitation politique interne et la pression externe prendront fin. Si Bush obtient un deuxième mandat, la Syrie sera, selon l’opinion de beaucoup, sa prochaine cible. Fixer la Syrie comme cible sera, pour les Républicains, la première d’un grand nombre de solutions régionales compatibles avec [leur] grand plan politique pour la région. Si Kerry gagne l’élection, il ne fera pas la paix avec la Syrie – en raison de conflits réels liés à la sécurité de ses forces en Irak, il ne se retirerait pas non plus dans les quatre années à venir – mais dans le même temps il ne se lancerait pas dans des aventures militaires inutiles.
Les Egyptiens préfèrent toujours le nouveau; chaque nouveau président leur attache une grande importance [comme médiateurs] afin de résoudre ses problèmes dans la région. Cette coûteuse médiation [égyptienne] est inutile pour un ancien président tel que Bush, particulièrement au vu de sa haine croissante pour Arafat, la fin de la crise avec Al-Qaddafi, son interposition directe concernant le Soudan et le dégoût du Caire pour l’intervention directe à Bagdad. Même la “rue” égyptienne, enflammée par les médias contre Bush, souhaite que Bush quitte [la Maison Blanche], davantage que Kerry […].» 3
Les régimes arabes préfèrent Bush, alors que les populations le détestent
Certains chroniqueurs ont fait une distinction entre les régimes arabes, qu’ils disent appuyer Bush, et les masses arabes, qui sont hostiles envers lui. Le chroniqueur ‘Ali Ibrahim écrit dans le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat: «La région du Moyen Orient suit l’élection américaine plus qu’aucune [autre] en raison du rôle croissant des États-Unis dans [la région]. Dans le passé, l’intérêt [pour les élections aux Etats-Unis] était dans la plupart des cas [strictement] au niveau gouvernemental. Mais aujourd’hui, l’intérêt a atteint le niveau populaire. Ceci est du au fait que l’intervention des Etats-Unis ne se limité pas uniquement au conflit Arabo-Israélien, mais couvre également des sujets régionaux [tels que la guerre en] Irak, la réforme dans la région, la guerre contre le terrorisme et ainsi de suite […].
Ce n’est pas un secret qu’au niveau populaire Bush n’a gagné aucune popularité dans la région. [Bush] est un président de période de guerre, comme il l’a dit lui-même après le 11 septembre […] [tandis que] Kerry est un nouveau visage. Par contre, au niveau intergouvernemental, il est plus facile d’entretenir des relations avec un président connu [car] ses politiques et ses engagements [sont déjà] connus; des contacts ont déjà été établis avec les piliers de son gouvernement et des liens ont été noués avec eux au cours des années. Par conséquent, le deuxième mandat [de Bush] sera une continuation de sa politique, alors que le nouveau président aura besoin de temps pour que les piliers de son gouvernement soient remplacés et étudient les sujets brûlants. Seulement après, décidera-t-il de la politique a suivre […]. La région ne peut pas se permettre d’attendre.» 4
Raghida Dughram a écrit dans sa chronique dans le quotidien londonien en langue Arabe, Al-Hayat: «La plupart des gouvernements arabes ont décidé [de miser sur] George W. Bush pour un deuxième mandat, puisqu’ils ont déjà conclu que les élections présidentielles aux Etats-Unis sont déjà jouées en faveur du candidat Républicain. Beaucoup de gouvernements, parmi lesquels on trouve l’Irak, la Syrie, l’Arabie Saoudite, le Soudan, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie et le Liban agissent en fonction de la supposition que le candidat Démocrate John Kerry perdra […].
La motivation à accueillir des conférences [avec les États-Unis] et prendre le risque de coopérer et de renforcer les liens entre [leurs services] de renseignement [et ceux des États-Unis] représentent le «vote» des gouvernements arabes pour Bush dans l’élection présidentielle aux Etats-Unis […].
Le [pari] des gouvernements arabes sur un deuxième mandat de Bush intervient dans un flot de haine populaire envers le président américain et envers sa politique pour la région, à commençer par la guerre en Irak et incluant le soutien pour Israël aux dépens des Palestiniens. Ces gouvernements ont tiré la conclusion qu’ils préfèrent «aider» Bush dans les élections, de sorte que Bush les exempte peut-être du changement de régime qu’il recherche.» 5
Le chroniqueur Al-Sayed Radhwan écrit dans le quotidien libanais Al-Mustaqbal: «La plupart des régimes arabes pensent qu’il est dans leur intérêt de rester avec Bush Jr., même s’ils sont quelque peu préoccupés par son administration […]. Le public arabe, par contre, désespère considérablement de l’Amérique en général et de l’administration Bush en particulier […]. Mais cette tendance n’est pas la tendance des régimes arabes en général […]. La plupart des régimes aujourd’hui, même s’ils ne le déclarent pas explicitement – excepté l’ambassadeur saoudien à Washington, le Prince Bandar – pensent qu’il vaut mieux pour eux de rester avec le Président Bush pendant encore quatre années.» 6
Il n’y a pas de différence entre les politiques de Bush et de Kerry, en conséquence il importe peu qui sera élu
Le ministre syrien de l’informationMahdi Dahlallah a déclaré à la chaîne de télévision Al-Manar, affiliée au Hezbollah: «Peu importe qui sera le président américain, si les relations Syro-libanaises s’affaiblissent et, en conséquence, si la résistance s’affaiblit […] alors les Arabes seront plus faibles et le nouveau président américain sera sujet à une pression israélienne totale. Qu’il s’agisse de Bush ou de Kerry, il présentera les solutions israéliennes et les Arabes devront les accepter.» Il poursuivit: «La question n’est pas [de savoir] qui sera président des Etats-Unis. Ce n’est pas important. [La question est] comment les Arabes […] et comment la Syrie et le Liban […] exerceront une contre-pression de façon globale en vue d’entraîner une politique relativement équilibrée.» 7
Galal Dwidar, le rédacteur en chef du quotidien gouvernemental égyptien Al-Akhbar a écrit: «Les deux adversaires se sont affrontés lors de leur débat en mettant l’accent sur la détermination de Washington à mettre en œuvre une politique de «deux poids, deux mesures» à l’égard de toutes les questions arabes et islamiques – en tout premier lieu la question des armes de destruction massive, que l’agressif Israël est autorisé à détenir tandis qu’il est interdit à tout pays arabe ou islamique de seulement imaginer utiliser à des fins pacifiques. Bush et Kerry, influencés par la tendance à la flatterie et l’hypocrisie à l’adresse du vote sioniste – malgré l’évocation d’un différends entre eux – ont insisté sur le fait que la guerre en Irak était destinée à défendre les intérêts d’Israël. Afin d’éviter de perdre un seul vote juif ou sioniste, tous deux s’assurèrent de ne parler à aucun moment d’avancer vers une solution pacifique auMoyen Orient.
Après le débat Bush-Kerry, il n’y a pas de place pour l’optimisme. Nous devons réaliser que la solution à nos problèmes, en tant qu’Arabes et en tant que musulmans se trouve uniquement entre nos mains et que la solidarité arabe est la seule voie vers le salut […].» 8
La chaine Iqra TV, possédée par des saoudiens, organisa un débat politique le 24 mars. Le modérateur interrogea les intervenants sur leurs opinions concernant le vote pour Kerry ou Bush, «Monsieur, pensez-vous que l’électeur américain votera pour Kerry en réaction à la position de Bush fils qui soutient Sharon en permanence?» Abd Al-Qader Yassin, un homme politique et écrivain palestinien, se refusa à faire un choix, comparant celui-ci à devoir choisir «entre la peste et le choléra». 9
La solution est d’exercer une influence par la mise en place d’un lobby arabo-islamique aux Etats-Unis
Dans sa rubrique dans le quotidien koweitien Al-Siyassa, Muhammad Zein a écrit: «En ce moment, nous sommes préoccupés par les élections présidentielles américaines. Nos dirigeants et intellectuels suivent ces élections comme si elles étaient une des questions fondamentales pour le destin arabe. Je me souviens lorsque Bush fils remporta la précédente élection, les Arabes exprimèrent une grande satisfaction car ils pensaient que la politique de Clinton, qui était parti pour ne plus jamais revenir, était [une politique] de «deux poids, deux mesures». [Cela était dû au fait qu’] il [Clinton] favorisait Israël et mit en oeuvre des pressions et des menaces contre les Palestiniens afin qu’ils cèdent sur des questions importantes telles que Jérusalem et le retour des réfugiés.
[A cette époque], nous avons lu certains commentaires et analyses politiques arabes selon lesquelles Bush fils ferait preuve de solidarité avec les affaires de la Nation islamique et arabe et qu’il ferait montre d’une plus grande solidarité avec la cause palestinienne. L’arrivée de Bush [suscita une telle] satisfaction qu’ [ils imaginaient] que durant son mandat, les Etats-Unis allaient probablement se battre contre Israël aux cotés des Arabes […].
Aujourd’hui, la plupart des intellectuels arabes et certains dirigeants arabes soutiennent John Kerry. Ils espèrent que Kerry gagne et que Bush, qui abandonna la nation arabe et vint en aide à la nation hébraïque, tombera. Cela montre que l’esprit arabe n’a pas mûri et ne fonctionne pas en fonction de la situation et de ses évolutions et ne retient aucune leçon heure après heure et jour après jour.
L’esprit arabe croit toujours que la politique d’Israël, des Etats-Unis ou de l’Europe est le fait d’un seul homme ou de certaines personnes. L’esprit arabe est encore convaincu que la politique du mondeextérieur [au monde arabe] change lorsque les gens changent et que si Sharon, qui nous a servi des herbes amères, s’en va, cela signifie que quiconque viendra à sa suite sera mieux que lui. Si Bush s’en va, Kerry sera-t-il plus proche de notre cœur et de nos sensibilités? […]
Au lieu d’être satisfait par l’arrivée d’un nouveau dirigeant, [les Arabes] doivent réfléchir à un nouveau mécanisme qui s’adaptera à la réalité dans laquelle nous vivons. Nous devons commencer à penser mettre en place un lobby arabo-islamique aux Etats-Unis pour œuvrer à l’unité de nos politiques étrangères et pour exercer une influence sur la prise de décision américaine […].» 10
Les Arabes et lesmusulmans des Etats-Unis appellent à voter Kerry
Le Comité d’Action Politique de l’American Muslim Taskforce a rendu publique une déclaration appelant à soutenir le sénateur Kerry. La déclaration proclamait: «Nous sommes convaincus que notre vote est le meilleur garant de nos droits civiques et la meilleure expression de notre citoyenneté. Malheureusement, l’administration Bush s’est montrée insensible aux libertés civiles et aux droits fondamentaux des musulmans américains, des arabo-américains et des Sud-Asiatiques. Aujourd’hui, les musulmans américains sont traités en citoyens de second rang. Les musulmans américains sont également désabusés par un certain nombre de politiques intérieures et étrangères instituées par l’administration Bush depuis les attentats du 11 septembre […].
Conscients des désaccords avec le sénateur Kerry sur certaines questions intérieures et internationales, la guerre en Irak y compris, nous sommes désireux de travailler avec lui pour l’aider à rétablir le respect des procédures légales et d’une justice équitable conformément à la Constitution des Etats-Unis.» 11
James Zogby, le président de l’Institut des Arabes Américains a écrit un article intitulé «Mon vote», publié dans plusieurs journaux arabes édités en anglais: «En novembre, je voterai pour John Kerry comme Président des Etats-Unis […]. Un dangereux et arrogant groupe idéologique à la Maison Blanche et au Pentagone ont trompé notre nation pour s’engager dans la guerre […]. Le peuple américain, le peuple irakien, le monde, l’image et la stature de notre nation dans le monde, payent le prix de cette tromperie et de cette arrogance […].
Je pense que les Arabes américains seront mieux servis par la coalition de militants pacifistes et de groupes de minorités qui comprennent la base du parti Démocrate qu’ils ne le seront par la coalition Républicaine conduite par la droite religieuse et par les idéologues néo-conservateurs. […] Je pense que nos préoccupations seront mieux comprises par le parti formé de: Jimmy Carter, Bill Clinton, Jesse Jackson et de membres du Congrès comme John Conyers, John Dingell, Marcy Kaptur, Dennis Kucinich, Jim Moran, Nick Rahall, Maxine Waters et tant d’autres ardents défenseurs de la paix et de la justice. […].” 12
L’Iran et l’élection présidentielle américaine
L’attitude de l’Iran à l’égard des Etats-Unis est unique. L’hostilité à l’adresse des Etats-Unis est une pierre angulaire du régime iranien depuis plus de 25 ans. L’Iran est le seul pays du Moyen-Orient qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec les Etats-Unis.
A la perception des Etats-Unis comme leur principal ennemi depuis le 11 septembre et ses suites subséquentes vient s’ajouter la crainte dans laquelle vit l’Iran d’être encerclée par les forces américaines de toutes parts. 13 L’Iran est actuellement également confrontée à une décision de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique relative à son dossier nucléaire et les Etats-Unis font pression sur cette dernière pour qu’elle transfère le dossier au Conseil de Sécurité de l’ONU. 14 En conséquence, c’est un postulat de base en Iran qu’une victoire de Bush serait pire pour l’Iran, car elle impliquerait selon toute vraisemblance une intensification de la pression contre lui. 15
Néanmoins, au niveau officiel, les conservateurs iraniens tout comme les réformistes n’ont aucune préférence. Dans un éditorial, le quotidien réformiste Aftab-e Yazda écrit:«Le monde ne voit pas de différence fondamentale dans la diplomatie américaine [entre les administrations Démocrates et Républicaines] à propos du Moyen Orient et de l’Iran […]. Les élections américaines se sont [toujours] articulées et gagnées autour de questions intérieures américaines […]. Certains hommes politiques [iraniens] pensent que si le candidat Démocrate John Kerry remplace le Président Bush, cela donnera un coup de fouet à l’initiative de paix au Moyen orient.Mais ce n’est pas le cas.» 16
S’exprimant dans la même veine, le quotidien réformiste Sharq a publié un éditorial assurant que le sénateur Kerry est comme George Bush et qu’aucun changement de politique à l’égard de l’Iran ne devait être attendue en cas de victoire Démocrate. Le journal affirma que Kerry avait besoin de «l’argent juif» tandis que Bush, ne pouvant accomplir un troisième mandat, sera libre d’appliquer sa véritable politique et d’accroître la pression sur l’Iran. 17
Le Dr Ibrahim Yazdi, l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères et dirigeant en exil du Mouvement Iranien Pour la Liberté, un groupe d’opposition, a exprimé son soutien explicite au sénateur Kerry, affirmant que s’il était président, il serait plus positif pour l’Iran. Dans un article dans le quotidien réformiste Sharq, Yazdi a écrit que Bush était le «nouveau Messie» des juifs et qu’une fois réélu il poursuivrait sa politique unilatérale à l’égard du Moyen Orient et de l’Iran. Bush, qui ne pourrait être réélu pour un troisième mandat, sera libre d’appliquer sa politique avec une plus grande détermination, tandis que si Kerry gagnait l’élection, selon Yazdi, il chercherait la coopération et le respect des pays de l’Union Européenne et même la coopération avec le Japon, la Chine et la Russie. En conséquence de cette politique de coopération, les Etats-Unis et l’Europe modifieront leur politique à l’avantage du programme nucléaire iranien. 18
*Y. Yehoshua est Directeur de recherche pour le MEMRI
1 Parmi les peu nombreuses personnalités à avoir exprimé leur opinion figurent l’ancien Premier minister malaisien Mahathir Mohammad, qui appela les musulmans américains à “Votez pour faire sortir Bush. Il s’agit véritablement d’une ibadah (rituel) auquel vous prenez part […] [Assurez-vous que] Bush ne puisse dicter notre destin pendant quatre ans de plus.” (http://www.gulf-daily-news.com/story.asp?Article=94422&Sn=WORL&IssueID=27213).
Le ministre des Affaires étrangères palestinien Nabil Shaath déclara à la BBC: «Si Kerry gagne, il est raisonnable d’imaginer que l’equipe Clinton sera de retour et cela est une bonne chose» (Voir Al-Dustour, Jordanie, 18 octobre 2004). Cependant, le lendemain il déclara lors d’une conférence de presse à Londres qu’il «ne s’attendait à aucun changement significatif dans la politique américaine aussi bien si le candidat Démocrate prend la direction de la Maison Blanche ou si Bush y reste», Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 18 Octobre 2004.
Le Secrétaire-Général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a déclaré: «Nous ne pouvons faire sortir l’Amérique d’Irak mais nous pouvons faire sortir Bush de la Maison Blanche si nous échauffons la situation en Irak.» Amir Taheri, New York Post, 18 Aout, 2004.
2 Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 16 octobre 2004.
3 Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 17 octobre 2004.
4 Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 26 octobre 2004.
5 Al-Hayat (Londres), 2 octobre 2004.
6 Al-Mustaqbal (Liban), 14 octobre 2004.
7 Al-Manar TV (Liban), 21 octobre 2004. Voir MEMRI TV, http://memritv.org/Transcript.asp?P1=300
8 Al-Akhbar (Egypte), 3 octobre 2004.
9 Iqra TV (Arabie Saoudite), 24 Mars 2004. MEMRI TV Clip No. 13: http://wwsw.memritv.org/Search.asp?ACT=S9&P1=13
10 Al-Siyassa (Koweït), 24 octobre 2004.
11 Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 22 octobre 2004.
http://www.americanmuslimvoter.net/images/special/AMT%20GIVES%20QUALIFIED%20ENDORSEMENT.doc
12 Jordan Times (Jordanie), 19 Octobre 2004; Al-Ahram Weekly (Egypte), 21 Octobre 2004; Syria Times (Syrie), 22 octobre 2004.
13 C’est-à-dire, encercler l’Iran par l’Afghanistan, les pays du golfe, l’Irak, la Turquie en qddition à l’influence américaine des pays d’Asie centrale. Le quotidien réformiste Aftab-e Yazd appela les réformistes et les conservateurs à cesser de jouer des jeux de fierté et de s’unir pour faire face aux Etats-Unis, particulièrement quand «aujourd’hui, que nous le voulions ou non les Etats-Unis nous entourent […] des quatre côtés.» Aftab-e Yazd (Iran), 24 octobre 2004.
14 Voir MEMRI Enquêtes et Analyses No. 191: ” L’Iran repousse l’offre européenne de combustible nucleaire “, 21 octobre 2004; Enquêtes et Analyses No. 189: ” La crise de la politique nucléaire iranienne”, 21 septembre 2004; Enquêtes et Analyses No. 181: ” Le débat intérieur en Iran – Comment répondre à la pression exercée par l’Occident contre son programme nucléaire”, 17 Juin 2004.
15 Néanmoins, le Secrétaire du Conseil de la Sécurité Nationale iranien, Hassan Rohani, en charge des pourparlers avec l’Europe et l’AIEA à propos du dossier nucléaire iranien, a déclaré en réponse à la question si l’Iran ne préfèrerait pas voir Kerry le Démocrate à la Maison Blanche que «il ne nous importe pas quel parti gagnera l’élection – nous n’avons pas vu de faveurs de la part des Démocrates et en conséquence nous ne nous réjouirons pas si les Démocrates gagnent». Rohani se tourna vers l’audience occidentale et affirma « Nous ne devons pas oublier que la plupart des sanctions et des pressions économiques furent mises en application contre l’Iran sous l’administration Clinton […] Nous ne craignons pas les Etats-Unis, car même si les Républicains gagnent, ils se sont déjà rendu compte que, du moins dans la région, l’agression et les actes de brutalité auront pour seule conséquence la remise en question de leurs intérêts […] Nous devons également garder en mémoire que sous Bush, il y eut des slogans sévères, creux et sans fondement, [mais] aucune action concrête ne fut prise contre l’Iran.» Voir AP, 19 octobre 2004.
16 Aftab-e Yazd (Iran), 24 octobre 2004.
17 Sharq (Iran), 19 juillet 2004.
18 Sharq (Iran), 11 Septembre 2004.