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Dans une interview sur France 24, Mgr Yousif Thomas Mirkis, l’archevêque de Kirkouk, a nié que l’Occident encourage les chrétiens irakiens à émigrer : « Le nombre de visas émis ces dernières années n’atteint même pas un pourcent [du nombre] nécessaire », a-t-il dit. Et d’ajouter que l’émigration massive a nui à l’équilibre de la société, car les élites s’en vont tandis que les pauvres sont laissés à l’arrière. Il a qualifié la solidarité avec les chrétiens d’Irak de « modeste ». L’interview a été diffusée le 1er août 2016.
Extraits :
Journaliste : Nous appelons les chrétiens à rester dans leurs pays arabes, alors que l’on entend que l’Occident encourage les chrétiens à venir, en leur facilitant l’obtention de visas. Est-ce vrai ?
Mgr Yousif Thomas Mirkis : Je pense que ce n’est pas vrai. Ce n’est pas exact. Encourage ? Plutôt au goutte-à-goutte. Les visas délivrés ces dernières années n’atteignent même pas un pourcent [du nombre] nécessaire. Ce besoin pose un problème, car l’émigration n’est en aucun cas une solution pour ceux qui sont laissés derrière. Qui restera ? Les pauvres, les malheureux et les indigents. Si une société perd son élite, elle perd son équilibre.
Journaliste : OK, vous encouragez donc les chrétiens à ne pas bouger. Prenons un exemple qui vous est très familier : Mossoul. Des préparatifs sont en cours pour attaquer Mossoul. La ville se trouve sous le contrôle de l’organisation Etat islamique (EI). Comment attendre d’un chrétien qu’il y reste, quand il sait parfaitement qu’il sera massacré ?
Mgr Yousif Thomas Mirkis : En effet, il ne reste par un seul chrétien à Mossoul aujourd’hui. Les cloches de l’église n’ont pas sonné à Mossoul depuis deux ans et demi. Les résidents chrétiens de Mossoul et des plaines de Ninive sont partis. Par conséquent, nous espérons que Mossoul redeviendra cette merveilleuse ville qui servait de refuge à tout le monde…
Journaliste : Donc, les encouragez-vous à revenir ? C’était ma question.
Mgr Yousif Thomas Mirkis : Si les circonstances sont favorables à leur retour… Mais cela prendra longtemps. Aujourd’hui, nous devons éradiquer ce cancer [l’EI] du milieu de nous, puis nous songerons au rétablissement.
Journaliste : Quel est le degré de solidarité avec les chrétiens et entre eux, face à ce phénomène ?
Mgr Yousif Thomas Mirkis : L’on pourrait parler d’une solidarité modeste. La grande majorité de notre pays est paralysée. La plus grande responsabilité de ce qui se passe incombe à cette paralysie, à l’impuissance. Chacun accuse l’autre. Je crois que nous devons susciter une prise de conscience. Il nous faut par-dessus tout créer une nouvelle culture, changer le discours politique et religieux, afin de pouvoir éduquer les nouvelles générations, car la plupart de ces extrémistes sont jeunes. […]