Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV
Dans le cadre d’une conférence tenue dans les bureaux du Parti laïc égyptien, l’auteur Sayyid Al-Qemany a émis de vives critiques à l’encontre d’Al-Azhar, qu’il qualifie de « dinosaure » et de « fossile vivant ». Al-Qimni, qui parlait dans le contexte d’une vague d’arrestations d’écrivains laïcs en Egypte, a déclaré qu’il lui restait peu de temps à vivre, et qu’il avait l’intention de consacrer le restant de sa vie « à dresser le pays contre Al-Azhar ». La conférence a été mise en ligne le 10 février 2016.
Extraits :
Sayyid Al-Qemany : Le problème avec les prédicateurs, c’est que c’est à nous qu’ils adressent leurs prêches. Au lieu de se comporter comme des moines honorables, et de porter, pour l’islam et Allah, des vêtements râpeux et d’aller en Afrique, quelque part à la rencontre les païens, en Australie, où il y a des peuples primitifs… Il y a des pays qui ont besoin de leurs conseils… Ils devraient se vêtir de vêtements râpeux et exporter leur dawa en Afrique… Peut-être seront-ils piqués par un serpent, dévorés par un lion, et ainsi deviendront-ils martyrs… Mais si vous vous asseyez tout près de nous pour nous appeler à rejoindre l’islam, alors que nous sommes musulmans depuis 1 400 ans, cela signifie que vous objectif n’est pas vraiment de prêcher. Prêcher n’est pas une affaire d’argent.
[…]
Mon cher ami Dr Tarek Heggy a dit que les Egyptiens progressistes essuyaient des revers, alors que la mouvance réactionnaire remportait clairement des points. Pour vous dire la vérité, je ne suis pas du tout d’accord avec cela. Au contraire. C’est nous qui gagnons du terrain, et eux qui encaissent des coups. Je ne serai plus là pour longtemps, mais retenez bien mes paroles : ce sont les derniers jours de la guerre entre deux époques, les jours révolus de l’ère pré-scientifique, et l’ère du futur où nous ne sommes pas encore entrés. La lutte entre ces deux ères fait rage dans ce pays, notre pays. Pourquoi ? Parce c’est le pays qui a donné naissance aux religions.
[…]
Après qu’Amr ibn Al-As eut envahi et conquis ce pays, que Khaled ibn Al-Walid eut détruit l’Irak, que Saad ibn Abi Waqqas eut pillé le Levant, le calife Omar a reçu trois missives de ces trois pays. Ces trois commandants ont écrit que les soldats avaient conquis ces pays, capturé des esclaves, confisqué des biens et amassé des fortunes, et que tout allait parfaitement bien – mais s’il vous plaît, répartissez tout ceci entre nous [ont-il demandé].
Le calife Omar a convoqué ce que j’appelle le Sommet des 17, car 17 personnes se trouvaient là. Il y avait 10 muhajirines et 7 ansars [Compagnons de Mahomet]. La conclusion fut que la terre doit rester entre les mains de ses propriétaires, car [les musulmans] ne connaissaient rien à l’agriculture. Si les combattants commençaient à cultiver, ils arrêteraient de se battre. Ils ont donc décidé de considérer cette terre comme un capital religieux, qui appartient aux conquérants arabes, à transmettre à leurs successeurs. En d’autres termes, la terre, avec tout ce qu’elle contient, appartiendrait aux conquérants arabes et à leurs enfants après leur mort. C’était leur manière de garantir un revenu pour les générations futures. Aujourd’hui, les sunnites et les chiites s’entre-tuent pour savoir l’esclave de qui ils doivent être : les esclaves des descendants de Fatima, la fille du Prophète, uniquement, ou les esclaves de toute la tribu Abou Quraych, y compris des descendants d’Abou Sufyan. Le sang versé jusqu’à ce jour est celui de ceux qui s’entre-tuent pour décider l’esclave de qui ils doivent être. Le monde entier nous regarde avec mépris, et à juste titre. Le monde a le droit de nous regarder comme des fossiles vivants.
[…]
Si la religion était quelque chose de tangible que l’on peut toucher ou voir, le problème aurait été réglé. Les gens ne seraient plus en colère les uns contre les autres. A mon avis, un laïc sait que les religions ne sont pas matérielles. Moi je le sais, mais Al-Azhar non. Notre Dieu, au lieu de se lever tôt le matin, de rassembler toutes les lampes qu’il a suspendues dans le ciel pour les ranger et, avant le crépuscule, de les ressortir à nouveau… aurait pu tout simplement utiliser ces « lampes » pour écrire les mots : « Je suis le Dieu de l’islam, fils de… Croyez en moi ! ». Le problème aurait été réglé.
[…]
Al-Azhar à mon avis – et je ne demande à personne d’être d’accord avec moi – est le dernier bastion de l’occupation arabe.
Celui qui veut sacrifier sa vie pour l’Egypte est invité à me rejoindre dans ce dernier effort pour repousser le dinosaure dans sa tanière. Il doit y rester et ne jamais en sortir. Comme le disent les enfants, si nous avons besoin de vous, nous saurons vous trouver. Ne venez pas nous trouver. Qui plus est, nous surveillerons ce qu’enseigne Al-Azhar, afin qu’il arrête de produire sans cesse des terroristes. La place du prêtre est dans son église.
[…]
Je consacrerai le peu de temps qui me reste à pousser le pays à se mesurer à Al-Azhar.
[…]
[Al-Azhar] est devenu un musée vivant de créatures du passé. Le passé et l’occupation arabe dépérissent ici, et dans ce pays, ils mènent leur dernière bataille contre le monde, contre la modernité et contre la science.
[…]
J’ai un message pour ceux qui utilisent leur religion contre nous : Regardez, mes frères… Où est la caméra ? Regardez, mes frères… Je n’ai aucun regret, et je n’ai rien à perdre. Vous n’avez d’autre choix que de me tuer. C’est la mort que je souhaite. Allez-y. Vous recevrez votre récompense et vous irez au Paradis, et je serai heureux, car je pourrai reposer en paix. Oui, il en sera ainsi. Vous n’avez d’autre choix que de me tuer, car tant que je vis – ces derniers jours qu’il me reste à vivre – vous compterez vos pertes.