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9 July 2003
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Gamal Hosni Moubarak se prépare à la succession

Le monde arabe traverse une crise de succession, processus par lequel un chef d’Etat sortant se voit remplacé. En l’absence de processus démocratique garantissant le renouvellement ordonné des chefs d’Etat, et en présence de quelques dirigeants vieillissants qui occupent le pouvoir depuis plus de vingt ans, la succession dans le monde arabe est devenue un sujet très sensible. Dans trois pays, la Syrie, la Jordanie et le Maroc, les fils ont dernièrement succédé aux pères. Dans un proche avenir, trois autres pays seront eux aussi confrontés au problème de la succession: l’Egypte, la Libye et l’Arabie Saoudite. Nous nous intéresserons ici à l’Egypte, où Gamal Hosni Moubarak fait figure de candidat privilégié à la présidence, a la suite de son père, Hosni Moubarak.

Depuis son élection, ou sa sélection, en septembre 2002, comme Secrétaire général des affaires politiques du parti au pouvoir, le PND (Parti National Démocratique), Gamal Moubarak a saisi toutes les occasions d’exprimer ses idées sur une variété de sujets, aussi bien sur les affaires intérieures qu’extérieures. Ces vues ont été amplement couvertes par la presse, à l’instar de celles de présidents nouvellement élus en Occident. Le nouveau Secrétariat politique a été avantageusement qualifié, lors d’une conférence de presse convoquée par Safwat Al-Sharif, ministre égyptien de l’Information, de «cœur battant du parti» et d’«instrument d’une nouvelle pensée». [1] Le président Moubarak a déclaré qu’il considérait la montée de son fils comme l’occasion d’accorder de nouvelles responsabilités à la jeune génération. [2]

La question de la succession

Contrairement à ses deux prédécesseurs, Gamal Abd El-Nasser et Anwar Al-Sadate, Hosni Moubarak a refusé de nommer un vice-président, poste qu’il occupait sous le président Al-Sadate et qui l’a propulsé à la présidence de l’Egypte après l’assassinat de ce dernier. On soupçonne le président Moubarak, qui a aujourd’hui près de 70 ans et se trouve au pouvoir depuis plus de vingt ans, d’avoir fait de son fils de 40 ans son poulain. La nomination de Gamal Moubarak, ancien cadre de la Banque d’Amérique au Caire et à Londres, au poste clé du PND, représente un pas important dans l’ascension de Moubarak fils vers le sommet de la pyramide. Le président Moubarak, dont le mandat se termine en 2004, garde pour lui ses plans d’avenir; la question de sa succession n’est en tous cas pas librement débattue dans les cercles officiels. [3] Un facteur susceptible de dissuader Hosni Moubarak d’encourager la montée de son fils serait l’exemple syrien, vivement critiqué dans le monde arabe. D’autres facteurs pourraient aussi entrer en ligne de compte, comme la nécessité de faire assumer à ses généraux en chef, relativement puissants, une initiative de cette importance. [4]

Candidat/ Non candidat

La première fois que fut évoquée sa succession, le président Moubarak a souligné que l’Egypte n’était pas une monarchie et que son fils n’était pas son successeur à la présidence. Gamal a lui-même nié toute ambition de ce type. Dans un récent discours prononcé à l’université américaine du Caire, Gamal a nié que la création du Secrétariat politique au sein du parti au pouvoir n’ait pour mission de le «préparer à sa nomination à la présidence». Il a toutefois remarqué que si lui-même n’avait pas de telles ambitions, il «ne pouvait empêcher le sujet d’être débattu» [5] Lors de sa dernière visite aux Etats-Unis, à la tête d’une délégation de personnes haut placées, la deuxième en quatre mois, Gamal Moubarak a précisé qu’il avait toujours souhaité jouer un rôle actif, de son poste au PND, et qu’il attendait de travailler avec sa génération à la mise en place de réformes et de changements dans des secteurs variés. [6] Il dirige en effet deux importantes sociétés civiles : «Génération de demain» et «Jeunesse de demain». [7]

Bien que n’étant pas ministre, Gamal Moubarak a été reçu à Washington avec les honneurs réservés aux hauts responsables du gouvernement. Lors de sa première visite, il a rencontré l’ancien président Bush. Un article du Washington Post évoquant l’événement titrait: «Gorbatchev sur le Nil?» [8] Lorsque, au cours de sa dernière visite, en juin, Gamal rencontre le vice-président Dick Cheney, le Secrétaire d’Etat Colin Powell, le ministre de la Défense Donald Rumsfeld et la Conseillère pour la Sécurité nationale Condoleezza Rice, l’hebdomadaire égyptien Rose El-Youssef ne peut contenir son enthousiasme: un article intitulé «Les Américains éblouis par sa personnalité; une visite qui a rectifié des conceptions erronées» cite un individu disant: «Je n’ai jamais rencontré une personnalité arabe de ce niveau en visite aux Etats-Unis ayant des idées aussi avancées, un esprit aussi alerte, cultivé, aussi ouvert et lumineux.» [9] Il est remarquable que nulle part dans ce numéro de Rose El-Youssef, magazine de nouvelles publié pour la première fois en 1925, il ne soit fait allusion au père de Gamal, le président Hosni Moubarak.

Point de vue de Gamal Moubarak – réforme et changement

Depuis qu’il dirige le Secrétariat politique du PND, Gamal Moubarak essaie de se positionner plus à gauche que son père, conservateur, sur des questions d’ordre politique, économique et social.

Les mots «réforme et changement» font partie intégrante du discours de Gamal Moubarak. En termes de programmes, ces mots devraient se traduire par: (a) l’intégration de l’Egypte à l’économie mondiale [10] ; (b) des réformes dans le secteur public, très bureaucratique et inefficace; (c) l’ouverture du processus politique à la jeunesse égyptienne; (d) le renforcement du rôle des femmes sur la scène politique; (e) un commerce en pleine expansion et l’approbation de la récente initiative américaine pour une zone de libre échange au Moyen-Orient, comme moyen de réduction d’un taux de chômage préoccupant. Moubarak souligne que la réforme et le changement ne partiraient pas de zéro: «En ce qui concerne les piliers d’une société libre et plurielle, les divergences d’opinions, les arguments et contre-arguments, les élections à différents niveaux, au niveau local comme au niveau régional, nous avons parcouru un chemin important.» Il a affirmé à plusieurs occasions que la réforme et le changement en Egypte ne dépendaient pas d’une seule personne mais de toute une génération. [11] Gamal Moubarak a appelé à réformer le système éducatif en l’ouvrant sur l’extérieur. Dans une initiative sans précédent, il a également appelé à la réforme du système éducatif de la plus vénérable institution religieuse: l’Azhar. [12]

La seule réforme que Moubarak n’est pas prêt à envisager est celle de l’élection présidentielle – qui se fait par plébiscite, sans opposants, et non au moyen d’élections libres. Son attitude est en accord avec son point de vue selon lequel son parti est «le seul capable de diriger l’Egypte à l’heure actuelle». [13]

Gamal Moubarak a déclaré que son parti ne tarderait pas à envisager une réduction de l’influence des pouvoirs gouvernementaux instaurés sous la loi d’urgence, l’abolition de la peine d’emprisonnement avec travaux forcés et la création de nouveaux Conseils des droits de l’homme. [14]

En politique étrangère, il s’est élevé contre la guerre en Irak. Il a d’ailleurs mené la plus grande manifestation jamais intervenue au Caire depuis 24 ans que le PND est au pouvoir, une manifestation toutefois dépourvue de pancartes et de slogans anti-américains. [15] Avant cela, Gamal avait déclaré que l’Egypte ne prendrait part à aucune action militaire contre l’Irak «parce que la position égyptienne, le gouvernement comme le peuple, sont favorables à un règlement pacifique de la crise irakienne.» [16] Il a affirmé que la paix [avec Israël] avait servi la croissance économique égyptienne, tout en laissant l’Egypte appuyer la cause palestinienne. Il a appelé à la solidarité envers le peuple palestinien, à la création d’un Etat palestinien, et s’est déclaré contre la judaïsation de Jérusalem. [17] S’il voit l’Egypte jouer le rôle de guide dans le monde arabe, il considère toutefois que cela ne pourra se faire que grâce à un engagement de l’Egypte à appliquer de véritables réformes, et non en scandant des slogans. [18]

La fortune de Moubarak

On ne dispose que de peu d’informations sur la fortune de Gamal Moubarak; on sait toutefois qu’il a monté une société privée d’un capital de 100 millions de dollars. [19] On trouve un exemple de «trafic d’influence» dans le dernier numéro de Rose El-Youssef, au sujet de la vente de BMW en Egypte: les propriétaires, la famille Abou –Al-Foutouh et ses partenaires, demandaient 200 millions de livres égyptiennes (équivalant à peu près à 40 millions de dollars). Les acheteurs en offraient 140 millions. Les vendeurs ayant refusé de descendre au-dessous de 160 millions de livres, D. Ali Al-Saïdi, ministre de l’Industrie et de la Technologie, est intervenu, suite à quoi les vendeurs ont accepté l’offre de 140 millions de livres. Les acquéreurs de la société étaient des Qataris (avec 80% d’intérêt), une société allemande (avec 15%) et Gamal Moubarak (avec les 5% d’intérêt restants), lequel assume également la direction de la nouvelle société, rebaptisée «Bavari Egypt». [20] L’intervention du ministre dans une transaction commerciale en dit suffisamment long.

Conclusion

La conférence générale du parti au pouvoir est prévue pour septembre prochain. Il s’agira d’une réunion décisive vu que seront à l’ordre du jour l’éventualité d’un cinquième mandat de cinq ans pour le président Hosni Moubarak ou la sélection d’un nouveau candidat, peut-être Gamal. Si Hosni Moubarak décide de concourir encore une fois à la présidence, ou plus exactement d’être élu, vu qu’il s’agit d’un plébiscite sans opposant, la question clé sera celle de la nomination d’un vice-président et de l’identité de ce dernier. Il est probable que Hosni Moubarak décide de concourir lui-même pour laisser à son fils quelques années supplémentaires de maturation politique.

Les Etats-Unis pourraient se trouver devant un dilemme si Gamal venait à accéder au pouvoir. S’étant engagés à instaurer la démocratie au Moyen-Orient, les Etats-Unis pourraient considérer l’apparition d’une nouvelle dynastie comme contraire à leurs intentions. Il n’est dès lors pas surprenant que Gamal Moubarak cherche à gagner l’appui américain par ses fréquentes visites aux Etats-Unis, où il participe à des réunions autant privées que publiques, faisant figure d’ami fidèle de l’Amérique, se montrant favorable à la réforme tout en étant un gage de stabilité. * Le Dr Nimrod Raphaeli est responsable du programme d’études économiques du Moyen-Orient à MEMRI


[1] Al-Ahram (Egypte), le 18 septembre 2002.

[2] Al-Hayat (Londres), le 19 septembre 2002.

[3] Okaz (Arabie Saoudite), le 5 novembre 2002.

[4] Voir les Enquêtes et Analyses n° 31 et 32 de MEMRI sur le sujet de la succession en Egypte.

[5] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 6 mai 2003.

[6] Al-Hayat (Londres), le 28 juin 2003.

[7] Al-Hayat (Londres), le 7 mai 2003.

[8] The Washington Post , le 10 février 2003.

[9] Rose El-Youssef (Egypte), No. 3916, 28-6: le 4 juillet 2003.

[10] Voir l’Enquête et Analyse n° 121 de MEMRI sur «la fluctuation de la livre égyptienne: initiative de Gamal Moubarak».

[11] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 28 juin 2003.

[12] Al-Hayat (Londres), le 1er juin 2003.

[13] Al-Hayat (Londres), le 13 décembre 2002.

[14] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 6 mai 2003.

[15] Al-Hayat (Londres), le 6 mars 2003.

[16] Al-Hayat (Londres), le 24 février 2003.

[17] Al-Hayat (Londres), le 6 mars 2003.

[18] Al-Hayat (Londres), le 19 mars 2003.

[19] Okaz (Arabie Saoudite), le 5 novembre 2002.

[20] Rose El-Youssef (Egypte), 28 juin et 4 juillet 2003, p. 84.

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