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Minorités, Péninsule arabique, Politique
24 January 2018
|

L’Arabie saoudite supprime des informations sur l’homosexualité, tandis que des utilisateurs de Twitter reconnaissent qu’elle est répandue dans le Royaume

Extrait d’une vidéo du mariage gay (YouTube.com, 2 janvier 2018)

La question de l’homosexualité est récemment réapparue dans le débat public en Arabie saoudite, à la suite de deux événements : des informations sur la célébration d’un mariage gay dans la région de La Mecque, qui a fait l’objet d’une descente de police, et un article dans le quotidien saoudien Okaz sur l’acteur américain Timothée Chalamet, incarnant un jeune gay dans un film acclamé à Hollywood.

Il convient d’observer que la presse saoudienne a quasiment passé sous silence l’événement du mariage gay, et qu’un site web saoudien a même supprimé un article qu’il avait publié à ce sujet. Okaz a également supprimé l’article sur Chalamet paru sur son site, après avoir essuyé des critiques virulentes pour sa publication. Toutefois, de nombreux Saoudiens ont réagi à ces événements sur les réseaux sociaux, la plupart pour faire part de leur désapprobation de l’homosexualité, jugée incompatible avec le mode de vie saoudien. D’autres ont cependant indiqué que l’homosexualité existait et était même répandue dans le royaume, certains défendant les droits des LGBT.

Il convient d’observer aussi que ce n’est pas la première fois que des informations sur des événements homosexuels dans le Royaume sont publiées, et que dans le passé également, ils avaient suscité des réactions virulentes sur les réseaux sociaux et la désapprobation du régime, du fait de sa position conservatrice et critique sur la question. En janvier 2016, le site web saoudien indépendant Sabq.org avait fait état de l’arrestation de jeunes gens à Riyad, qui avaient organisé une fête de mariage pour un couple homosexuel. La fête avait été filmée et la vidéo partagée sur les réseaux sociaux.[1] Le 26 février 2017, une information avait été publiée sur l’arrestation d’un groupe de Pakistanais en Arabie saoudite, suite à une fête de travestis.[2]

Des vidéos montrent un mariage gay dans la région de la Mecque ; le quotidien saoudien Okaz retire son article sur le sujet

Le 3 janvier 2018, des sites de presse arabes rapportaient que des vidéos circulaient sur les réseaux sociaux concernant le mariage de deux homosexuels dans un motel, dans le gouvernorat d’Ardiyat, au sud de la Mecque. Selon ces informations, la police de la région de la Mecque aurait effectué une descente et arrêté les participants.[3]

Contrairement à la large publicité qui a entouré l’événement sur les réseaux sociaux et dans la presse non saoudienne, les médias imprimés saoudiens l’ont à peine couvert. Le seul journal qui l’a mentionné était le quotidien Al-Madina, qui a également cité un “expert des affaires sociales et morales” affirmant que le phénomène des mariages gays reflétait une corruption morale en général et une perversion sexuelle en particulier, et que la lutte contre ce phénomène devait commencer au sein de la famille.[4] Le site de presse saoudien Al-marsd.com a fait état du mariage le 3 janvier 2018, et le lendemain, il a publié la réaction du gouverneur d’Ardiyat, appelant les Saoudiens à respecter les valeurs religieuses et morales du royaume.[5] Les deux articles ont par la suite été retirés du site.

Des Saoudiens sur Twitter condamnent l’homosexualité, mais reconnaissent son existence dans le pays

Sur les réseaux sociaux, les informations concernant ce mariage ont déclenché un débat animé et une condamnation générale. Postant sous les hashtags #Gay Wedding in Mecca et #Gay Marriage, de nombreux utilisateurs ont exprimé leur désapprobation du fait qu’un mariage gay se soit tenu dans la région de la Mecque, où est situé le lieu le plus sacré de l’islam. Les sites d’opposition saoudiens ont également diffusé les vidéos du mariage, exprimant leur désapprobation à ce sujet et concernant les réformes sociales mises en place par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman.

L’utilisateur de Twitter Mashail a écrit : “Puisse Allah, les anges et tout le monde maudire [les homosexuels]. Et ce [mariage qui s’est tenu à] la Mecque, sur le sol le plus sacré ! Allah, accorde-nous Ta miséricorde. »[6]

La page Twitter d’opposition “Towards Freedom” a posté le message : “Une célébration d’un mariage de deux hommes gays [s’est tenue] dans un motel du gouvernorat d’Ardiyat, dans la région de La Mecque ! Voilà la ‘nouvelle Arabie saoudite’ de Mohammed Ben Salman.”[7]

D’autres posts ont reconnu le fait que l’homosexualité est répandue en Arabie saoudite. L’utilisateur de Twitter Khaled a écrit ainsi : “Oui, ils sont nombreux, en particulier dans la ville honorable de la Mecque. C’est triste, et [cela provient de] l’absence de contrôleurs, de prise de conscience et d’ostracisme social [des homosexuels].”[8]

L’utilisatrice de Twitter Noora a réagi à un tweet qui prétendait que les personnes montrées dans la vidéo n’étaient pas saoudiennes et que des pays étrangers envoyaient des gens semer la corruption dans le royaume. Rejetant cet argument, il a écrit : “Il y a de l’homosexualité dans toute l’Arabie saoudite, en particulier dans les écoles. Elle est répandue dans les villes et parmi les nomades et les expatriés. Ne jouons pas les victimes en disant ‘qu’est-ce qu’ils nous envoient de l’étranger’ ?”

L’utilisateur de Twitter Bakhrush a écrit que les convives dans la vidéo étaient saoudiens et que les événements homosexuels n’étaient pas rares en Arabie saoudite : “Ce ne sont pas des étrangers, mais des locaux. La région au sud d’Al-Qunfuda et d’Al-Quoz [dans la région de la Mecque] regorge de tels cas, et affirmer à tort que ce sont des étrangers ne fait qu’obscurcir les racines du problème. [Les homosexuels] ont tenu des fêtes hebdomadaires [ici, phénomène qui] a commencé à apparaître il y a cinq ans. Nous connaissons ces [personnes], leur nature et les lieux [qu’ils fréquentent].” Dans un autre tweet, Bakhrush a écrit que d’autres vidéos d’événements gays montraient des enfants et des personnes âgées y participant, ce qui indique que ces événements sont considérés comme naturels.[10]

Lire l’article dans son intégralité en anglais

 

 

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