Par C. Jacob *
Aux côtés de la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, des idées alternatives sont parfois proposées, comme une solution à un Etat ou un retour à l’option jordanienne, qui implique une connexion politique entre la Jordanie et une entité palestinienne, par exemple sous forme d’une confédération palestino-jordanienne. La position des dirigeants palestiniens et jordaniens sur cette option a longtemps consisté à dire qu’une confédération ne serait possible qu’après la création d’un Etat palestinien indépendant, et que toute discussion sur la question à un stade antérieur serait préjudiciable à la cause palestinienne.
Plus tard, l’option jordanienne a de nouveau fait l’objet de débats publics au sein de l’Autorité palestinienne et en Jordanie, après son évocation par l’intellectuel palestinien Sari Nusseibehdans une interview pour le quotidien en ligne palestinien Dunya Al-Watan, le 27 mars 2016. En outre, lors de rencontres récentes entre des figures palestiniennes et jordaniennes au sein de l’AP et en Jordanie, celles-ci ont exprimé leur soutien à l’option de la confédération : l’ancien Premier ministre jordanien Abd Al-Salam Al-Majali a fait référence à l’option jordanienne comme à un « idéal », tout en précisant ultérieurement qu’il n’avait fait qu’exprimer son opinion personnelle. Le député jordanien Mohammed Al-Dawaimeh a organisé la visite d’une délégation de Palestiniens de Hébron en Jordanie pour discuter d’une confédération jordano-palestinienne.
Il convient toutefois d’observer qu’à l’exception de Nusseibeh, les personnalités qui débattent de la notion d’une confédération semblent chercher la publicité ou ont souligné dans leurs déclarations qu’elles s’exprimaient à titre purement personnel.
Les réactions à ces déclarations n’ont pas tardé au sein de l’AP et en Jordanie, la plupart d’entre elles rejetant l’idée d’une confédération à ce stade. Beaucoup considèrent le renouveau d’intérêt pour cette option comme un signe de désillusion à l’encontre des dirigeants palestiniens et d’absence d’espoir de parvenir à une solution à deux Etats. Tant les Jordaniens que les Palestiniens soutiennent que toute discussion sur cette option avant la création d’un Etat palestinien ne servira qu’Israël et nuira aux droits des Palestiniens et à leur espoir de fonder un Etat. Ils soulignent qu’Israël, qui a contrecarré la solution à deux Etats, ne doit pas se voir proposer d’alternatives qui seraient moins avantageuses pour les Palestiniens. Même ceux qui ont exprimé leur soutien envers [l’idée] d’une confédération ont souligné qu’elle ne pouvait être appliquée qu’une fois qu’un Etat palestinien aura été créé et que les questions du règlement [politique] auront été résolues.
Vu que l’idée de confédération n’a réuni que de rares partisans, que même les figures qui l’ont récemment évoquée ne présentent aucun plan cohérent pour sa mise en œuvre – et ne la considèrent peut-être même pas comme une option praticable – il semble que les conditions ne sont pas actuellement réunies pour promouvoir une confédération palestino-jordanienne.
* C. Jacob est chercheur à MEMRI