Par : E. B. Picali –
La mort de six agents du Hezbollah, le 18 janvier 2015, dans un raid aérien sur le Golan syrien – dont deux hauts responsables de l’organisation, Muhammad Ahmad Issa, « Abu Issa », et Jihad Mughnieh, fils d’Imad Moughnieh, chef des opérations du Hezbollah éliminé en 2008 – a replacé sous les projecteurs la question de la présence militaire du Hezbollah dans le Golan syrien, sa nature et ses objectifs. Ont également été tués dans le raid aérien des agents de la Force Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran (CGRI), dont le général Mohammed Ali Allahdadi.
Les forces du Hezbollah et du CGRI aident le régime syrien dans sa lutte contre les rebelles depuis les débuts de l’insurrection syrienne. D’abord secrète, cette aide s’est peu à peu faite au grand jour, malgré les critiques et objections de divers acteurs au Liban.
Le Hezbollah et son parrain iranien considèrent que leur présence en Syrie est cruciale, non seulement pour aider le régime syrien, mais aussi pour défendre l' »axe de la résistance » dans son ensemble. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a souligné à plusieurs reprises que la guerre contre Bachar Al-Assad n’était aucunement le fait d’un soulèvement populaire, mais une guerre déclarée par les islamistes, l’Occident et Israël contre l’axe de résistance.
Dans un discours du 25 mai 2013, il a déclaré : «… La Syrie n’est plus le lieu d’une rébellion populaire contre un régime politique, mais le lieu où l’on cherche à imposer un plan politique dirigé par les États-Unis, l’Occident et leurs laquais régionaux… La Syrie est l’épine dorsale et la base de la résistance, et la résistance ne peut rester mains liées quand son squelette est exposé et sa basée brisée ».
Il ajoute : « Toute frappe sur le sol syrien est une frappe contre l’axe de la résistance dans son ensemble… et l’axe de la résistance dans son ensemble est en droit de riposter, pas uniquement la Syrie. »
Des rapports dans les médias arabes – en particulier les médias affiliés aux adversaires du Hezbollah et à l’axe de la résistance – fournissent de nombreux détails sur la présence du Hezbollah en Syrie, notamment sur ses actions militaires dans le Golan syrien.
Pour exemple, selon certains rapports, le Hezbollah aurait envoyé son agent druze libanais Samir Al-Quntar dans des villages druzes de la région du mont Hermon en Syrie pour former une milice pro-Assad.
Un ancien ministre libanais pro-syrien, le druze Wiam Wahhab, a déclaré que les six agents du Hezbollah tués à Quneitra avaient « aidé les Druzes en Syrie, formé des gens à l’autodéfense et les avaient armés. Ils ont fait beaucoup pour défendre les Druzes, avec les frères du CGRI. »
Certains rapports révèlent que l’activité du Hezbollah dans le Golan n’était pas seulement destinée à aider Assad contre les rebelles, mais également à consolider la présence de l’organisation, qui préparait l’ouverture d’un nouveau front contre Israël. Ainsi, des membres de l’opposition syrienne ont déclaré en octobre 2014 que Jihad Mughnieh avait été nommé commandant des opérations du Hezbollah contre Israël dans le Golan.
Cependant, malgré les menaces de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah au sujet de l’ouverture d’un front dans le Golan, Nasrallah a récemment tenté de minimiser l’importance de la présence du Hezbollah.
Dans une interview pour la chaîne Al-Mayadeen, le 15 janvier 2015, il a affirmé que le Hezbollah n’avait aucune présence militaire dans le Golan, et se contentait d’assister la résistance syrienne : « Les événements dans le Golan sont le fait de la résistance syrienne. Aucune force militaire du Hezbollah ne mène d’opérations de résistance là-bas… Certes, nous aidons, assistons ou formons certains groupes de résistance [syriens], ou répondons à certains de leurs besoins ».
Pourtant, des médias libanais proches du Hezbollah, ainsi que des éléments de l’opposition syrienne, ont révélé un certain nombre d’informations indiquant le contraire. Ces rapports détaillent les activités et préparatifs du Hezbollah dans le Golan et la mise en place d’une force qui opérerait contre Israël depuis cette région et celle du mont Hermon syrien. La présence d’officiers du CGRI a été signalée dans des bases à la frontière israélienne. Ces rapports mettent en lumière la portée de l’implication de l’Iran, du CGRI et des organisations qu’ils parrainent – comme le Hezbollah – en Syrie, et en particulier dans le Golan.