Le 11 mai 2015, l’école médicale de Qom, en Iran, a accueilli un débat sur les négociations nucléaires, la suppression des droits civiques en Iran, les perceptions concernant les États-Unis et la question de l’éradication d’Israël. Ce débat opposait Mojtaba Zolnoor, conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei au sein du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et le Pr Sadegh Zibakalam de l’université de Téhéran, affilié au mouvement de la réforme et partisan du camp pragmatique dirigé par le chef du « Conseil de discernement », Hachemi Rafsandjani. La lutte de pouvoir entre les camps pragmatique et idéologique en Iran est apparue clairement dans ce débat.
Au cours du débat, Zibakalam a dit que le camp idéologique se servait de la question du « programme nucléaire » et de l’hostilité envers les États-Unis pour contrôler le pays, après s’être approprié la Révolution islamique au détriment des pragmatiques et des réformateurs. Il a estimé que le camp idéologique réprimait la société civile et les droits individuels que le peuple iranien avait cherché à obtenir par le biais de la Révolution.
S’adressant au Guide suprême Khamenei et au CGRI, Zibakalam a déclaré que les objections de l’Occident au programme nucléaire iranien ne signifiaient pas que l’Occident était hostile aux progrès de l’Iran, mais qu’il craignait que ce programme ne permette à l’Iran de se doter de la bombe nucléaire – en particulier au vu des appels lancés par Khamenei et par le CGRI à éradiquer Israël.
Zolnoor a affirmé en réaction que le programme nucléaire était essentiel pour préserver l’indépendance du régime islamique iranien vis-à-vis de l’Occident, qui cherche selon lui à remplacer le régime. Il a également souligné que le Coran autorisait l’Iran à éliminer Israël.
Zikabalam a appelé à s’interroger sur la nécessité de la poursuite du programme nucléaire en Iran en raison de son coût politique – l’aggravation des tensions avec les voisins arabes sunnites de l’Iran – et de son coût économique direct et indirect, comprenant notamment les sanctions et le préjudice causé à l’industrie pétrolière.
Il a également indiqué que les réformateurs iraniens étaient marginalisés par le régime dans tous les secteurs, tant dans la vie politique que dans les médias, et il a souligné que la détermination de Rafsandjani et du président Hassan Rohani à parvenir à un accord avec l’Occident, en dépit des critiques du camp idéologique concernant leur politique nucléaire, avait permis la tenue du premier débat public sur la question de savoir si le programme nucléaire iranien bénéficiait réellement au pays.