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6 August 2004
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Une offensive des nationalistes contre les réformistes Arabes

Les progressistes arabes, dont les voix se font de plus en plus entendre depuis le 11 septembre et qui utilisent l’Internet comme leur principale tribune, font l’objet d’attaques permanentes de la part de leurs adversaires islamistes et pan arabistes. Dans son émission hebdomadaire sur Al-Jazirah, le modérateur Dr. Faysal Al-Qassem résuma les principales critiques qui leur sont adressées:«Si seulement nous n’avions pas censuré les progressistes arabes traditionnels (…) Au moins, ils étaient nationalistes, alors que les nouveaux libéraux arabes sont aux côtés du Fascisme et du Sionisme (…) Ne sont-ils pas plus proches des néo-conservateurs américains qui sont en train de détruire le monde, que des vrais libéraux(…)? Ne sont-ils pas eux aussi des ennemis de l’Islam, de l’Arabisme, du nationalisme, de la résistance armée et de toutes les valeurs nobles, arabes et islamiques? Pourquoi se tournent-ils aveuglément vers tout ce qui vient de l’Occident? Pourquoi encouragent-ils et glorifient-ils la normalisation avec Israël? Pourquoi décrivent-ils les Etats-Unis comme un ange bienveillant venu nous sauver de nos propres démons (…)? Pourquoi exemptent-ils nos ennemis de toute responsabilité pour l’archaïsme du monde arabe? Pourquoi méprisent-ils les peuples qui ont épousé les valeurs arabes et islamiques? Comment se fait-il que les néo-libéraux arabes fassent des appels à la tolérance tout en étant les premiers à accuser [ les autres ] d’hérésie? Le libéralisme ne promeut-t-il pas l’acceptation des autres et la collaboration entre toutes les tendances? Pourquoi appellent-ils à l’éviction des Islamistes et des défenseurs du Panarabisme? Les néo-libéraux ne sont-ils pas plus radicaux et fondamentalistes qu’ Oussama ben Laden ? Pourquoi s’opposent-ils aussi frontalement à quiconque les contrarie? Est-ce du Libéralisme ou un Fondamentalisme répugnant ? Sont-ils ni plus ni moins qu’une cinquième colonne (…)?» [1]

Tout au long de l’émission, le Dr. Faysal Al-Qassem a pris le parti des opinions opposées aux libéraux arabes et dix jours plus tard, il exprimait ses vues dans un article publié par le quotidien londonien pro-Saddam Al-Quds Al-Arabi . Dans son article, il opère une distinction entre «les vrais libéraux», qu’il appelle «les nationalistes libéraux », et les «néo-libéraux», qu’il condamne. L’intervenant progressiste dans l’émission, le Dr. Shaker Al-Nabulsi, a écrit lui aussi un article pour expliquer son point de vue. Il fut publié simultanément par le site réformiste Elaph.com et les quotidiens Al-Siyassa (Koweït), Al-Mada (Irak) et Al-Ahdath Al-Maghribiya (Maroc). Nous vous proposons des extraits des articles de Al-Qassem et d’Al-Nabulsi:

Dr. Faysal Al-Qassem: Les nationalistes libéraux arabes – un modèle d’intégration de la lutte pour la démocratie à la lutte pour le nationalisme et la sauvegarde des valeurs et des intérêts arabes

«Tout d’abord, je dois reconnaître que les libéraux arabes peuvent être de genres différents et qu’il est injuste de les mettre tous dans le même panier. Parmi eux, certains sont des nationalistes convaincus qui ne sont pas intoxiqués par la culture et l’idéologie occidentales, et pensent pouvoir trouver de l’intérieur, des solutions patriotiques aux problèmes et afflictions que rencontrent les Arabes dans les domaines politique, économique et culturel. Ils soulèvent des milliers d’interrogations à propos des plans et des initiatives américaines dont le but affiché est de promouvoir la réforme et la démocratie dans la région. De plus, ils s’opposent à l’Amérique et ses visées, ils rejettent toute réforme venant de l’extérieur et refusent de coopérer avec quiconque prétend apporter [ de telles réformes ] dans les pays arabes. Ils s’engagent à figurer en première ligne du combat contre toute force venant de l’Ouest qui viendrait à attaquer un pays arabe et parfois ils accusent de traîtrise ceux qui coopèrent avec les puissances étrangères sous couvert de mettre en œuvre la démocratie et de débarrasser les pays arabes des dirigeants despotiques.

Cette tendance de libéraux arabes se caractérise également par son soutien à la lutte sous toutes ses formes, même lorsqu’ils sont en désaccord idéologique avec ceux [ qui mènent ] la lutte (…) Ils accueillent favorablement les actions des mouvements de lutte car ils remplissent un devoir national qui mérite respect et estime, ce qui indique qu’ils prennent part au combat pour la liberté et s’opposent à toute normalisation avec Israël. Dans le même temps, ce type de libéralisme lutte ardemment pour l’émancipation des pays arabes du despotisme et de la tyrannie tellement décriés et mène le combat pour sauvegarder les droits de l’homme, même au prix de leur emprisonnement.

Ces ‘nationalistes libéraux’ représentent une petite minorité et n’ont qu’une voix fluette en comparaison de la grosse voix des libéraux arabes qui imitent les Américains et dansent la Debka [ une danse folklorique arabe ] sur un rythme yankee (…) Ils remplissent les sites Internet et une partie de la presse libérale d’un flot croissant de cacophonie libérale et rejettent tout ce qui est Arabe, nationaliste et Islamique. En outre, cette sorte de libéraux, qui singe les Américains, parfois n’hésite pas à comparer leurs compatriotes nationalistes libéraux avec les Islamistes et les Panarabistes, uniquement parce que ce sont des patriotes qui refusent de se jeter dans des bras étrangers.

Je pense que nous avons un besoin urgent de cette catégorie d’Arabes libres qui combinent le combat pour la démocratie avec celui pour le nationalisme et la sauvegarde des valeurs, des intérêts et des droits des Arabes».

Les ‘néo-libéraux arabes’ – une ressemblance frappante avec les néo-conservateurs aux Etats-Unis

A ceci s’oppose la tendance libérale la plus influente et faisant le plus écho (…) Elle est dominante et suscite un intérêt manifeste dans les médias électroniques, la presse, les magazines et le médias arabes, qui sont soutenus par les USA et prétendent au libéralisme. Je souligne le mot ‘prétendent’ car le libéralisme, dans sa signification authentique, n’est en rien responsable du libéralisme arabe, dans la mesure où le libéralisme dans sa définition occidentale signifie pour une personne de croire au progrès, à la réforme, à l’amélioration des droits individuels et à la diffusion de la tolérance et de l’émancipation. De telles valeurs font défaut chez de nombreux défenseurs des néo-libéraux arabes.

‘Nouveau’ n’est pas nécessairement synonyme de bon. Cela peut être aussi ce qu’il y a de plus repoussant, ignoble, vil et dépravé. Les néo-conservateurs américains en sont un très bon exemple. Leur nom est associé à tout ce qui est choquant aux Etats-Unis. Ils ont prémédité l’invasion de l’Irak et l’exploitation de ce pays vaincu; ils attisent les conflits religieux, agressent d’autres pays, font de l’Amérique une dictature et font fi des valeurs, lois et pratiques internationales. Ils sont imbus d’idéologies fanatiques et méprisent les autres peuples et la démocratie (…)

Il semble que les ‘néo-libéraux arabes’, qui font fréquemment l’objet d’éloges de la part des Sionistes, aient trouvé leurs partenaires avec les néo-conservateurs américains. Il y a une ressemblance frappante entre les deux tendances dans la mesure où elles font revêtir à des belles valeurs comme le libéralisme et le conservatisme politique une nouvelle apparence hideuse (…) Tout comme les néo-conservateurs [ américains ] s’en prennent à l’Islam et concoctent dans le secret, des plans diaboliques pour le frapper en son cœur (…) [ en font autant ] les néo-libéraux arabes, qui n’ont actuellement d’autre but que de salir la réputation de la culture et de la religion islamiques par diverses méthodes et de dépeindre ses dirigeants comme les responsables de tous les maux, des retards et du déclin.

Il semble que tout article publié par les partisans de ce mouvement contient des flèches empoisonnées visant délibérément tout ce qui est islamique, au point que l’un d’entre eux a qualifié, sur un ton haineux, les femmes voilées des rues du Caire de ‘tentes qui marchent’. Il y a une grosse part de haine à l’égard de tout ce qui est islamique dans leurs propos. Un autre néo-libéral arabe n’a pas hésité à décrire le Sheikh Ahmed Yassine , le fondateur du Hamas , comme un cheikh terroriste dégénéré qui a plongé toute la région dans un abîme dont personne ne connaît l’issue (…)

Même l’idéologie du Panarabisme n’a pas échappé aux flèches des néo-libéraux, étant donné qu’ils considèrent que c’est une idée rétrograde et chauvine qui aurait dû être enterrée depuis longtemps (…) Je suis persuadé que les auteurs affiliés à cette tendance m’attaqueront durement pour le simple fait d’avoir prononcé le mot principes, car selon eux c’est un mot répugnant et mauvais qui est absent de la culture Arabe et Islamique. Ce qui est le plus alarmant et troublant chez les néo-libéraux est leur emploi du terme de ‘nation’ Arabe ou Islamique. C’est encore, à leurs yeux, un terme ignoble qui n’existe pas, bien qu’ils sachent que leur Samuel Huntington bien-aimé, auteur de la théorie du clash des civilisations, est un fervent défenseur de sa propre nation occidentale, au point de craindre les autres cultures.

Je ne vois aucune différence entre leur position à l’égard de l’Islam et de l’Arabisme et celle des auteurs sionistes présomptueux. En fait, certains auteurs néo-libéraux pourraient être situés à la droite de Sharon, Mofaz et Netanyahou sur le plan de la haine et du mépris de l’Islam et de l’Arabisme. Ils s’écartent du libéralisme qui, dans sa signification authentique, n’encourage pas à s’en prendre aux autres idéologies et les anéantir. Il n’y a certainement aucun mal à réclamer de l’amélioration et du recul à propos d’une idéologie, tant que cela ne se traduit pas par un appel à l’éliminer, comme le font les néo-libéraux arabes dans leurs écrits à propos de l’Islam, de l’Arabisme et des idées nationalistes».

L’opposition des néo-libéraux à la résistance [ armée ]

«La résistance [ armée ] est [ également ] un terme vil, méprisable et dégénéré dans le vocabulaire des néo-libéraux. Quiconque y fait allusion est voué à leurs éternelles gémonies. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit parmi les néo-libéraux avoir un mot positif à propos du Hezbollah, du Hamas palestinien ou des mouvements de Jihad [ Islamiques ] . Et lorsque ce fut le cas, c’était par mesure de précaution [ pour camoufler leurs véritables opinions ] .

Nombreuses sont les insultes qu’ils lancent en direction des martyrs palestiniens [ les terroristes suicides ] , qui ne disposent que de leur corps pour défendre leur mère patrie et la libérer des mains des usurpateurs. Ils soutiennent que la résistance irakienne se résume à des actions de terrorisme et de sabotage dont les coupables devraient être annihilés [ …) car ils causent du tort à leurs maîtres, les Anglo-Saxons et les Francs.

En plus de leur mépris pour l’Arabisme, l’Islam et la lutte nationale, il s’avère que nos néo-libéraux(…) languissent pour Tel-Aviv, même s’ils tentent de le dissimuler. Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant qu’ils fassent partie de ceux qui soutiennent la normalisation avec les Israéliens en invoquant des faux prétextes difficiles à digérer. Quand ils citent des auteurs de référence, ce ne sont que des noms Hébreux et Occidentaux comme Shlomo, Mordechi, Oz, Shahak et Michelle, comme si la culture Arabo-islamique était dénuée de personnages illustres dans les domaines de la littérature, la politique et la culture(…)

Ce qui caractérise certainement le plus singulièrement leur analyse de la situation Arabe et Islamique, est leur tendance à toujours tenir responsable les Arabes et les Musulmans de tout ce qui se produit, et d’exempter les éléments étrangers, comme l’Impérialisme et Israël, son enfant prodige, des catastrophes qui frappent la région(…)»

La ‘soi-disant démocratie’ des néo-libéraux

La chose la plus grotesque dans ce qu’écrivent les néo-libéraux arabes est leur mépris de notre intellect, comme s’ils étaient les seuls à comprendre ce qu’est la démocratie. Ils nous ont épuisé de leurs refrains sur la confiance qu’il faut accorder au peuple lors des élections et des décisions critiques, car eux seuls confèrent la légitimité aux régimes et aux gouvernants, mais lorsque le peuple soutient des partis Islamiques ou Panarabes, ils les critiquent et les désavouent.

Par exemple, les Algériens qui ont élu le ‘Front Islamique du Salut’ sont [ à leurs yeux ] des gens ignorants, [ uniquement ] parce qu’ils ont voté pour les adversaires des néo-libéraux. Le peuple égyptien, qui a voté pour les Islamistes aux élections législatives, ne mérite pas le respect lui non plus car il vote pour ce qu’ils [ les néo-libéraux ] considèrent être un parti faisant fausse route (…) Ceux qui haïssent l’Amérique, sont selon eux, stupides et immatures (…) Y a-t-il quelque chose de plus hypocrite que cette soi-disant démocratie? La démocratie ne signifie-t-elle pas d’accepter l’opinion de la majorité, même si elle se trompe?

Nous ne nous les entendons jamais parler des accidents de la démocratie et comment elle a porté au pouvoir quelqu’un comme Hitler hormis quand les peuples arabes votent pour des partis ou des idéologies opposés aux néo-libéraux (…)

Depuis longtemps, nous entendons nos frères néo-libéraux injurier Oussama ben Laden et ses partisans car ils sont imprégnés d’extrémisme (…) Sont-ils si différents d’Oussama ben Laden et ses semblables, les radicaux et les extrémistes? Ne divisent-ils pas [ eux aussi ] le monde entre ceux qui sont de leur avis et ceux qui ne le sont pas (…) Ne pourrait-on pas qualifier cela de fondamentalisme libéral répugnant? Ils refusent de prendre en considération toute idée suggérée par leurs ennemis fondamentalistes et panarabes, en se fondant sur l’adage ‘pas de liberté pour les ennemis de la liberté’ (…)

Le libéralisme, dans son acception littérale, ne nous encourage-t-il pas en premier lieu à être tolérant à l’égard des opinions divergentes et de les discuter plutôt que de réclamer leur éradication pure et simple? Hitler et d’autres fascistes ne s’en prenaient-ils pas à quiconque était opposé à leurs idées et convictions? Quelle différence existe-t-il entre les néo-libéraux arabes et les fascistes qu’ils couvrent de critiques et d’injures dans leurs écrits(…)? Et malgré tout cela, ils se targuent d’être des libéraux. Par Allah, avec de tels libéraux, qui a besoin de Sionistes et de fascistes?» [2]

Dr. Shaker Al-Nabulsi: les ‘néo-libéraux’ perpétuent un mouvement des lumières datant de la fin du 19e siècle

«Le mouvement libéral arabe, ou le mouvement de la raison éclairée, a été initié à la fin du 19e et au début du 20e siècle par deux générations de penseurs progressistes. Parmi les membres de la première génération figuraient Jamal Al-Din Al-Afghani , Muhammad Abdu , Rasheed Ridha , Abd Al-Rahman Al-Kawakibi , Shibli Shameel , Farah Anton, ainsi que d’autres. La seconde génération apparut dès le début du 20e siècle et comprenait Taha Hussein , Qassem Amin , Muhammad Hassan Al-Zayyat , Tawfiq Al-Hakim , Muhammad Hussein Haikal, et d’autres encore. Tous suivaient une tendance idéologique et politique se fondant sur les principes suivants: Une totale liberté de pensée, une totale liberté de culte, la liberté des femmes et leur égalité avec les hommes sur le plan des droits et des devoirs, le pluralisme politique, la réforme de la religion, des réformes de l’éducation et de la politique, la séparation de l’Eglise et de l’Etat (…) soumettre les traditions et valeurs sacrées à un examen scientifique et mettre en œuvre la démocratie.

La seconde moitié du 20e siècle a vu l’émergence d’un mouvement libéral progressiste conduit par des franges importantes des élites intellectuelles arabes (…) Ces élites adoptèrent les conceptions des Arabes éclairés du 19e et du 20e siècle en leur ajoutant ce qui suit: la guerre contre les tyrannies militaire, tribale et partisane alors au pouvoir, nées à la suite de la période d’indépendance [ arabe ] dans la seconde moitié du 20e siècle et qui ont provoqué ce que nous qualifions de ‘catastrophes de l’indépendance’; l’exigence de créer des sociétés civiles; raviver la demande de réformes religieuses; et la mise en exergue de la laïcité et de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

A la fin du 20e siècle et au début du 21e siècle, et notamment après le 11 septembre qui est autant devenu un événement historique charnière pour le monde arabe qu’il en est un pour les Etats-Unis, une nouvelle génération de libéraux a émergé et fut baptisée ‘néo-libéraux’ par les médias arabes. Ils appelèrent de leurs voix à une nouvelle ère des lumières (…) Ils adoptèrent les principes des penseurs progressistes du 19e et du 20e siècle et y ont ajouté de nouveaux principes qui constituent les grandes lignes du manifeste néo-libéral».

Le manifestes néo-libéral arabe

Al-Nabulsi a énuméré vingt-cinq principes directeurs pour les néo-libéraux. Il cite des exigences fondamentales en ce qui concerne la religion: Une demande tenace de réforme de l’éducation religieuse «à la lumière de la terreur religieuse dominante»; un appel à combattre « tout type de terrorisme panarabe, sanglant, religieux et politique»; un accent mis sur « la sujétion des valeurs sacrées, des traditions, des lois et des valeurs morales dominantes à un examen approfondi»; considérer l’hostilité religieuse à l’encontre des autres comme «une opinion découlant de circonstances politiques et sociales spécifiques remontant à 1500 ans en arrière. Ces circonstances ne sont plus d’actualité et par conséquent les préceptes du Coran ne doivent plus être utilisés pour attaquer les autres et faire couler leur sang»; concevoir les lois de la charia comme «ayant été fixées pour une époque et une localisation bien déterminées et non en tant que lois qui traversent l’histoire comme les membres du clergé le prétendent»; prendre conscience que «les idéologies religieuses, qui sont des idées formulées par des hommes de foi et des juristes et non la religion donnée par le Prophète lui-même, sont un obstacle à la liberté de pensée et à son développement, et une entrave à l’émergence d’un raisonnement scientifique».

Les néo-libéraux ne se tournent pas exclusivement vers le passé, mais réexaminent ses valeurs «afin de comprendre le présent». Ils ont conscience que «la faiblesse, l’ignorance et la paralysie scientifique et rationnelle conduisent les gens à rechercher dans le passé comment construire le présent et cela est un mauvais choix, car le passé ne s’adapte qu’au passé et pas au présent (…)» Ils soutiennent également que «l’histoire est gouvernée par des lois et non par les passions et les superstitions du peuple ou sa tendance à se raccrocher au passé. Aucune nation ne peut construire son histoire librement en régressant, en louant les gloires [ du passé ] et en restaurant une civilisation et une culture disparues». En conséquence, les néo-libéraux encouragent à «libérer l’esprit arabe de son passé et de la suprématie des ancêtres».

Al-Nabulsi explique que les néo-libéraux se sentent poussés à soulever toutes les questions qui n’ont pas été posées par leurs prédécesseurs au 19e siècle et durant la première moitié du 20e siècle. Ils promeuvent l’autocritique et l’émancipation de l’esprit arabe des «superstitions, de la sorcellerie, des amulettes et des mirages qui les entourent». Ils sont conscients qu’il «n’existe pas de savoir absolu et que l’on doit être [ toujours ] disposé à entendre la vérité», et cherchent à créer «une nouvelle personnalité arabe prenant ses distances avec la violence, la servilité, l’irrationalité, le tribalisme et le racisme pour devenir rationnelle, réaliste, scientifique, patriote sans être raciste». Ainsi, ils exhortent les Arabes à se défaire de l’idéal fantasmé dont ils croient être, grâce à leur supériorité, les représentants.

Au sujet de l’épineuse question de savoir s’il faut chercher de l’aide à l’extérieur pour obtenir le changement souhaité dans le monde arabe, les néo-libéraux adoptent une position claire, aux termes de laquelle «Il n’est pas malvenu de demander de l’aide aux puissances étrangères pour mettre en échec la tyrannie arrogante, éradiquer complètement le virus du despotisme et instaurer une démocratie arabe au vu de l’incapacité de l’élite locale et des faibles partis politiques à venir à bout de la dictature et de mettre en vigueur une telle démocratie. L’histoire en a déjà été témoin auparavant: L’Europe a reçu l’aide des Etats-Unis pour vaincre le Nazisme et le fascisme militaire japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale, et les Etats-Unis libérèrent l’Europe tout comme ils ont libéré le Koweït et l’Irak; les réformes venues de l’extérieur ne posent aucun problème (…) L’essentiel étant qu’elles nous arrivent bel et bien, que ce soit sur le dos d’un chameau, en char britannique, sur un navire de guerre américain ou dans un sous-marin français (…)»

Sur la question du conflit israélo-palestinien, les néo-libéraux soutiennent une solution pacifique par des négociations. Selon Al-Nabulsi, il n’y a pas de solution aux conflits entre les Arabes et les étrangers, en Palestine ou partout ailleurs, en dehors du dialogue, de la négociation et de solutions pacifiques au regard du déséquilibre entre les capacités militaires, scientifiques, économiques et rationnelles des Arabes et celles de leurs ennemis». Par conséquent, les néo-libéraux croient en « la normalisation politique et culturelle avec les ennemis et admettre les réalités politiques (…) sans plonger [ nos ] têtes dans le sable destructeur et brûlant du désert arabe (…) La normalisation et l’interpénétration entre les peuples et les cultures sont les seuls moyens de parvenir à une paix durable au Moyen Orient. Les accords de paix [ avec Israël ] (…) devraient devenir des accords entre des peuples, au lieu de simples accords passés entre Etats sans y avoir associé les peuples eux-mêmes (…)»

Economiquement, nous explique Al-Nabulsi, les néo-libéraux sont partisans de la globalisation, la considérant être «une des voies vers la modernisation de l’économie arabe, qui pourrait se traduire par une modernisation politique et culturelle». Ils souhaitent également que soit accueillie favorablement «une modernisation arabe générale, distincte de la modernisation occidentale, en partant du principe qu’elle doit tendre vers la liberté».

Pour les droits des femmes, les néo-libéraux revendiquent l’égalité complète entre les hommes et les femmes sur le plan des droits, des devoirs, du travail, de l’éducation, du droit à l’héritage et de la capacité à témoigner dans des tribunaux judiciaires. Al-Nabulsi encourage vivement «à adopter les lois tunisiennes de 1957 relatives aux droits de la personne, qui sont considérées comme le meilleur exemple d’émancipation de la femme arabe sans avoir à adopter les valeurs occidentales (…)».

Il n’y a aucun lien politique ou idéologique entre les néo-libéraux arabes et les néo-conservateurs américains

Après avoir énuméré les principes directeurs des néo-libéraux , Al-Nabulsi récusa l’allégation de liens avec les néo-conservateurs aux Etats-Unis « hormis dans trois domaines»: «Le défi lancé par les Américains aux régimes dictatoriaux; une plus grande efficacité des reformes politiques, le libre marché dans le monde et accepter l’idée que les principes de liberté, de démocratie et de libre marché ne sont pas l’apanage d’une seule nation, à l’exclusion de toutes les autres.

D’autre part, les deux mouvements sont différents. Le mouvement néo-conservateur tient les rênes du pouvoir et prend les décisions, tandis que le mouvement néo-libéral est un groupe d’intellectuels inorganisés qui ne sont affiliés à aucune organisation culturelle ou politique, ils ne sont pas liés financièrement, ils n’ont pas de chef, de commandant, de cheikh ou de prince et ne prennent pas de décisions politiques.

Au-delà, les néo-libéraux se distinguent des néo-conservateurs sur les aspects suivants: ils sont partisans du modernisme car ils considèrent que c’est le véritable moyen de progresser et de faire reculer l’archaïsme; Ils rejettent la tendance des néo-conservateurs à se servir de la religion pour contrôler les masses; Ils soutiennent – contrairement aux néo-conservateurs – que les solutions diplomatiques, économiques et politiques sont plus efficaces que la force des armes pour mettre fin aux conflits et aux tyrannies (…) [ Une ] illustration de cela est l’effondrement de l’Union Soviétique en 1989 et la chute du Mur de Berlin – les deux symboles du totalitarisme durant la guerre froide – sans faire couler la moindre goutte de sang ni tirer une seule balle. A la différence des néo-conservateurs, ils pensent qu’un état de guerre permanent ne pourra mener à la stabilité; Ils soutiennent que la paix est la solution souhaitable, tandis que les néo-conservateurs se méfient du processus de paix; Ils soutiennent la reconstruction de pays détruits par des conflits politiques, tandis que les néo-conservateurs s’y opposent (…)» [3]


[1] Al-Jazirah TV (Qatar), 15 juin 2004.

[2] Al-Quds Al-Arabi (Londres), 26 juin 2004.

[3] L’article a été publié le 22 juin 2004 par le site Internet libéral Elaph, les quotidiens Al-Siyassa (Koweït), Al-Mada (Irak) et Al-Ahdath Al-Maghribiya (Maroc).

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