Ces derniers mois, le dirigeant du courant pragmatique iranien, le chef du Conseil de discernement, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, a franchi une étape majeure dans sa lutte contre le courant idéologique, dirigé par le Guide suprême Ali Khamenei. Après sa défaite de mars 2015 à l’élection intérimaire, alors qu’il était candidat au poste de président de l’Assemblée des experts – poste qu’il avait occupé jusqu’en mars 2011, avant d’être destitué par Khamenei – Rafsandjani a entrepris de faire figure de leader du pays. Il a sévèrement critiqué la rigidité idéologique de l’establishment qui, à l’en croire, pourrait mener à son effondrement.
En avril 2015, Rafsandjani a déclaré que la veuve du fondateur du régime, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, avait affirmé, avant l’élection présidentielle de 2005, qu’en décédant son époux « transmettait la révolution islamique » à Rafsandjani. En outre, selon Rafsandjani, Khomeini lui avait dit deux mois après avoir consenti à la fin à la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, en acceptant la résolution 598 du Conseil de sécurité de l’ONU – une initiative proposée par Rafsandjani et que Khomeini avait alors comparée à la nécessité de boire « le calice empoisonné » – que le calice était devenu doux à son goût. Rafsandjani a également qualifié le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) de « fanatiques imbéciles », qui auraient dans le passé harcelé Khomeini.
Les déclarations de Rafsandjani ont suscité de vives réactions de la part des responsables du camp idéologique iranien, dont le commandant du CGRI, Mohammad Ali Jafari, et le rédacteur en chef de Kayhan, Hossein Shariatmadari, qui a traité Rafsandjani de menteur. Ils ont affirmé que, par son soutien au rapprochement avec l’Occident, il avait dévié de la doctrine de Khomeini, qu’il n’était plus autorisé à citer.
En réaction, le bureau de Rafsandjani a publié un discours prononcé par Khamenei au début de son mandat de Guide suprême, dans lequel il affirmait que les déclarations de Rafsandjani sur Khomeini étaient indiscutables, parce que Rafsandjani avait été la figure la plus proche de lui.
En prévision de l’élection nationale de 2016 de l’Assemblée des experts, il a été annoncé que celle-ci inclurait désormais 13 nouveaux membres – ce qui s’apparente à une tentative du camp idéologique de garantir une majorité de partisans de Khamenei. Par ailleurs, une autre « offensive » du camp idéologique contre Rafsandjani a été la récente condamnation de son fils, Mehdi Hachemi, à 15 ans de prison pour corruption économique et infractions à la sécurité.
Le rapport intégral en anglais revient sur la défaite de Rafsandjani à l’élection interne de l’Assemblée des experts et sur ses tentatives pour revendiquer le leadership iranien.