Le 11 mars 2015, le Conseil suprême islamique du Canada, basé à Calgary, dirigé par l’imam Syed Soharwardy, a publié une « fatwa historique » contre l’adhésion à l’Etat islamique (EI).
Selon cette fatwa, l’EI est un groupe « khawarij » [doctrine dissidente sunnite. Par extension, désigne tout mouvement musulman contestataire N.d.T.], et quiconque le rejoint ou encourage d’autres à le faire, de quelque façon que ce soit, commet un péché grave qui l’exclut du giron de l’islam.
La fatwa, signée par plusieurs dizaines d’imams dans tout le Canada, explique que l’EI est en réalité un groupe d’« étrangers », « créé avec le financement des pays occidentaux pour renverser le régime syrien » et qu’il a été « implanté dans les pays musulmans pour servir les intérêts anti-islamiques, en trompant les musulmans au nom de l’islam ». Elle ajoute que « l’EI et d’autres terroristes utilisent la politique des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux au Moyen-Orient comme prétexte pour contrôler les opinions des musulmans, en vue de les utiliser dans leur propre intérêt politique et personnel.»
Les auteurs de la fatwa précisent qu’ils condamnent fermement la politique de ces pays occidentaux, y compris du Canada, qui sont « totalement injustes, fondées sur l’islamophobie, les préjugés et l’intolérance envers les musulmans ».
En outre, ils « condamnent le rôle très destructeur et haineux des médias, qui développent intentionnellement l’intolérance envers l’islam et les musulmans ». Pourtant, disent-ils, les musulmans ne doivent pas s’opposer aux actes anti-islamiques en choisissant la voie de l’EI, d’Al-Qaïda, des talibans, de Boko Haram, et d’autres organisations du même acabit. En effet, même dans la lutte contre l’agression anti-islamique, il leur est totalement interdit de commettre la plupart des actes perpétrés par l’EI, comme décapiter des ennemis, musulmans ou non-musulmans, les expulser de leurs maisons, assassiner des musulmans, y compris des érudits religieux qui sont en désaccord avec eux, et détruire des mosquées et des tombes.
La fatwa souligne également que seuls les gouvernements sont habilités à déclarer la guerre, et que l’État islamique n’a pas le statut d’Etat ou de gouvernement.
Abordant la question de la sécurité du Canada, les auteurs soulignent que les musulmans canadiens ont le devoir religieux de protéger ce pays contre toute personne souhaitant lui nuire. Ils notent que le Canada est le foyer de plus d’un million de musulmans, qui jouissent d’une liberté de culte totale, avec plus de 1 000 mosquées et plus de 700 écoles islamiques à travers le pays. Par conséquent, toute attaque contre le Canada est une attaque contre la liberté des musulmans canadiens. La fatwa affirme ainsi que « toute personne qui incite les autres à nuire au Canada et aux Canadiens doit être immédiatement signalée à la police ».