Le 30 mars 2016, le journal russe consacré aux affaires étrangères Russia in Global Affairs comportait un article du directeur du Centre d’analyse de stratégies et de technologies basé à Moscou, Rouslan Pukhov, intitulé “A proving Ground of the Future”. Dans cet article, Pukhov explique que le conflit avec la Géorgie eut pour conséquence la réforme radicale de l’Armée de l’air russe, et que l’acquisition de nouveaux avions était la priorité du Programme étatique d’armement de 2011 jusqu’en 2020 (SAP-2020), approuvé le 31 décembre 2010. En 2012, lorsque le ministre de la Défense Anatoli Serdioukov (2007-2012) fut remplacé par Sergueï Choïgou, la réforme de l’Armée de l’air entra dans une nouvelle phase. En 2014, durant la crise ukrainienne, la Russie commença à renforcer les capacités des unités de son Armée de l’air en formant de nouveaux régiments de combat. Avec la participation de l’aviation militaire russe dans la guerre en Syrie, l’Armée de l’air s’acquiert une vaste expérience de combat.
L’opération aérienne russe en Syrie constitue le plus grand engagement de l’Armée de l’air russe depuis la guerre soviéto-afghane (1979-1989) et demeure sans précédent dans l’histoire de l’aviation russe et soviétique quant à l’intensité de son engagement. Pukhov écrit que durant l’opération en Syrie, la Russie n’a connu aucune perte militaire ou civile, exception faite du bombardier tactique Su-24M2 battu par un avion de combat F-16 turc le 24 novembre 2015. Ceci est un succès important, surtout en comparé au conflit de 5 jours avec la Géorgie en août 2008, durant lequel l’Armée de l’air russe perdit sept avions de combat en quatre jours, et en eut quatre autres gravement endommagés. Pukhov écrit qu’en général les Forces aérospatiales russes (l’armée de l’air russe fut rebaptisée Forces aérospatiales le 1er août 2015) ont démonté un niveau très élevé au combat et en préparation opérationnelle, et ce en dépit du fait que leurs opérations de combat n’ont eu qu’un impact limité. En effet, le soutien aérien de la Russie aux troupes terrestres syriennes ne fut pas particulièrement efficace, même si cela s’explique par la lenteur de l’armée du régime syrien.
Toutefois, Pukhov estime que la Syrie est un excellent terrain d’essai pour les Forces aérospatiales russes, qui peuvent y expérimenter à grande échelle de nouvelles tactiques et armes. La campagne syrienne a fourni une expérience opérationnelle aux Forces aérospatiales russes, laquelle donnera lieu à d’autres réformes intensives et à un développement accru dans les années à venir.
L’autre avantage de l’opération pour la Russie est que le coût de l’intervention est resté relativement bas. Le 17 mars 2016, le Président russe Vladimir Poutine a annoncé que le coût officiel de l’intervention en Syrie s’élevait à 33 milliards de roubles (484 millions de dollars). Pukhov a également déclaré que les assauts terrestres et aériens des missiles de croisière contre des cibles en Syrie ne correspondaient pas une nécessité militaire, mais consistaient en une manifestation politico-militaire des capacités de l’Armée de l’air russe.
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