Dans sa chronique, le Dr Atallah Abou Al-Subh, de l’hebdomadaire du Hamas [1] Al-Risala (Gaza), écrit des lettres ouvertes à des personnalités importantes, s’adresse parfois aussi aux idéologies et aux événements. Sa dernière lettre (n° 163) était intitulée: “A l’anthrax”
“La vérité est que je me suis demandé par où commencer ! Dois-je te saluer [l’anthrax] ou te maudire? Dois-je tenir ma langue? … Je commencerai par ces mots: O anthrax, en dépit de ton aspect maudit, tu as semé l’horreur dans le cœur de la grande dame de l’arrogance, de la tyrannie et de la vantardise ! Ton contact délicat a rendu la vie des Etats-Unis dure et vaine. Tu as rempli de peur le cœur de la terrifiante grande dame, à tel point que ses jambes ont du mal à soutenir le poids de son corps. Par ta faute, elle ne sait plus si elle sera encore en vie l’instant qui suit. Tu as réussi à pénétrer le plus fortifié de tous les lieux: la Maison blanche, que tu leur as fait fuir comme des souris. Il y a peu de temps encore, ce lieu était la résidence du pouvoir de la brutalité, ou de la brutalité du pouvoir ! Le propriétaire a dit de sa maison: “Malheur à quiconque ose lui lancer ne serait-ce qu’un regard hostile !”, mais tu as transformé tout cela en vanité, faiblesse et malheur.
Par Allah, es-tu à ce point redoutable? Ne crains-tu pas les missiles intercontinentaux américains? Ne crains-tu pas les missiles-torpilles à têtes nucléaires et des chapelets de bombes? Ne crains-tu pas “l’épée agile” [ jeu de guerre omano-britannique] que la Grande-Bretagne a tirée de son fourreau pour l’enfoncer dans le cœur de notre honneur à Muscat [capitale d’Oman], avec l’accord du grand sultan, qui a agi sans la moindre honte? N’as-tu pas peur des destroyers de la grande dame de la terreur, qui traversent le canal de Suez?
Le Pentagone était un monstre avant que tu ne pénètres ses couloirs… Et vois, on découvre maintenant que ses hommes sont de papier et ses commandants de carton, que tous prennent la fuite dès qu’ils aperçoivent – aperçoivent ! – un peu de craie effritée. Il y en a qui croient que j’exagère, pas moi. C’est l’horreur que tu as semée, toi, si délicat, si simple, si malheureux, dans le cœur du suceur de sang [l’Amérique] qui m’apporte cette vision des choses. Tu n’es pas venu comme une tempête, mais ils te considèrent comme telle: une terrible tempête qui détruit tout sur son passage. Ils cherchent à te fuir en courant dans tous les sens, bredouillant: “Ma vie ! Ma vie !” Nos cœurs, réprimés, exilés, opprimés avaient en eux la foi qu’Allah pourrait vaincre l’Amérique au moyen du plus faible de ses soldats terrestres, et voilà qu’il t’a utilisé pour semer l’horreur dans leurs cœurs…”
Ton histoire est vraiment étrange. Les Américains te considèrent comme une menace de chaque instant capable d’ébranler la grande dame dont les trompes aspirent le sang des peuples…. Tous [en référence aux dirigeants des pays arabes et islamiques] disent [à l’Amérique] à chaque fois qu’elle pète: “Qu’Allah te prenne en pitié !” Cela dit, tu n’as atteint que huit Américains jusqu’à présent.
Grâce à toi, les Etats-Unis cherchent à nous calmer et nous laissent entrevoir un avenir rose et une vie d’aisance … avec leur [nouveau] plan Marshall. Pourquoi donc? Pour tes beaux yeux? Ou par peur que nous ne nous transformions en anthrax et frappions la prunelle de leurs yeux et l’amour de leur cœur [des Etats-Unis], Tel-Aviv….? Sans permission, tu pénètres le hall du Palais de justice, comme si tu voulais repousser les symboles de leur souveraineté jusque dans la boue de la crainte et de la peur….
La tête froide, je te remercie et j’avoue que je t’aime bien, que je t’aime même beaucoup. Puisses-tu continuer de progresser, d’infiltrer [les lieux fermés] et de te répandre.
Si je peux me permettre de te donner un conseil, imprègne l’air de ces “symboles”, les robinets d’eau potable et les stylos avec lesquels ils forment leurs pièges et leurs conspirations contre les peuples misérables…. Transforme le corps des tyrans en allumettes qui se consument doucement et progressivement, afin qu’ils comprennent que la vérité appartient à Allah et qu’ils reconnaissent les droits de ceux qui en sont privés.
Après cela, après seulement, tu rentreras chez toi…. J’espère juste qu’on entendra parler du moment où tu pénètreras le corps de tous les hommes vils d’entre les arrogants et de leurs agents. Ne pénètre pas le corps des miséreux, telle celui de l’infirmière âgée. Que la paix règne sur les opprimés !” [2]