Le site d’Al-Qaïda, dénommé Al-Nida à sa création, changeait de nom et d’adresse électronique à intervalles réguliers de quelques jours – pour éviter d’être piraté – avant de disparaître complètement de la Toile, suite à l’assassinat de son directeur, le cheikh Youssef Al-Ayyeri, début juin 2003.
Le site a dernièrement été réactivé sur http://www.faroq.org/news/. Parmi les textes en ligne se trouve un livre intitulé «Le Raid du 11 Rabia Al-Awwal – l’opération de Riyad Est et notre guerre contre l’Amérique et ses agents.»
L’avant-propos du livre établit, entre autres, que le «raid du 11 Rabia Al-Awwal 1424 [en référence à l’attentat suicide du 12 mai 2003 sur les ensembles résidentiels occidentaux de Riyad] (…) n’était qu’un tir d’inauguration, avec l’aide d’Allah; les moudjahidin avaient besoin de ce communiqué détaillé pour présenter les raisons du djihad sur la péninsule arabique et pour éloigner certains problèmes religieux et militaires la concernant.» Voici des extraits de chacun des quatre chapitres de ce livre: [1]
1er chapitre: les réalités du monde islamique
« (…) Les pays musulmans sont aujourd’hui en proie à un colonialisme tantôt déclaré, tantôt occulté. Le siècle dernier était celui du colonialisme direct dans les pays musulmans (…) Vers la fin de l’ère colonialiste, les Etats colonialistes ne parvenaient plus à encaisser les coups douloureux assenés par les moudjahidin (…) C’est alors que le sionisme est intervenu, [proposant] de protéger les intérêts colonialistes. Il s’agissait d’un colonialisme masqué de bien naïve façon: les plans colonialistes n’avaient pas changé; seuls les dirigeants avaient été remplacés: pourquoi ne pas aller dans le sens de la résistance en remplaçant les blonds aux yeux bleus par les nôtres, qui parlent notre langue et portent des peaux de mouton par-dessus leurs cœurs de loups? Pourquoi ne pas remplacer les noms de John et Napoléon par ceux de Mohammed, Anouar ou Abd El-Aziz? (…)
Il existe officiellement un régime ‘Karzai’ dans tous les pays musulmans. Tous les dirigeants sont couronnés façon Karzai (…) La légitimité de chacun de ces ‘Karzai’ est la même que pour ses frères (…) Les souverains de la terre des deux lieux saints [l’Arabie Saoudite] sont comme les autres (…)
Le véritable souverain est l’Amérique croisée; l’assujettissement de ces dirigeants [à l’Amérique] est similaire à celui des représentants locaux au roi ou au président (…) Tous ceux qui combattent ces souverains se battent en réalité contre celui qui leur a accordé le pouvoir, les faisant régner sur les musulmans (…)
Le sein juif – Allah le maudit – déborde d’une arrogance qui n’existe chez nul autre; c’est pourquoi les Juifs ne se sont pas satisfaits du colonialisme masqué qui suffit aux pays croisés. Ils occupent la Palestine musulmane en vertu de leur croyance qui leur interdit d’y renoncer, sous peine de devenir des apostats de leur judaïsme, tout comme des dirigeants arabes étaient des apostats de l’islam (…)
Le problème de la Palestine concerne le monde islamique (…) mais les médias sionistes et les collaborateurs parmi les médias ont neutralisé les musulmans non-arabes en qualifiant ce problème de ‘problème arabe’. La répétition [de cette expression] a un fort impact sur la déformation de la conscience, [amenant cette dernière] à nier les faits; c’est ainsi que tous les musulmans non-arabes ont été exclus du problème palestinien (…)
La création de l’Etat palestinien a même ravi le problème aux pays de l’affrontement, en faisant le problème de l’Etat palestinien et de son gouvernement de traîtres, dirigé par l’agent le plus ignoble que l’histoire ait connu: Yasser Arafat, que recevra ce qu’il mérite d’Allah (…)
La faiblesse militaire des pays collaborateurs indique clairement que la résistance à l’agression, et en priorité à l'[agression] américaine, est quasiment impossible (…)
La vulnérabilité [de la terre des deux lieux saints: l’Arabie Saoudite] impose la mise en place d’une armée puissante, sans même mentionner le fait qu’il s’agisse là d’une injonction incombant à tous les musulmans, car Allah a dit: ‘Prépare leur autant de force armée et de cavaliers que tu le peux, car par eux tu pourras effrayer l’ennemi d’Allah et ton propre ennemi’ (…)
Quant au gouvernement de la terre des deux lieux saints: après avoir, pendant des années, dilapidé de façon inconsidérée des fonds sensés aller à l’armement, il a tout bonnement annoncé, sous la menace de Saddam, que l’armée n’était pas en mesure de défendre le pays, et a donc invité – invitation qui est devenue un précédent – les armées croisées américaines dans leurs bases fortifiées à soi-disant défendre le pays (…)
Alors que l’armée d’Israël comprend plus d’un million de soldats pour un pays nain de six millions d’habitants, alors que son armée de réserve inclut tous les hommes capables de porter les armes, l’armée de la terre des deux lieux saints est la plus petite et la plus faible [de la région], en termes d’armement, d’équipement, d’entraînement et de volonté de défendre sa religion et son honneur (…)»
Chapitre II: quelle solution?
«(…) Nous avons présenté quelques-uns des crimes américains contre les musulmans. Même si la religion [islamique] n’encourageait pas la lutte des musulmans contre l’Amérique, les crimes de cette dernière suffiraient à éveiller leur courage et leur vaillance en matière de représailles (…) Les pays musulmans concernés ont besoin de djihad plus que de n’importe quoi d’autre, hormis l’eau et la nourriture. Le djihad est (…) un commandement qui incombe personnellement à chaque musulman.
Même s’il existe aujourd’hui des désaccords sur celui de ces deux groupes – celui des agents traîtres et apostats [en référence aux gouvernements arabes] ou celui des ennemis colonialistes [les Américains] – qui mérite le plus qu’on lui fasse le djihad, tous devraient être d’accord sur le fait que le djihad est la solution dans les deux cas (…)
Bien qu’Al-Qaïda se batte pour défendre la nation islamique, elle ne le fait pas en son nom; c’est pourquoi ceux qui ne peuvent rejoindre Al-Qaïda ne seront pas exempts de l’obligation de djihad tant qu’ils n’auront pas fait tout leur possible pour chercher le djihad et incorporer l’un de ses fronts, et tant qu’ils n’auront pas déployé tous leurs efforts en ce sens, comme ils l’auraient fait pour trouver un spécialiste capable de soigner un être cher gravement malade (…)»
Chapitre III: pourquoi Riyad?
«Parmi ceux qui tiennent en estime le djihad et les moudjahidin, beaucoup ont été surpris par l’attentat de Riyad, qu’ils ont même condamné, bien qu’ils soient pour les attentats contre l’Amérique et les intérêts américains ailleurs dans le monde. C’est pourquoi nous aimerions répondre à la question souvent entendue: pourquoi Riyad?
Tous ceux qui posent cette question doivent se remémorer les textes religieux qui ordonnent de lutter contre les polythéistes. Allah a dit: (…) ‘Une fois révolus les quatre mois où il est interdit de se battre, luttez contre les polythéistes où qu’ils se trouvent (…)’ Nous avons trouvé les Américains à Riyad, et les avons tués à Riyad.
On remarquera aussi que dans sa guerre contre l’Amérique, l’organisation Al-Qaïda a adopté une stratégie consistant à étendre le champ de bataille (…) Cette stratégie a des avantages inestimables: l’ennemi qui n’avait que son pays à défendre a compris qu’il doit à présent défendre ses énormes intérêts partout dans le monde (…)
Les pertes essuyées par les musulmans dans le cadre de la défense de la nation sont inévitables, et se répètent à chaque fois qu’il y a djihad. Les Afghans ont subi de longues années de guerre en tenant tête à l’invasion communiste qui cherchait notamment à conquérir la terre des deux lieux saints, et qui était même arrivé au Sud de la péninsule arabique, avec l’aide du pays communiste du Sud du Yémen, qui n’existe plus aujourd’hui.
Même les pays qui collaborent suivent la règle du jeu (…) Le gouvernement de la terre des deux lieux saints fait payer à [sa] population les frais des attaques contre les moudjahidin dans sa soi-disant guerre contre le terrorisme (…), prétendant qu’il n’existe pas d’autre moyen de promouvoir les intérêts du peuple. Il est préférable de faire subir les dégâts au peuple dans l’intérêt de la religion que dans celui du trône des despotes et des agents (…)»
Chapitre IV: l’opération de Riyad Est
«Le 11 Rabia Al-Awwal 1424, un groupe de jeunes de l’islam a entrepris d’attaquer les ensembles des croisés de Riyad Est, exécutant une opération de haute qualité, si bien que même des responsables américains ont été forcés d’admettre qu’il s’agissait là d’une opération commando fort bien menée (…) Cette opération a rappelé aux Américains qu’ils ne pourraient pas rêver de sécurité tant que les musulmans en Palestine n’en bénéficieraient pas et tant que les pays croisés n’auraient pas quitté la péninsule du prophète Mahomet (…)
Autrefois, il existait un arrangement entre le gouvernement de la terre des deux lieux saints et l’Amérique d’après lequel ces ensembles seraient la propriété des Américains. Ces derniers bénéficient de la liberté religieuse en leur sein; rien n’y est interdit. Il s’y trouve des églises, des bars, des clubs de danse, des piscines mixtes et toutes sortes de formes d’hérésie. Ils ne sont pas soumis à la Loi islamique, ni même à la souveraineté du gouvernement [saoudien]. La Police et les forces de sécurité n’y entrent pas, pas plus que la Commission pour la propagation de la vertu et la prévention du vice [police religieuse saoudienne]
Le nombre [des auteurs d’attentats suicides] rapporté par la presse est inexact. Certains d’entre eux, qui n’étaient pas prédestinés au martyre, continuent de causer des pertes chez les ennemis d’Allah, aux Américains, en Irak, où ils ont agi en héros (…) Les Américains et les gouvernements d’agents, comme le gouvernement Karzai en Afghanistan, le gouvernement Musharraf au Pakistan, le gouvernement Fahd sur la terre des deux lieux saints et le gouvernement Ali Abdallah Saleh au Yémen, sont des cibles permises aux moudjahidin par la Loi religieuse [islamique] (…) Ils [les gouvernements arabes] et les Américains sont identiques, aussi bien par la guerre qu’ils mènent contre [l’islam] que par le fait qu’ils soient tous deux la cible des moudjahidin (…)»