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11 July 2003
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Un rédacteur en chef saoudien limogé pour avoir critiqué un dignitaire religieux du XIIème siècle

Le 27 mai 2003, près de deux semaines après les attentats de Riyad, le rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Watan, M. Djamel Khachoggi, a été limogé sur l’ordre du ministère saoudien de l’Information. Aucune raison officielle n’a été donnée dans l’immédiat.

Al-Watan a été fondé en 2000, dans la ville d’Abha, dans le district d’Assir, au sud du pays, district qui représente l’un des bastions des islamistes saoudiens. La première pierre de l’immeuble abritant le journal a été posée par le prince héritier Abdallah; le conseil administratif est présidé par le prince Bandar ben Khaled Al-Faisal. Le journal a adopté une ligne indépendante, libérale selon les critères saoudiens. Son éditorial reflète une vision plurielle du monde, tandis que ses articles expriment des opinions variées. Voici une présentation succincte de M. Khachoggi, et une traduction d’extraits d’un éditorial, dont la publication dans Al-Watan est très certainement responsable de son éviction:

Le rédacteur en chef Khachoggi

Djamel Khachoggi n’était rédacteur en chef du journal que depuis quelques semaines (il était auparavant directeur de l’hebdomadaire saoudien en langue anglaiseArab News). Bien qu’ayant occupé ce poste pour une durée limitée, il a su éveiller le courroux des éléments islamistes en Arabie Saoudite, ceux de l’Establishment comme de l’opposition, à cause d’une série d’articles condamnant l’Autorité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice [police religieuse saoudienne]. Suite à la publication de ces articles, des attaques ont été lancées contre Al-Watan par un certain nombre de sites islamistes favorables à Ben Laden et opposés au régime saoudien; ces sites appuient toutefois la police religieuse (institution gouvernementale). On y trouve une parodie du logo d’Al-Watan [«la patrie»], où l’on peut lire, à la place d’«Al-Watan»: «L’idole païenne».

Le journal irrite les islamistes pour d’autres raisons également: il a notamment abordé la question du statut de la femme, évoquant le problème des cartes d’identité et de l’interdiction de conduire. Le résultat en est le renouvellement fréquent des rédacteurs en chef: Khachoggi était le troisième rédacteur en chef en moins de trois ans d’existence du journal. Il a été remplacé par Tarek Ibrahim.

Les véritables raisons de ce renvoi ne sont connues que depuis peu: la goutte ayant fait déborder le vase serait un éditorial sur les attentats de Riyad, paru dans le numéro du 22 mai; l’éditorial en question critiquait Ibn Taymiya (1268-1328), père spirituel du wahhabisme, le courant islamique officiel du Royaume d’Arabie Saoudite. [1]

Les paroles d’Ibn Taymiya représentent le vrai problème

Voici quelques extraits de l’article, intitulé «L’individu et la patrie passent avant Ibn Taymiya», de Khaled Al-Ghanami:

«Inutile de préciser que le moyen le plus rapide d’infiltrer et de déraciner, ou tout au moins de limiter, le modus operandi des meurtriers sanguinaires, responsables du crime odieux du 12 mai, est de comprendre leur mode de pensée. Il ne suffira jamais d’user de démagogie et des habituels sermons superficiels. Le problème ne se règlera que si l’on ne met le doigt sur la plaie pour tenter de la soigner

Pourquoi ont-il brandi la bannière du djihad (…)? Voici la réponse: Ibn Taymiya (…) a déclaré (…) que si le souverain n’observait pas le commandement de propager la vertu et de prévenir le vice, ce devoir incomberait aux autorités religieuses (…) Ce sont ces mots [d’Ibn Taymiya] le véritable problème. Nous devons cesser de nous montrer doucereux et affirmer: ces paroles étaient une erreur, un vrai désastre, qui ont conduit à l’anarchie, à la menace de l’unité nationale et au retour à la Jahaliya [2] car tous ceux qui se prennent pour des dignitaires religieux essaieront de faire disparaître ce qu’ils considèrent comme des vices. Ceux qui pensent que la musique doit être interdite feront sauter les magasins qui vendent des cassettes; ceux qui considèrent que fumer du Narguilé est interdit feront sauter les boutiques qui en proposent, et ainsi de suite. Et ceci n’est pas une exagération; le jour n’est pas loin où ils ouvriront le feu sur les antennes paraboliques.»

Ils n’accordent aucune valeur à la vie des non-musulmans

«Comment en sont-il venus à permettre le sang des non-musulmans? La réponse est la suivante: ils n’accordent aucune valeur à la vie des non-musulmans et ignorent les paroles d’Allah: ‘Point de contrainte dans l’islam’. Une autre raison est qu’ils considèrent que la présence de non-musulmans sur la Péninsule arabique représente une raison suffisante pour les tuer. Ils oublient qu’il y avait des Juifs sur la Péninsule arabique à l’époque du Prophète et même après sa mort. La preuve en est que le bouclier du Prophète fut laissé à un Juif chez qui il achetait à manger. Ils ignorent [en outre] les paroles de Djabber ben Abdallah: ‘(…) Nul ne peut approcher la mosquée Al-Haram s’il n’est esclave ou dhimmi [c’est-à-dire juif ou chrétien]’. Penchez-vous sur cette tradition et vous verrez qu’il était permis à ceux qui bénéficiaient d’un accord de protection de pénétrer dans la mosquée Al-Haram elle-même.

Dans le recueil de traditions d’Al-Bukhari, il est écrit qu’Abd El-Rahman ben Auf s’est jeté sur Umayya ben Khalef pour le protéger des épées des musulmans lors de la bataille de Badr, et qu’Abd El-Rahman a été blessé à la jambe d’avoir agi ainsi. [3] Les assassins d’enfants devraient réfléchir à la manière dont cet homme, qui avait reçu la promesse du Paradis, a su garder son humanité, ou son amour, pour son ami ‘infidèle’.

Comment expliquer cette haine de l’humanité? Elle provient de la mauvaise compréhension qu’ils ont [des notions] de ‘loyauté’ et de ‘renonciation’ [4] , qui représentent une règle fondamentale de l’islam. Mais ‘renoncer’ signifie renoncer à attaquer, à combattre les infidèles, à les aider à combattre l’Etat islamique. L’obligation de haïr tout non-musulman n’est pas fondée. Le Prophète aimait Abou Taleb, décédé avant d’avoir cessé de vénérer des idoles (…) La preuve que l’islam est venu répandre l’amour parmi les peuples est l’autorisation donnée aux musulmans d’épouser des Juives et des chrétiennes (…)

Comment ces assassins en sont-ils venus à permettre le sang des musulmans et des enfants? Ils se sont basés sur une fatwa d’Ibn Taymiya, tirée de son ouvrage ‘Le djihad’, qui décrète que si des infidèles se réfugient derrière des musulmans, c’est-à-dire si ces musulmans servent de bouclier à des infidèles, il est permis de tuer ces musulmans pour atteindre les infidèles. Ibn Taymiya n’a pas fondé cette fatwa sur un texte trouvant sa source dans les paroles d’Allah ou de son Prophète. Je ne pense pas que cette fatwa nous permette d’accéder à la compréhension des intentions suprêmes de la loi religieuse islamique; c’est au contraire une fatwa erronée qui critique les façons du prophète Mahomet, dont on sait qu’il a fait la recommandation suivante aux guerriers du djihad: ‘Ne tuez pas de femmes, d’enfants ou de vieillards’.»

Notre patrie compte pour nous un million de fois plus qu’Ibn Taymiya.

«Soyons francs: nous avons aujourd’hui un problème avec Ibn Taymiya en personne. Certains de nos dignitaires religieux ont fait [des paroles] d’Ibn Taymiya, le hanbali [l’imam] de Haran, une frontière infranchissable. A notre époque, et dans notre pays, ils lui ont accordé un statut qu’il n’a jamais eu chez lui à son époque. Certains, manquant de discernement, vont jusqu’à mettre au même niveau les écrits de Taymiya et les textes de base de la loi religieuse islamique. S’ils admettent que le jugement d’Ibn Taymiya n’est pas infaillible, ils ne le remettent jamais en question, et ne vous permettront jamais de le remettre en question. Pourquoi déplorons-nous chez nos frères chiites le fait que leurs imams soient [considérés comme] infaillibles, quand la situation est identique chez nous?

Ibn Taymiya était merveilleux, brillant, étonnant. Il savait captiver son auditoire par son approche sans équivoque, résolue et confiante, et parce qu’il considérait comme simplets ceux qui pensaient autrement. Ibn Taymiya est un maximaliste à une dimension qui n’autorise pas les autres opinions. Il n’est pas de ces dignitaires religieux qui présentent plusieurs avis sans trancher, ou qui en sélectionnent un, avec quelques réserves et en relativisant leur choix. C’est pourquoi nous ne trouvons personne qui ait l’impact d’Ibn Taymiya dans la pensée des islamistes d’aujourd’hui.

Mais malgré son érudition, Ibn Taymiya était émotif et avait tendance à se laisser porter par ses sentiments. Ses fatwas découlaient parfois de réactions déséquilibrées (…)

Je pense que nous, intellectuels qui savons pertinemment où se trouve le problème, devons élever la voix pour dire: il est plus important pour nous d’épargner un individu, musulman ou pas, qu’un dignitaire religieux de toute critique. Notre patrie, dont nous craignons qu’elle ne devienne une deuxième Algérie, compte un million de fois plus pour nous qu’Ibn Taymiya.» [5]


[1] Al-Qahira (Egypte), le 10 juin 2003, et autres sources arabes médiatiques.

[2] Période pré-islamique.

[3] Abd El-Rahman ben Auf était l’un des compagnons du Prophète; au cours de la bataille de Badr, il essaya de défendre son ami Umayya ben Khalef, qui n’était pas musulman et se battait pour la partie adverse.

[4] En arabe: Al-Walaa wa-al Baraa; il s’agit là d’un principe qui, selon les sources fondamentalistes, instaure la loyauté entre musulmans et leur renonciation absolue aux non-musulmans et à tous ceux qui dévieraient des principes religieux.

[5] Al-Watan (Arabie Saoudite), le 22 mai 2003.

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