Ces derniers jours, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev et les médias russes ont averti que, si la Turquie et/ou les pays arabes envoyaient des troupes terrestres en Syrie, le conflit pourrait dégénérer en une guerre régionale ou même en une nouvelle guerre mondiale.
Dans un entretien paru le 11 février 2016 dans le journal allemand Handelsblatt, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a averti que si les pays arabes envoyaient des forces terrestres en Syrie, cela pourrait déclencher une nouvelle guerre mondiale. [1] Selon un article en anglais sur l’interview publié le lendemain, Medvedev aurait dit que « toutes les opérations au sol, en règle générale, mènent à des guerres permanentes […] Les Américains doivent se demander (…) si oui ou non ils veulent une guerre permanente… Nous devons faire asseoir tout le monde à la table des négociations… au lieu de déclencher une autre guerre mondiale. » [2]
L’agence de presse russe RBC a indiqué que, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, le 13 février 2016, Medvedev a déclaré que le monde glissait vers une nouvelle guerre froide, alors que ce dont il avait réellement besoin, c’est de coopération et non d’une confrontation et « d’une « troisième agitation mondiale ». [3]
Dans le quotidien russe Komsomolskaya Pravda, l’expert militaire Mikhail Timochenko est cité, affirmant que si la Turquie et l’Arabie saoudite envahissaient la Syrie, « ce ne serait pas une situation facile pour le groupe d’aviation russe ». Il a expliqué : « C’est une chose de bombarder des groupes terroristes, [mais] Moscou pourrait difficilement viser les troupes américaines ou britanniques, ou les armées turques ou saoudiennes. Cela se traduirait effectivement par une Troisième Guerre mondiale. » Timochenko a exprimé l’espoir que « les États-Unis empêchent la Turquie de procéder à une invasion, le président [américain] Obama ne désirant guère que l’on se souvienne de lui comme du dirigeant qui a déclenché la Troisième Guerre mondiale. » [4]
Dans un article du journal en ligne russe Gazeta.ru, le journaliste Igor Kryuchkov cite Dmitry Danilov, chef du Département de la sécurité européenne à l’Institut européen de l’Académie des sciences russe en ces termes : « Si, sous la pression des troupes gouvernementales [syriennes], les rebelles syriens se déplacent de la région d’Alep vers la frontière turque, la Turquie devra prendre des décisions rapides. Tout d’abord, que faire à propos des rebelles ? Les soutenir avec des forces militaires [turques] ? [Deuxièmement,] si une invasion [est envisagée, devrait-elle être] menée avec l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes ?… » Kryuchkov conclut que « la Turquie doit trouver très bientôt les réponses à ces questions. La situation dans la région d’Alep pourrait pousser la Turquie à une action nerveuse susceptible de transformer la crise syrienne en guerre régionale ». [5]
Lien vers l’article en anglais
Notes :
[1] Handelsblatt.com, 11 février 2016.
[2] Global.handelsblatt.com, 12 février 2016. Il convient de mentionner que, selon une transcription russe de l’interview publiée sur le site officiel du gouvernement russe, Medvedev n’a pas parlé d’une « autre guerre mondiale », mais a seulement averti du déclenchement d’une « autre guerre dans le monde ». Government.ru, 11 février 2016.
[3] Rbc.ru, 13 février 2016.
[4] Kp.ru/daily, 12 février 2016.
[5] Gazeta.ru, 9 février 2016.