La conférence des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Irak, tenue le 1er novembre 2003, a conduit à la publication, dans la pesse arabe, de nombreux articles condamnant les prises de position syriennes favorables à Saddam Hussein. Parmi leurs auteurs se trouvent le directeur du quotidien koweïtien Al-Siyassa, M. Ahmed Al-Jarallah, ainsi que le Dr Riyad Al-Amir, commentateur politique affilié à l’opposition. Voici des extraits des ces articles:
La résistance irakienne, dirigée par les services secrets syriens
Dans un article [1] paru dans le quotidien koweïtien Al-Siyassa et intitulé «La Syrie se suicide à Bagdad, et il n’y a qu’elle pour mourir», Ahmed Al-Jarallah écrit: «(…) Ce sont les Irakiens qui résistent à l’occupation américaine – même si des kamikazes détenant des cartes d’identité syriennes avec des numéros propres aux services secrets [syriens] ont été appréhendés (…) Même les régimes comme celui de Fidel Castro ont renoncé à ces vieux jeux politiques. [Mais en Syrie], ils sont de retour, avec un nouveau ‘hoax’ appelé ‘résistance irakienne’.
En recevant la délégation des dirigeants de l’opposition irakienne, le président syrien Bashar Al-Assad a indiqué qu’une nouvelle ère avait commencé dans la lutte irakienne orchestrée par la Syrie pour noyer les Américains dans le Tigre et l’Euphrate, exactement comme la [Syrie] a menacé autrefois de jeter les Juifs à la mer. La façon dont la nouvelle de la réception a été rendue publique [montre qu’elle a été] forgée par les services secrets syriens (…) et que (…) la Syrie n’a rien appris de ses expériences passées, des rebondissements de l’histoire, des changements intervenus dans les régimes et les pays [de la région] (…) Cette vulgaire méthode (…) consistant à user de marionnettes imaginaires pour défier les Etats-Unis – la dernière en date étant ‘l’opposition irakienne’ – (…) ne séduit personne, [et ne fait que témoigner] de l’intellect [syrien] statique et bon à rien (…)
A l’époque où – sous Saddam -, les Américains avaient reçu des membres de l’opposition irakienne, les Arabes – avec en tête la Syrie – avaient affirmé que cette poignée de personnes ne représentait pas le peuple irakien et consistait uniquement en agents de la politique et des services de renseignements américains. Il serait intéressant de savoir à qui sont affiliés les agents reçus par Bashar Al-Assad, et qui ils représentent. S’agit-il vraiment d’Irakiens, ou bien de Syriens en provenance de l’autre rive de l’Euphrate (…)? Autrefois, nous assistions à de joyeux rassemblements ‘palestiniens’ et ‘libanais’ (…) qui s’avéraient être des rassemblements de régiments des services secrets syriens, sans aucun rapport avec les Libanais et les Palestiniens (…) Il est vraisemblable que cette résistance irakienne ait été forgée par les mêmes méthodes mensongères (…)»
La Syrie doit réaliser que son statut est éphémère
«L’actuel discours politique syrien est celui d’une superpuissance (…), ce qui ne reflète pas la réalité. L’actuel régime de Damas aurait tout intérêt à cesser de jouer à la superpuissance pour reconnaître ses véritables capacités (…) Il serait dangereux, désastreux et autodestructeur de dévier de cette ligne (…) La Syrie doit admettre qu’elle est un petit Etat dans la région arabe et un pays éphémère sur l’arène internationale, pays qui pourrait facilement se trouver encerclé et subir des mutations (…) [Contrairement à] l’Irak, la Syrie n’a jamais eu de puissance financière – puissance qui a permis à Saddam Hussein d’acheter la conscience politique [d’hommes d’Etat].»
Politique syrienne étrangère: parasitisme et calculs anachroniques
Dans une suite à cet article [2] , intitulée «Une autre guerre de libération n’est pas inconcevable», Al-Jarallah écrit: «L’espoir du régime syrien – de réactiver les principes de sa politique (…) et de s’ingérer dans les affaires [des pays du Moyen-Orient] au moyen d’une conférence des ministres des Affaires étrangères regroupant les [représentants des] pays voisins de l’Irak (…) s’est avéré vain (…) En effet, le rôle régional tant désiré par le régime syrien ne découlerait pas d’une réelle puissance ou d’un réel impact, mais d’une tendance parasitaire inhérente qui a fait de Damas un Etat vivant aux frais des autres (…)
Les pays (…) qui ont répondu à l’appel [au rassemblement] lancé par la Syrie ont fait preuve de plus de sens [politique] que leur hôte, parvenant à retourner les tables sur le plan [syrien] de tenir une conférence anti-américaine menée par la Syrie (…) Ils ont forcé le régime syrien à adopter une position rationnelle, à saisir la réalité (…) et à comprendre que, vu les données internationales actuelles, ses calculs politiques étaient anachroniques (…) La prédiction du régime syrien selon laquelle l’Accountability Act du Congrès n’aurait aucune chance d’être approuvé, parce qu’irrecevable, (…) s’est avérée fausse, car basée sur des calculs erronés. La Loi a été ratifiée, (…) vu qu’aujourd’hui, la Syrie fait courir un danger aux intérêts américains et internationaux au Moyen-Orient, et que le maintien du régime syrien n’intéresse plus personne (…)
Avec quels instruments la Syrie essaie-t-elle de se confronter au monde, quand elle [s’engage] dans des calculs politiques imaginaires, à l’instar de Saddam Hussein qui soutenait qu’une attaque américaine était inconcevable (…)? Quel rôle régional réclame la Syrie pour elle-même aujourd’hui – souhaitant que les Etats-Unis et le monde accueillent favorablement sa requête et lui confient ce rôle – (…), un rôle de parasite contrôlant les autres, d’abord le Liban et maintenant l’Irak (…)?»
Le régime syrien a perdu sa raison d’être
«Le régime syrien [actuel] n’a pas sa place dans une [réalité] en mutation (…) Celui qui désire avoir son mot à dire (…) et être reconnu sur la scène internationale doit [préalablement] détenir le pouvoir dans son propre pays. Le régime syrien est-il fort chez lui ? La tyrannie et la répression exercées par la police et les services secrets ne sont pas considérées comme des indices de pouvoir. Si la Syrie croit que la brutalité et la domination par la terreur intérieure vont faire d’elle un bon candidat à un rôle dans la région, [elle se trompe]. En cette ère de liberté, (…) de telles caractéristiques ne sont plus considérées comme des qualifications [légitimes]. Le régime syrien est-il fort au niveau économique? A-t-il établi un dénominateur commun – ne serait-ce qu’avec un citoyen syrien – comme la création d’opportunités d’emploi ou la protection de la dignité humaine (…)?
Ces normes témoignent de l’extrême faiblesse du régime syrien, qui n’a que peu d’intérêts communs avec ses citoyens, (…) et des relations parasitaires qui existent entre eux. Comment le régime syrien peut-il (…), avec une économie parasitaire basée sur des crédits [étrangers] qui dépouille autrui de la capacité de produire, réclamer un rôle international, alors qu’en Syrie même il joue un rôle quasi-nul – si ce n’est par la présence de services secrets recourant à la terreur et à la mort, et ayant de fortes tendances destructrices! Il est impossible qu’un régime aussi profondément ancré dans ce type de pouvoir et dépourvu de tout plan de croissance économique soit capable de se battre. Ses armes seraient semblables aux épées de bois de Don Quichotte (…) tandis que sa destinée rejoindrait celle [du régime] de Saddam Hussein (…)»
Le pari syrien de la résistance irakienne est voué à l’échec
Dans un article affiché sur le site libéral www.elaph.com [3] et intitulé «L’ancienne et la nouvelle Garde syrienne dans la même fosse», le Dr Riyad Al-Amir écrit: «Quand le Premier ministre syrien Mustafa Miro a donné à Saddam Hussein une épée dorée (…), était-ce en signe de gratitude pour les très nombreuses tentatives manquées de Saddam d’assassiner Hafez El-Assad? Ou pour le transport d’armes irakiennes de destruction massive vers la Syrie dans des trains et des camions, juste avant le lancement des recherches par les [Nations unies]? Peut-être était-ce pour avoir transféré les trésors pillés du peuple irakien (…) et les avoir déposés dans les banques du gouvernement syrien afin de raviver l’économie moribonde de la Syrie (…)?
L’annonce finale [de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Irak] a des allures de bond en arrière (…) Où a disparu la condamnation de l’offensive de la coalition – [l’offensive] qui a libéré le peuple irakien d’un régime déviant et d’une idéologie de toute évidence pourrie (…)? Pourquoi le communiqué n’a-t-il pas mentionné la position des pays qui aident les organisations terroristes à infiltrer l’Irak, alors que les Irakiens savent aujourd’hui que c’est la Syrie qui supervise les bureaux de recrutement terroriste, avec l’aide des survivants du régime de Saddam (…)?
Le ministre syrien des Affaires étrangères a déclaré que son pays ne pouvait pas empêcher les infiltrations en Irak. Comment se fait-il, dans ce cas, qu’il soit possible de boucler la frontière israélo-syrienne? (…) Et comment se fait-il qu’à l’époque de Saddam, la Syrie a su boucler la frontière face à l’opposition irakienne (…)? Tout cela dans quel but? Pour remonter le temps [en Irak] et y reconstruire une entité arabe sur le modèle baasiste déchu, ou sur celui qui est sur le point de s’effondrer à Damas (…)? D’où vient cette peur du nouvel Irak? [Les tentatives d’intervention de Damas] ont-elles pour objectif d’éviter de dévoiler la faillite de l’idéologie baasiste (…)? S’il compte défendre les intérêts nationaux des pays voisins, le ‘programme syrien’ tordu révèle en fait l’ignorance et la myopie de son architecte – lequel est pourtant ophtalmologue (…) Le pari [de la résistance irakienne] que font [l’ancienne et la nouvelle Garde syrienne] est voué à l’échec (…)»
[1] Al-Siyassa (Koweït), le 5 novembre 2003
[2] Al-Siyassa (Koweït), le 6 novembre 2003
[3] http://www.elaph.com, le 4 novembre 2003