Ces derniers mois, d’influentes personnalités arabes et juives d’origine israélienne ont organisé un séminaire sur l’Holocauste qui devra s’achever, en mai 2003, par une visite des camps de la mort d’Auschwitz-Birkenau. Ils retrouveront sur place une délégation française composée de responsables des communautés juive et musulmane.
A l’origine de cette initiative se trouve l’Archimandrite Emile Shoufani, de l’Eglise grecque orthodoxe de Galilée, également directeur du lycée Al-Mutran (Saint-Joseph) de Nazareth.
Début février 2003, les personnes à l’origine de l’entreprise ont publié un communiqué intitulé «Se souvenir de la douleur au nom de la paix», qui explique: «Nous, soussignés citoyens arabes d’Israël, craignons que ne se détériorent les relations entre Arabes et Juifs sur notre terre (…), relations caractérisées par une grande peur de l’autre et un enfermement nationaliste. C’est par esprit de responsabilité et par foi en la possibilité de modifier l’atmosphère des relations entre Juifs et Arabes en Israël que nous prenons cette initiative. Notre but est de ressentir la douleur existant de l’autre côté. Ces deux peuples ne pourront abandonner le sentier de la tuerie s’ils ne parviennent, chacun de son côté, à comprendre et intérioriser la souffrance de l’autre, les peurs qui l’ont poussé jusqu’à la ligne de tir, au conflit et à la guerre. L’acceptation de ce principe nous a conduits à fouiller en profondeur l’histoire juive et à y naviguer. Nous souhaitons apprendre et connaître la souffrance [des Juifs], leurs difficultés, la torture et la destruction [endurées]…, afin de nous y identifier et d’exprimer, de toute notre force, notre solidarité envers les Juifs.» [1]
Il ne s’agira toutefois pas du premier voyage d’Israéliens non-juifs vers les camps de la mort en Europe; certains membres arabes de la Knesset ainsi que des personnalités publiques s’y sont déjà rendus. En 1996, le vice-ministre de la santé, Nawaf Massalhah, a allumé une torche à Birkenau le jour de la commémoration de l’Holocauste. En avril 2000, le parlementaire Hashem Muhammid a participé à un voyage organisé par le comité des Affaires étrangères et de la Défense vers les camps de la mort, et en mai 2000, le cheik Tawfiq Al-Khattib, également membre de la Knesset, a participé à la Marche des vivants d’Auschwitz à Birkenau. [2]
Réactions à l’initiative
Cette initiative ne fait toutefois pas l’unanimité : le Dr Attallah Hanna, ancien porte-parole de l’Eglise orthodoxe de Jérusalem, a répliqué par une contre-initiative: des dizaines de personnalités palestiniennes, musulmanes et chrétiennes se rendront au Liban, dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila, au moment même où Shoufani et son groupe partiront pour Auschwitz-Birkenau, cela « afin de transmettre au monde le message que la vraie tragédie est celle du peuple palestinien.» Hanna souligne qu’« il serait juste qu’un groupe de personnes désireuses de comprendre la souffrance des Juifs prête d’abord l’oreille à celle de son propre peuple, à la douleur endurée à l’ombre de l’occupation.» [3]
Dans Faisel-Al-Maqel, hebdomadaire du parti de l’Alliance démocratique nationale israélo-arabe (Balad), Elias Khalil écrit: «Cette initiative n’entraînera aucun vrai changement positif dans la nature des relations entre l’Etat d’Israël et les résidents palestiniens du pays (…), vu que la partie active dans ces relations est constituée de l’Etat d’Israël et de ses institutions, et que ces relations ne sont pas définies par le niveau de reconnaissance de l’histoire [juive] par les Palestiniens ou par la force de leur identification à la ‘victime’ juive. »
Pour Khalil, «notre intérêt national en tant que peuple est de séparer autant que possible les problèmes brûlants qui nous touchent de la souffrance des Juifs ailleurs dans le monde, dont le summum a été l’Holocauste nazi en Europe, afin de ne pas minimiser nos problèmes en les comparant à l’Holocauste (…)
L’identité juive comporte plusieurs facettes, l’une d’entre elles étant l’Holocauste nazi. Mais cette identité se définit également par la répétition des agressions guerrières, l’expropriation de terres, des pratiques violentes vis-à-vis des Palestiniens. Ces facettes, qui nous concernent [directement], rendent difficile la distinction entre les divers traits de l’identité juive. En outre, pourquoi devrais-je m’identifier à un aspect donné de leur identité alors qu’ils s’efforcent sans trêve d’éradiquer et de falsifier la mienne?» [4]
Cette initiative appuie la propagande israélienne
Le journaliste Emir Makhoulestime pour sa part que par leur déclaration commune, les auteurs arabes de l’initiative cherchent à «comprendre la souffrance [des Juifs], souffrance qui a conduit le peuple juif à vivre dans la peur perpétuelle de l’autre» et qui « conforte l’utilisation de la victime juive par les sionistes pour justifier la politique agressive d’Israël.» D’après lui, «la peur des Juifs résulte de la nature raciste et impérialiste d’Israël ainsi que de l’occupation, des colonies, de la répression et de l’humiliation du peuple palestinien. Historiquement, cette peur est née de la création de l’Etat d’Israël, entité colonialiste, sur les ruines du peuple palestinien (…) L’entreprise sioniste se sert [de l’Holocauste] pour justifier les crimes actuels d’Israël (…) A mon avis, Israël est capable d’utiliser un projet de ce type pour renforcer la mentalité de victime dans la société israélienne bien plus que pour encourager une quelconque ouverture ou un quelconque changement [vis-à-vis des Palestiniens].» [5]
Tamim Mansour, professeur de lycée dans la ville de Tira et conférencier à Beit Berel, Institut d’études supérieures de Kfar Saba, en Israël, avait autrefois critiqué Al-Khattib pour sa décision de rejoindre la délégation d’Auschwitz, déclarant que c’était là un moyen d’aider à la propagande israélienne et au sionisme mondial, qui chaque année font entendre leurs «pleurs et gémissements dans les camps pour recouvrir leurs péchés, passés et présents, à l’encontre du peuple palestinien.» [6]
Mansour s’oppose également à l’initiative actuellement en cours: «Mon opposition ne signifie bien sûr pas que je suis pour les nazis (…) Je pense que se rendre aujourd’hui à Auschwitz, c’est donner des moyens à la propagande israélienne. Je ne me souviens pas avoir vu un responsable juif, de droite ou de gauche, visiter Sabra et Chatila ou l’un de ces cimetières remplis de cadavres palestiniens. Suffisamment de responsables dans le monde affichent leur solidarité envers le peuple juif dans le domaine de l’Holocauste, et je pense que les Juifs en ont bien profité, à des fins purement politiques, commettant des actions terribles au nom de l’Holocauste. Ils ont construit un pays aux dépens des Palestiniens à cause de l’Holocauste; je n’ai donc aucune raison de m’identifier à eux (…) Il faut [aussi]savoir choisir le moment propice. Or le moment n’est vraiment pas indiqué, vu que les Juifs ne reconnaissent pas la souffrance des Palestiniens, que la répression et l’occupation empirent de jour en jour.» [7]
Plus on comprend les Juifs, plus on se trouve obligé de justifier Israël
L’écrivain et critique Antoine Shalhata vivement critiqué l’initiative, suggérant une autre approche de l’Holocauste:«Traiter aujourd’hui le sujet de l’Holocauste (…) revient à légitimer le rapport entre la création d’Israël et ce qui est arrivé en Europe. L’approche de l’Holocauste doit être autre. Celui-ci doit être enseigné dans son contexte historique, sans rapport avec la création de l’Etat hébreu; ce rapport, établi par les sionistes, doit être débattu [indépendamment], sur la base de critères moraux, politiques et historiques (…) Ce qu’il faut maintenant, c’est que la puissante partie juive reconnaisse la catastrophe [de la guerre de 1948] comme étant une tragédie pour les Palestiniens, et agisse en fonction.» [8]
Le membre de la Knesset Azmi Bishara, qui a visité les camps de concentration au cours de ses études doctorales en Allemagne, a témoigné de sentiments mitigés face à l’initiative: «S’il s’agit là d’un authentique et honnête désir d’en savoir plus sur la mémoire collective de la majorité de l’Etat dans lequel nous vivons, je n’ai rien à y redire. Toute initiative allant dans ce sens est la bienvenue. Mais je suis légèrement sceptique. Je crains entre autres qu’il ne s’agisse en fait d’atteindre le cœur des Juifs et d’influencer leur opinion publique pour qu’ils commencent à s’intéresser à nous, vu que nous nous intéressons à eux.
Le problème est que rien ne prouve qu’en discutant davantage des souffrances endurées par les Juifs et en s’y intéressant de plus près, on augmentera la réceptivité des Juifs face aux autres peuples. Jusqu’à ce jour, à chaque fois que d’autres peuples se sont intéressés à l’Holocauste, Israël en a profité. On en est arrivé à une situation où mieux on comprenait l’histoire de la persécution des Juifs, plus on se devait de comprendre Israël et son attitude actuelle. C’est ce qu’on appelle faire de l’Holocauste un moyen. Il existe deux grands crimes en rapport avec l’Holocauste: le nier et l’exploiter, comme cela se fait actuellement. Ces deux approches comportent un élément négationniste, parce qu’en comparant l’Holocauste à tout autre événement, on le minimise inévitablement.» [9]
Un acte de patriotisme arabe
Afin d’éviter une mauvaise compréhension de l’initiative, l’un de ses participants, le journaliste Nazir Majali, ancien directeur du journal communiste Al-Ittihad, a entrepris une campagne d’explication en Egypte. Il a rencontré des façonneurs d’opinion publique pour leur préciser qu’il ne s’agissait là ni d’une «sionisation» des Arabes israéliens, ni de servilité, mais d’un acte de patriotisme arabe de premier ordre, visant à révéler l’humanité arabe. Il a déclaré avoir reçu la bénédiction de la plupart des personnes rencontrées, ajoutant qu’Amr Moussa, secrétaire de la Ligue arabe, avaitmême souligné que venant du monde arabe, une telle entreprise revêtait un caractère d’évidence. Ce dernier aurait promis que dans le cas d’éventuelles attaques contre les participants au moment du départ de la délégation, il appellerait au soutien général.
Mahmoud Ali Taha, président de l’Association des écrivains arabes en Israël,a rejeté l’argument selon lequel ce genre d’initiatives n’était pas indiqué «quand le gouvernement israélien commet des crimes dans les territoires palestiniens». Il a avancé que « le monde éclairé ayant été contre le nazisme, nous pouvons l’être aussi, et nous identifier à la victime. En aucun cas ne nous rallions-nous ainsi à la propagande israélienne. En m’identifiant à la victime, je révèle l’humanité qui est en moi, sans rien chercher à obtenir en retour.» [10]
Rejetée: une initiative qui cherchait à inclure l’Holocauste dans le programme scolaire palestinien
Les critiques de l’initiative arabe israélienne de visiter Auschwitz rappellent quelque peu celles qui furent adressées en 2000 à Anis Al-Qaq, alors vice-ministre de la Coopération internationale, quand il proposa d’inclure l’Holocauste au programme scolaire palestinien.
Dans un symposium tenu en avril 2000 à Nicosia, à Chypre, des Palestiniens et des Israéliens avaient discuté des «moyens éducatifs d’asseoir la paix». Des représentants égyptiens, jordaniens, marocains et tunisiens étaient présents. A la tête de la délégation israélienne se trouvait Yossi Sarid, alors ministre de l’éducation, tandis que la délégation palestinienne était conduite par Al-Qaq.
Au cours de ce symposium, Al-Qaq s’était déclaré « intéressé par l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste dans les écoles arabes et palestiniennes (…), expliquant: «Je pense que la Palestine et le monde arabe dans son ensemble ont besoin d’étudier l’Holocauste; c’est pourquoi ce sujet devrait être intégré au programme scolaire.» [11]
L’idée n’a jamais été appliquée. Les déclarations d’Al-Qaq ont été considérés comme très offensantes dans le milieu intellectuel palestinien. Le Dr Mussa Al-Zubut, président du Comité pour l’éducation du Conseil Législatif Palestinien (CLP), a déclaré: «Rien ne sera fait pour inclure l’histoire de l’Holocauste dans le programme scolaire palestinien. C’est le Conseil Législatif Palestinien qui définit les grandes lignes [du programme scolaire] selon la loi. Le Conseil en général, et le Comité pour l’éducation en particulier, contrôlent le contenu du programme, s’assurant que rien ne va à l’encontre de l’histoire palestinienne ou ne lui nuit.»
Al-Zubut a aussi dit: «L’Holocauste a été exagéré dans le but de présenter les Juifs comme les victimes d’une grande injustice et de justifier la [revendication] de la Palestine comme patrie, de leur accorder le droit de réclamer des dédommagements. En enseignant l’Holocauste [dans les écoles palestiniennes], il conviendrait d’expliquer aux étudiants que celui-ci a été fortement amplifié et que nous, Palestiniens, en avons subi les conséquences: notre pays, la Palestine, a été perdu et occupé par Israël. Il vaut mieux enseigner ce que subit notre peuple.»
Al-Zubut a ajouté qu’Al-Qaq avait peut-être voulu introduire l’enseignement de l’exagération de l’Holocauste dans les écoles, concluant: «Nous n’avons aucun intérêt à enseigner l’Holocauste. Si le but est d’exprimer notre solidarité, il n’a pas lieu d’être, vu que c’est nous qui subissons les conséquences.» [12]
L’enseignement de l’Holocauste représente un danger pour la bonne évolution des mentalités chez les Palestiniens.
Ziyad Abou Amr, président du Comité politique du CLP a précisé que dans tous les cas, «l’enseignement de ce sujet ne doit pas être obligatoire. Ceux qui ont étudié l’histoire de l’Holocauste sont arrivés à des conclusions différentes. Pourquoi devrions-nous donc exiger de nos étudiants qu’ils étudient l’histoire, l’héritage et l’expérience des Juifs? Nous avons grand besoin de nous pencher sur notre propre histoire. D’autre part, la relation entre nous et eux doit être rétablie en premier lieu par leur acceptation complète des droits de notre peuple. Les problèmes fondamentaux qui existent entre nous et eux n’ont pas été résolus, et je ne crois pas que ce soit le moment de programmer nos enfants et les élèves de nos écoles en leur enseignant l’histoire juive en général, et l’Holocauste en particulier.» [13]
Hatem Abd El-Qader, un responsable du Fatah membre du CLP, a déclaré que l’enseignement de l’Holocauste dans les écoles palestiniennes représentait «un grand danger pour la bonne évolution des mentalités chez les Palestiniens. Il serait dangereux de modifier le programme palestinien dans ce sens. Les Juifs doivent avant tout suivre des cours sur la catastrophe, les massacres, le meurtre et l’exil, car la catastrophe est toujours actuelle. Quant au soi-disant Holocauste, il a déjà été relégué au musée de l’histoire.»
Abd El-Qadr ajoute: «Nous ne pouvons abolir l’historique rêve palestinien, même en le soustrayant au discours palestinien officiel (…) Cette terre nous a été promise par Allah, alors qu’elle a été promise aux Juifs par Balfour. Si une telle décision [d’enseigner l’Holocauste] venait à être appliquée, elle détruirait inévitablement le rêve palestinien et les aspirations palestiniennes. Elle effacerait complètement le passé, le présent et l’avenir des Palestiniens. Au Conseil législatif, nous nous opposerons à toute expérience susceptible de nuire à l’esprit, à l’identité ou aux racines historiques des Palestiniens.» [14]
Nous avons, plus que les Juifs, droit au soutien international
Le Dr Issam Sisalem, historien palestinienayant par le passé nié l’existence des chambres à gaz, affirme: «En tant que Palestiniens, nous condamnons le meurtre aveugle d’un grand nombre de personnes par les Allemands, mais ne pouvons permettre l’exploitation du massacre des Juifs dans le but d’oppresser une autre nation, les Palestiniens. Les tribunaux de Nuremberg ont exploité les mensonges [des Juifs] pour diviser la Palestine, prétendant que la communauté juive avait souffert de l’extermination et avait besoin d’une patrie. Ce qui nous intéresse, c’est notre propre peuple, qui a souffert de l’exil et de la perte de milliers d’individus. Nous avons, plus que [les Juifs], droit au soutien de toutes les nations.
Le Dr Sisalem a affirmé que, depuis le Forum international de Stockholm (janvier 2000), où il a été dit que tous les pays européens devraient incorporer l’Holocauste au programme scolaire, les médias occidentaux ont menti en exagérant son ampleur. Il a déclaré: «Le mouvement sioniste a exploité l’Holocauste afin de cacher les crimes répugnants commis en Palestine. Il continue en outre d’extorquer les Etats européens jusqu’à aujourd’hui. La vérité est que les responsables sionistes ont négocié avec les nazis et signé des accords avec eux pour l’expulsion d’un grand nombre de Juifs vers la Palestine. Ils se sont également mis d’accord sur le fait de ne pas nuire aux biens des Juifs, en échange de quoi le mouvement sioniste fournirait aux Allemands des milliers de camions à utiliser sur le front russe.» [15]
L’intellectuel palestinien Abdallah Horania fait les commentaires suivants: «Je ne pense pas qu’Israël et le mouvement sioniste aient besoin des efforts et des voix des Palestiniens pour propager le conte de l’Holocauste. Chez certains, la loyauté envers Israël et l’élan de générosité à son égard dépassent la loyauté envers la cause pan-arabe nationale. Au lieu de parler de ce faux Holocauste, Al-Qaq aurait mieux fait de répertorier les doutes le concernant, lesquels acquièrent du poids sur la scène internationale et parmi les plus grands intellectuels européens. Il aurait dû évoquer les massacres perpétrés par les Israéliens contre le peuple palestinien sans défense qui, où qu’il se trouve, souffre encore de la cruelle terreur sioniste.»
Al-Horani ajoute que les propos d’Al-Qaq lui rappellent «ceux des individus qui ont offert de ne pas évoquer le retour des réfugiés palestiniens sur la terre d’où ils ont été chassés en 1948. Ces déclarations entrent dans le cadre de ce que l’on appelle la ‘culture de la paix’, appuyée par les Etats-Unis, chargée de maintenir l’hégémonie dans la région. Le but de cette ‘culture de paix’ est de propager l’interprétation américaine de la globalisation, ce qui signifie faire capituler [le monde]aux conditions de l’Amérique – et donc aux conditions d’Israël. L’objectif de cette globalisation est également d’éradiquer le mémoire des nations, d’effacer leur héritage national ainsi que leur histoire, [de neutraliser] toute forme de résistance face à l’invasion étrangère idéologique et culturelle.» [16]
Le leader du mouvement palestinien du Djihad islamique à Gaza, le cheik Nafez Azzam, a réagi aux propos d’Al-Qaq en ces termes: «Il est inconcevable qu’une nation respecte ses assassins ainsi que les usurpateurs de ses droits et de sa terre. Pourquoi ne parle-t-on que des victimes juives de la Deuxième guerre mondiale, sans un mot pour nos victimes et martyrs? Nous devons en premier lieu enseigner à nos enfants les catastrophes que nous ont infligées les Juifs et qu’ils continuent de nous infliger. Nous devons leur enseigner l’histoire de ce conflit, le mal immense commis envers le peuple palestinien sur fond de silence et de complot auquel ont pris part la plupart des gouvernements.»
Azzam a assuré que «celui qui parie sur le lavage de cerveau est voué à l’échec(…) Un tel programme n’aurait aucune influence sur la formation des esprits des fils de la nation [islamique]. La volonté d’enseigner l’Holocauste dans les écoles palestiniennes entre en contradiction avec l’ordre naturel des choses.» [17]
Il est injuste de réduire l’importance de la persécutions dont ont été victimes les Juifs, mais…
En revanche, le cheik Jamal Mansour, un responsable du Hamas, a déclaré: «Il est injuste de nier l’Holocauste ou de réduire l’importance de la persécution dont ont été victimes les Juifs. Nous devons clairement le condamner et nous tenir du côté des opprimés – quels qu’ils soient – et contre l’oppresseur.» Le cheik Mansour a toutefois précisé que le problème venait de «l’Occident, qui se montre intransigeant en ce qui concerne l’histoire des Juifs et des Nazis, obligeant tous les gouvernements et peuples à enseigner une seule et même histoire de l’Holocauste. En outre, l’Occident emploie des historiens sionistes qui font de ce récit un axiome indéniable.
Parallèlement, on voudrait nous faire oublier tous les massacres, les dizaines de milliers de victimes, les millions d’exilés, notre terre confisquée, notre terre occupée, notre sang que l’on continue de verser (…) Les Juifs ont mobilisé leur monde soi-disant libre et civilisé pour assujettir ses victimes, [assurer] leur propre bien-être et leur puissance future – tout cela à cause d’un fou qui était l’ennemi du monde entier et pas seulement des Juifs, et qui a tué de ses mains 20 millions de Russes.» [18]
*Aluma Solnick est attachée de recherche à MEMRI
[1] Haaretz (Israël), le 5 février 2003.
[2] Interrogé sur ses impressions, Al-Khattib a déclaré qu’il avait une vision large des choses, qui ne se limitait pas à comploter contre le peuple juif. Il s’est opposé à la déclaration selon laquelle rejoindre de telles délégations était inadmissible vu que les Juifs commettaient des actions similaires contre le peuple palestinien, expliquant qu’il avait rejoint la délégation pour des raisons humanitaires et culturelles; il s’est toutefois élevé contre l’utilisation actuelle de la tragédie juive en Europe «à des fins de légitimation des actes commis aujourd’hui sur la rive Ouest, à Gaza et en Israël.» Voir Kol Al-Arabi (Israël), le 5 mai 2000.
[3] Al-Hayat Al-Jadida (Londres), le 27 février 2003.
[4] Faisel Al-Maqal (Israël), le 7 mars 2003.
[5] Al-Mash’had Al-Asra’ili, supplément d’Al-Ayyam (Autorité palestinienne), le 11 février 2003.
[6] Faysal Al-Maqal (Israël), le 28 avril 2003.
[7] Haaretz (Israël), le 5 février 2003.
[8] Al-Hayat (Autorité palestinienne), le 11 février 2003.
[9] Haaretz (Israël), le 5 février 2003. (10) Haaretz (Israël), le 5 février 2002.
[10] Al-Qods Al-Arabi (Londres), le 11 avril 2000.
[11] Al-Risala (Autorité palestinienne), le 13 avril 2000.
[12] Al-Risala (Autorité palestinienne), le 13 avril 2000.
[13] Al-Istiqlal (Autorité palestinienne), le 20 avril 2000.
[14] Al-Risala (Autorité palestinienne), le 13 avril 2000.
[15] Al-Istiqlal (Autorité palestinienne), le 20 avril 2000.
[16] Al-Istiqlal (Autorité palestinienne), 20 avril 2000.
[17] Al-Risala (Autorité palestinienne), le 13 avril 2000.