Dans un éditorial paru le 8 août 2018 dans le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram, Ahmad Abd Al-Tawab défend l’interdiction – au Danemark – du port du niqab et de la burqa par les femmes dans les lieux publics.[1] La loi est entrée en vigueur le 1er août 2018. Al-Tawab a expliqué que le port du voile intégral était contraire aux coutumes et traditions danoises, précisant que les réglementations sécuritaires danoises exigent des individus qu’ils révèlent leur visage, afin de faciliter le contrôle des suspects. Il estime qu’en insistant pour défendre le port du niqab en public, enfreignant ainsi la loi, les musulmans s’attirent l’hostilité générale – non seulement de la part des extrémistes racistes mais aussi des modérés – ce qui n’améliore pas leur situation. Extraits :
Est-il raisonnable que les musulmans immigrés au Danemark se laissent surprendre par le fait que le niqab des femmes [paraisse] étrange dans ce pays ? Et est-il vraiment inattendu que leur nouvelle société s’oppose à ce style [d’habillement], contraire aux conceptions, coutumes et traditions profondément enracinées [des Danois], au point d’entrer en conflit avec eux ? Pourquoi ne pas se conformer aux réglementations de sécurité qui exigent que les personnes montrent qui elles sont, pour faciliter la surveillance des individus suspects ? Pourquoi [les pro-niqab] refusent-ils avec obstination de reconnaître les opinions des autres religieux musulmans, qui soutiennent qu’il n’y a aucune justification religieuse au port du niqab ?
Un autre phénomène incompréhensible dans l’approche de [ces musulmans] concernant l’interdiction du port du niqab en public… est leur insistance pour dire que cette loi viserait à opprimer les femmes musulmanes. [Pourtant, cette loi] stipule explicitement que l’identité d’un individu ne doit être dissimulée d’aucune manière, ni par un masque, ni par un vêtement recouvrant le visage, ni par une fausse barbe.
La police danoise prend très au sérieux l’application de cette interdiction, entrée en vigueur ce mois-ci [août]. Lors d’un incident survenu il y a quelques jours dans un centre commercial, une Danoise s’est querellée avec une femme en niqab, et ne l’a pas lâchée jusqu’à l’arrivée d’un policier. [Celui-ci] a expliqué à la porteuse de niqab ses options légales : elle pouvait retirer le niqab, payer une amende de 1 000 couronnes [environ 2 800 livres égyptiennes] pour une première infraction ou quitter l’espace public. Elle a choisi de partir !
Bien entendu, une telle situation peut se reproduire, d’une manière qui servira les intérêts des racistes [en Europe] – mais ceux-ci ne sont plus seuls, car des secteurs modérés les ont rejoints pour faire pression sur leurs gouvernements, en vue d’adopter une ligne de conduite plus stricte face à l’immigration illégale, de renforcer les réglementations des visas, etc.
Ces problèmes continuent de se répandre et de s’aggraver, et aucune solution n’est en vue – notamment depuis que nous avons vu [de quoi était capable] l’extrémisme salafiste… comme dans la célèbre vidéo en ligne, où un prédicateur salafiste ne parle pas aux femmes non voilées, mais s’adresse à celles qui portent le niqab, affirmant que les autres encouragent les agressions sexuelles en ouvrant grand les yeux, pour souligner leur maquillage, en portant des robes suffisamment courtes pour montrer la couleur de leurs chaussettes et en portant des sacs à main rouges – des actes qui excitent les hommes !
Lien vers le rapport en anglais
Note :
[1] La loi ne mentionne pas explicitement la burqa ou le niqab, mais interdit tous « les vêtements qui couvrent le visage », précisant que les contrevenants peuvent se voir infliger une amende de 1 000 couronnes (environ 150 dollars).