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La militante pour les droits des femmes anglo-palestinienne Ahlam Akram déclare, dans une interview pour la chaîne saoudienne Al-Khalijia TV, que les femmes orientales « doivent sortir de la coquille dans laquelle la société les a placées ». Elle critique l’éminente figure des Frères musulmans Youssouf Al-Qaradawi pour avoir divorcé de sa femme en son absence, affirmant qu’ « Al-Qaradhawi et ses acolytes sont une catastrophe dans la région arabe ». Et d’ajouter que l’on ne peut attendre de la société qu’elle respecte les femmes et les minorités religieuses quand le djihad et la doctrine de « la loyauté et du désaveu » sont enseignés dans les écoles. L’interview a été diffusée le 17 janvier 2016.
Extraits :
Ahlam Akram : La jurisprudence islamique relative aux femmes a paralysé la moitié de la société, la renfermant sur elle-même, tandis qu’elle ne cesse de se battre pour la justice. La justice et la clémence sont les attributs les plus importants d’Allah. Les lois actuelles [concernant les femmes] rejettent la justice et la clémence.
Journaliste : Appelez-vous à l’abolissement de la jurisprudence relative aux femmes ?
Ahlam Akram : Il ne faut pas enseigner ce type de jurisprudence, car il ternit l’image de Mahomet, le Prophète de la miséricorde. Toutes les lois qui découlent de ce type de jurisprudence s’inspirent de certains hadiths. Puis-je, en tant qu’être humain né musulman, accepter ces répugnants hadiths ? Il n’en est pas question ! Ils ne s’accordent pas avec la personnalité du Prophète Mahomet lui-même. Par conséquent, la jurisprudence relative aux femmes, ainsi que la doctrine de la « loyauté et du désaveu », qui a érigé un mur entre nous et le reste du monde…
Journaliste : Vous parlez des hadiths inventés pour contrôler…
Ahlam Akram : Evidemment. Ces hadiths ont été inventés pour prendre le contrôle de la société, et tout particulièrement des femmes. La doctrine de la « loyauté et du désaveu », la doctrine du djihad, utilisée par l’Etat islamique pour attirer la jeunesse, la doctrine des dhimmis, qui refuse à nos concitoyens leurs droits élémentaires, de citoyens et d’êtres humains… Nous ne pouvons continuer à enseigner ces choses-là à l’école, puis attendre de la société qu’elle respecte les femmes ou les membres d’autres religions.
[…]
Le message que je voudrais transmettre aux femmes orientales est qu’elles doivent briser la coquille dans laquelle la société les a placées, une situation exploitée par les jurisprudences religieuses. Je voudrais inciter les femmes à se sentir comme des êtres humains exactement au même titre que les hommes. J’aimerais aussi envoyer un message aux législateurs arabes, qui, sous couvert d’ « honneur », justifient les tueurs et collaborent avec eux, en autorisant des sentences atténuées pour les tueurs de femmes.
Journaliste : Dans un récent article, vous avez critiqué Youssouf Al-Qaradhawi pour avoir divorcé de sa femme, Asmaa bin Qada, en son absence.
Ahlam Akram : Youssouf Al-Qaradhawi et ses acolytes sont une catastrophe pour la région arabe, je regrette de le dire. Ils renforcent le contrôle tyrannique des hommes [sur les femmes] et paralysent l’esprit arabe. Je ne sais pas quoi ajouter… Ces quarante dernières années, nous avons assisté à la montée de l’islam politique, et de l’utilisation des chaînes télévisées de la pire manière… Ces quarante dernières années nous ont apporté un changement culturel, qui a radicalisé notre société, l’a rendue plus violente, et a intensifié le rejet d’autrui. [La faute en revient] à Youssouf Al-Qaradhawi et à ses acolytes.