Search

Primary Menu

Skip to content
  • Accueil
  • Contact
  • Dernières actualités
  • Inscription à la newsletter
  • Mentions légales
  • Newsletter
  • Newsletter
  • Qui sommes-nous ?
Newsletter Contribuer Connexion
Minorités, Pays du Levant, Politique
22 September 2016
|

Un nouveau gouvernorat pour la plaine de Ninive, et au-delà

Objets religieux chrétiens irakiens sur le point d’être détruits, dans une vidéo de l’Etat islamique.

Par Alberto M. Fernandez *

Le 9 septembre 2016, le membre du Congrès des Etats-Unis Jeff Fortenberry (Nebraska) a introduit une résolution bipartite devant la Chambre des Représentants, appelant à soutenir la création d’une province de la Plaine de Ninive en Irak. Un communiqué de presse à ce sujet fait observer que “la plaine de Ninive était autrefois une région florissante et pluraliste de l’Irak, dotée d’une riche mosaïque de diversité religieuse et ethnique. Cette résolution, qui fait suite à l’initiative du gouvernement irakien de créer une province dans la région de la plaine de Ninive, cherche à restaurer la patrie ancestrale de nombreuses communautés meurtries.”

Les frontières actuelles d’une telle région ne sont pas entièrement claires, mais on peut les définir comme constituant la totalité ou la plus grande partie des districts administratifs de Hamdaniya, Tel Kayf et Sheekhan. Cette région était, au moins jusqu’à l’invasion par l’EI entre juin et août 2014, particulièrement diversifiée, avec des populations importantes de chrétiens assyro-chaldéens, yézidis et Shabak. [1] La population chrétienne était regroupée dans certaines villes et villages très anciens, comme Alqosh, Bartella et Bakhdida, particulièrement importants pour la survie des communautés chrétiennes autochtones de langue syriaque au cours des deux derniers millénaires. La plupart de ces populations ont été dispersées à partir du mois d’août 2014 et demeurent actuellement en tant que personnes déplacées internes (IDP) au Kurdistan, ou ailleurs en tant que réfugiés.

C’est la région dans laquelle l’Etat islamique (EI) a fait exploser de grandes parties du monastère catholique syrien Mar Behnam datant du quatrième siècle, décrit par Jules Leroy en 1963 comme “unique”, en conséquence de sa redécoration datant du 12e siècle et  comme “le monument le plus représentatif de l’art chrétien en Mésopotamie à l’époque des Atabegs de Mossoul”. Les temples voisins yézidis et chiites ont été détruits au même moment.[2] De nombreuses personnes ont été assassinées ou réduites en esclavage par l’Etat islamique, parfois avec la connivence de certains voisins musulmans sunnites. Le déplacement forcé de résidents locaux, chassés de leurs foyers ancestraux en n’emportant que les vêtements qu’ils avaient sur le dos, a été presque aussi tragique. [3]

Mar Behnam avant sa destruction en mars 2015 par l’EI.

Le projet de loi du Congrès fait suite à une longue série de déclarations d’officiels irakiens sur le sujet. De manière générale, ce concept a reçu une approbation de pure forme de la part d’un grand nombre d’hommes politiques chiites et kurdes irakiens. En janvier 2014, le Conseil des ministres irakiens a ainsi donné son approbation de principe à la transformation des districts de Tuz Khurmato, Fallujah et de la plaine de Ninive en provinces. De manière ironique, ce sont les dirigeants arabes sunnites de Mossoul – représentant la même population que l’Etat islamique avait voulu embrigader – qui se sont opposés à la division du Gouvernorat de Ninive.[4] Sans surprise, à présent que la libération possible de Mossoul semble proche, certains Arabes sunnites parlent de transformer la région en zone autonome, tandis que les dirigeants kurdes irakiens ont proposé de séparer les districts yazidi (Sinjar) et la plaine de Ninive de Mossoul, en divisant le gouvernorat de Ninive en trois entités distinctes.

En tant que chrétien et humaniste, je souhaite que ce projet aboutisse et je crois qu’il devrait obtenir le soutien des personnes de bonne volonté dans le monde entier.[5] En tant qu’ancien diplomate américain, je suis beaucoup plus cynique et je crains qu’un tel concept fragile puisse être écartelé entre les ambitions contradictoires de la Bagdad chiite et du nationalisme kurde, pour ne pas parler du besoin d’apaiser une population arabe sunnite aliénée et volatile basée à Mossoul.[6]

Trois activistes américains intelligents et dévoués, ayant une connaissance approfondie de la question et du terrain humain, ont récemment exposé un plan réfléchi et nuancé cherchant à minimiser la plupart des pièges les plus dangereux.[7] Leur échelle de priorités des défis sécuritaires et de la réconciliation communautaire est particulièrement importante.

Le projet de la Plaine de Ninive jouit au moins d’un soutien réel au sein de la classe dominante irakienne et il ne peut être qualifié de projet étranger imposé à la population locale. Un défi inexprimé est celui de savoir à quel point ce projet peut être économiquement viable, alors que nous voyons la fatigue des donateurs et le manque d’assistance humanitaire dans la réponse que la communauté internationale tente de donner aux crises constantes et profondes qui affectent la région.[8] De fait, le pays tout entier est menacé par une grave crise économique exacerbée par la corruption rampante et les bas prix du pétrole.[9]

Hors d’atteinte de l’Etat islamique, le temple yazidi le plus sacré de Cheikh Adi à Lalish.

Mais au-delà de l’aide à la survie de communautés historiques opprimées, ce projet soulève des questions importantes – qui ne concernent pas tant les chrétiens du Moyen-Orient et les Yézidis ou même l’Irak, que la région dans son ensemble. Pendant des années, les idéologies qui ont motivé les régimes autoritaires au pouvoir dans la région ont été des variantes du panarabisme ou de l’islamisme. Ces deux idéologies ont été employées pour imposer la tyrannie, éliminer les différences et la diversité et éradiquer toute évolution en direction d’une société plus tolérante et plus diverse (qui existait en fait dans la région au cours de la période pré-moderne). Si le panarabisme a fait une place aux Arabes chrétiens, il a exclu les Kurdes et les autres minorités non-arabes. L’islamisme, bien entendu, a exclu ou a cherché à soumettre les chrétiens, les druzes, les alaouites et les athées et libres penseurs de tous bords.

Tant l’arabisme que l’islamisme exercent encore une puissante emprise, officiellement et dans l’imaginaire populaire. Ils se combinent parfois tous les deux.[10] L’existence de l’Etat d’Israël constitue évidemment un défi constant pour ces deux visions du monde. A différentes époques au cours des dernières décennies, les chrétiens libanais et assyriens, les Kurdes, Amazighs et Soudanais du Sud ont aussi été considérés comme des transgresseurs, au sein de cette marche incessante et brutale vers l’unité, arabe ou islamiste. Et si le panarabisme repris servilement par des régimes sclérosés semble avoir mis de l’eau dans son vin, différentes formes d’islamisme opposées sont encore l’alternative politique par défaut dans beaucoup de pays de la région.

Mais une grande partie du Moyen-Orient est aujourd’hui en chute libre, pratiquement tous les piliers de l’autorité et du pouvoir étant ébranlés, et les perspectives de démantèlement de la région se poursuivant pour les prochaines décennies. On peut se demander si le moment propice à un Moyen-Orient plus décentralisé, qui pourra reconnaître les différences locales, les droits des groupes locaux et une plus grande autonomie, s’approche enfin.

Les conséquences de l’autorité centrale totalitaire, politique, économique, culturelle ou même agricole, sont évidentes pour tous, dans le cauchemar syrien de Bashar Al-Assad.[11] Il est possible que le dernier accord Etats-Unis – Russie – Syrie – Iran puisse “sauver” la Syrie, ou que les rebelles syriens soient en mesure de surpasser en nombre et de survivre à Assad, mais le scénario le plus probable est la poursuite du statu quo. Dans ce cas, la possibilité d’une éventuelle sorte de partition informelle, de facto sous couvert de fédéralisme pourrait constituer une option. L’opposition syrienne semble être particulièrement hostile à une telle issue.[12] Et dans le même temps, Assad parle de reconquérir tout le pays.[13] En phase avec la manière dont le jeu politique régional est mené, ils veulent tous les deux la totalité du pays.

Au-delà des pays du Croissant fertile, on peut reconnaître la valeur d’accords plus décentralisés et autonomes, de l’Afrique du Nord au Soudan et au Yémen. De tels concepts sont encore une hérésie politique pour beaucoup, mais le temps de l’hérésie est peut-être venu, si seulement il existe une véritable volonté politique locale. Cela ne peut être un projet purement occidental.

Une région autonome ou un gouvernorat de minorités en Irak peuvent sembler un lieu étrange pour lancer une tendance régionale. Mais au lieu de bâtir de nouveaux empires, il est sans doute préférable pour la région de penser petit et local. Au lieu d’investir dans de nouveaux rêves de grandeur, investir dans l’humanité et la simple humilité sera peut-être payant cette fois.

Comme Robert Nicholson l’a suggéré, le temps est peut-être venu d’une nouvelle vision pour une région meurtrie, plus organique, “plus modeste” et prudente.[14] Construire des accords pour donner le pouvoir et l’autonomie à des groupes opprimés, sans porter atteinte aux droits des autres, n’est pas une idée qui a été tentée et a échoué.[15] Cela n’a presque pas été tenté du tout au Moyen-Orient, où les minorités sont exploitées et marginalisées, de même que les majorités.

* Alberto M. Fernandez est vice-président de MEMRI.

Lien vers l’article en anglais

Notes :

[1] Minorityrights.org/minorities/shabak, octobre 2014.

[2] Gatesofnineveh.wordpress.com/2015/05/12/what-weve-lost-mar-behnam-monastery, 12 mai 2015.

[3] Ibtimes.co.uk, 6 février 2015.

[4] Ishtartv.com/en/viewarticle,35343.html, 23 août 2011.

[5] Fides.org, “ASIA/IRAQ – Chaldean Patriarch: Christians used as a ‘token of exchange’ in political games on the Nineveh Plain”, 6 septembre 2016.

[6] Nationalinterest.org, 20 juillet 2016.

[7] The-american-interest.com, 9 septembre 2016.

[8] Nst.com.my/news, 29 août 2016.

[9] Al-monitor.com, 9 février 2016.

[10] Aljazeera.com, 4 février 2008.

[11] Foreignpolicy.com, 5 septembre 2016.

[12] Reuters.com, 10 mars 2016.

[13] Smh.com.au, 13 septembre 2016.

[14] Providencemag.com, 4 décembre 2015.

[15] Lawfareblog.com/why-minority-safe-haven-iraq-wont-work , 24 juillet 2016.

Post navigation

Previous PostDans un sermon de l’Aïd Al-Adha en Jordanie, le cheikh Ahmad Manai qualifie les Juifs de « frères des singes et des porcs » et implore : Ô Allah, détruis l’Amérique, la Russie et les « rabbins » de TéhéranNext PostEI : Rachid Kassim appelle les jeunes Algériens à attaquer touristes et tourisme et à produire des vidéos de décapitations

Dépêches à la une

  • Le présentateur algérien Zaki Alilat : la France est notre ennemie ; nous devons couper le cordon ombilical – Le sociologue Ahmed Rouadjia répond qu’il aime la France
  • Sermon du vendredi à la mosquée Al-Aqsa : le président français Macron n’a pas présenté ses excuses pour son affront à l’islam – hommage aux musulmans qui ont boycotté les produits français
  • L’ancien ministre des Affaires étrangères Farès Bouez : l’équipe de Biden est dominée par les Juifs – Benjamin Franklin avait mis en garde les Américains contre les Juifs qui dévoreraient leurs enfants
  • Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif réagit à la révélation par MEMRI de son usage du terme “youpin” en persan : “MEMRI est tombé encore plus bas…”
  • Dans une école islamique d’Islamabad, une enseignante décapite l’effigie du président Emmanuel Macron devant ses élèves
  • En 2012, MEMRI alertait l’opinion au sujet d’Abdelhakim Sefrioui et du Collectif du cheikh Yassine
Plus de Dépêches à la une→

Dernières publications

  • Iran : pressions pour la levée des sanctions par les Etats-Unis et la reconnaissance de son statut nucléaire
  • Le présentateur algérien Zaki Alilat : la France est notre ennemie ; nous devons couper le cordon ombilical – Le sociologue Ahmed Rouadjia répond qu’il aime la France
  • Jibrail Rajoub, du Fatah : maintenant que cet âne de Trump est parti, Netanyahu ne peut plus diriger le monde – Nous assistons à un deuxième Holocauste en Palestine.
  • Le professeur de théologie Asaad Al-Sahmarani: le projet de Maison abrahamique d’Abou Dabi est une forme de guerre douce – il ne peut y avoir de dialogue interreligieux avec les Juifs, qualifiés de singes, porcs et vipères dans les Écritures
  • L’ayatollah Mohammad Saidi dans un sermon du vendredi à Qom : si juifs et chrétiens ne se soumettent pas aux ordres divins, les musulmans devront les combattre et les forcer à payer l’impôt de la Jizya

Informations

  • Qui sommes-nous ?
  • Mentions légales
  • Contact

Rubriques

  • Regards de la semaine
  • Projets
  • Régions
  • Archives

Visitez aussi

  • MEMRI en anglais
  • Memri TV
  • The Memri Blog
  • Jihad and Terrorism Threat Monitor (JTTM)
  • Observatoire de l’antisémitisme
  • Démocratisation de la région MENA
  • Observatoire de l’Asie du Sud

Nous suivre

  • Facebook
  • Twitter
Copyright © | 2001 - 2014 | Middle East Media Research Institute