Le 28 janvier 2020, le président palestinien Mahmoud Abbas a réagi lors d’une conférence de presse au dévoilement des détails du plan de paix de Trump, connu sous le nom d’ « Accord du siècle ».
Qualifiant l’accord de « point culminant » de la Déclaration Balfour, initiée selon lui par les États-Unis, Abbas a déclaré que les Palestiniens rejetaient mille fois l’accord « complot », que Jérusalem n’était pas à vendre, qu’un État palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale verrait le jour et que les Palestiniens devaient descendre dans la rue, à l’instar des Libanais.
Les Palestiniens n’acceptent que des négociations basées sur les résolutions des Nations unies, a-t-il souligné, et l’Autorité palestinienne, le Hamas et les autres factions palestiniennes doivent mettre de côté leurs désaccords insignifiants et s’unir, a-t-il ajouté. Abbas a également déclaré que les Palestiniens n’étaient pas un peuple terroriste et qu’ils méritaient de vivre.
Mahmoud Abbas : J’aimerais dire au duo Trump et Netanyahou que Jérusalem n’est pas à vendre. Aucun de nos droits n’est à vendre ou bon pour compromis. Votre accord complot ne passera pas. […]
Notre peuple enverra [l’accord] dans les poubelles de l’histoire, où tous vos plans complots visant à éliminer notre cause sont allés. […]
Nous venons d’entendre le président Trump et le Premier ministre israélien Netanyahou parler de la « gifle » du siècle. Nous répondrons à cette gifle par de multiples gifles, insh’Allah, à l’avenir. […]
Après avoir entendu ces déclarations, qui n’étaient que sottises d’un bout à l’autre, nous disons mille fois : « Non, non, non à la gifle du siècle. » Chers frères, je considère cet accord comme le point culminant de la déclaration Balfour. C’était leur objectif avec la Déclaration Balfour. […]
L’Accord du siècle se base sur la Déclaration Balfour, qui a été créée par l’Amérique et la Grande-Bretagne. Certains pourraient trouver cela étrange. L’Amérique ? Oui, l’Amérique ! Et la Grande-Bretagne. C’est l’Amérique qui a formulé [la Déclaration Balfour], en accord avec la Grande-Bretagne, et c’est l’Amérique qui l’a introduite dans le Pacte de la Société des Nations, bien qu’elle ne fût pas membre de la Société des Nations, et c’est l’Amérique qui l’a introduite dans le Document soumis au Parlement du Mandat [britannique], bien qu’elle ne fût pas en charge de ce Mandat. Elle a ensuite déclaré : « Ceci doit être mis en œuvre. » Qui donc ? L’Amérique ! Faut-il que cela vous surprenne ?
On entendait dire autrefois que les Américains avaient des valeurs démocratiques et morales, mais c’est la politique américaine qui est aujourd’hui mise en œuvre dans notre territoire. C’est pourquoi nous devons comprendre la réalité des faits. L’Amérique a créé la déclaration Balfour, et elle commence aujourd’hui à la mettre en œuvre. Certaines personnes acceptent l’affirmation selon laquelle le lobby sioniste – l’AIPAC – contrôlerait les Américains et l’administration américaine suivrait la politique du lobby sioniste. C’est absurde. N’importe quoi. C’est la politique américaine qui engage tous les lobbies pour qu’ils soutiennent sa politique et ses plans. Je voudrais que nous comprenions bien cela. […]
Nous poursuivrons nos efforts et notre lutte pour parvenir à un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, dans les frontières du 4 juin [1967]. […]
Nous adhérons à nos principes nationaux, publiés par le Conseil national palestinien en 1988. […]
Nous disons au monde : Nous ne sommes pas un peuple terroriste. Nous n’avons jamais été un peuple terroriste. Nous sommes engagés dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, le monde doit comprendre que ce peuple mérite de vivre. En outre, nous adhérons à des négociations sur la base de la légitimité internationale [des résolutions des Nations unies]. J’ai dit au Conseil de sécurité que je voulais une conférence internationale et des négociations menées par le Quartet. Je n’accepterai pas que l’Amérique soit seule [médiatrice]. Je ne l’accepterai pas. Je sais que je ne peux pas ignorer les Américains, mais l’Amérique n’est pas le monde entier. Non. Il y a un Quartet international. J’accepterai le Quartet international.
J’accepte aussi que cinq pays fassent partie du Quartet. Ils sont les bienvenus pour mettre sur la table n’importe laquelle des résolutions des Nations unies et nous sommes prêts à négocier sur cette base. Mais sur la base de l’accord de Trump, ou de l’accord de n’importe qui d’autre !… Demain, quelqu’un d’autre pourrait se présenter. Je ne sais pas. M. Trump… Si quelque chose arrivait, et qu’il ne terminait pas son mandat, quelqu’un d’autre se présenterait, et il dirait la même chose. Cette politique est la politique de l’État profond. Elle n’est pas aléatoire. Elle date de 1917, pas d’aujourd’hui.
Nous ne l’accepterons pas. Nous nous battrons avec tout ce que nous avons. La protestation populaire pacifique sera notre arme numéro un. Je n’ai pas regardé à l’extérieur, mais je pense que le peuple palestinien est dans les rues, ici, à Jérusalem, en Cisjordanie, et partout dans le monde. Je n’ai pas dit au peuple de descendre dans la rue, mais ils ont vu et entendu ce qu’ont dit M. Netanyahou et l’autre… Trump. Les gens sont descendus dans la rue de leur propre chef. Nous devrions utiliser cette méthode. Regardez nos frères au Liban. Les jeunes hommes et femmes du Liban sont dans les rues depuis 100 jours maintenant. […]
Nous devrions les imiter, insh’Allah. Je m’adresse à toutes les factions palestiniennes. […]
J’ai parlé à M. Ismaïl Haniyeh. Je lui ai dit… Il m’a dit en premier : « Nous devons nous rencontrer immédiatement. Dans une demi-heure. » Je lui ai dit : « Pourquoi ne pas se rencontrer à Gaza immédiatement, et entamer une nouvelle phase, insh’Allah, de dialogue palestinien et d’action palestinienne commune ? Nous devrions surmonter nos ridicules petits soucis, afin de rester unis. Si nous sommes unis, le monde entier se lèvera certainement pour nous saluer. Nous sommes des gens qui méritons de vivre. Nous sommes des gens qui voulons nos droits.
Enfin, je dis à nos martyrs, à nos prisonniers et à nos blessés : Israël et l’Amérique ont essayé de nous priver de notre argent, qu’ils récupèrent pour nous moyennant une taxe… Rien n’est gratuit avec eux… Ils perçoivent une taxe pour tout… Pour que nous arrêtions de payer les prisonniers, les blessés et les martyrs. Les prisonniers, les blessés et les martyrs sont ce qu’il y a de plus sacré pour nous. Par Allah, s’il ne nous restait qu’un centime, il serait dépensé pour les martyrs, les prisonniers et les blessés. […]
Nous nous tournerons vers le Conseil de sécurité, et nous agirons en Europe et partout dans le monde, mais l’action la plus importante est l’action sur le terrain. C’est ce que vous faites qui compte, alors n’attendez pas de voir ce que les autres font pour vous. Les autres sont importants, et il est impératif que nous les fassions entrer dans nos rangs, mais cela ne marchera pas si nous n’avons pas nous-mêmes des rangs. Vous devez agir pour que les autres vous aident. Rappelez-vous le début du [mouvement] palestinien, le début du Fatah. Pourquoi est-il né ? Parce que si nous ne l’avions pas fait nous-mêmes, personne ne l’aurait fait. Si nous n’avions pas commencé nous-mêmes, personne ne l’aurait fait pour nous.